Eurostat - Le nombre de primo-demandeurs d'asile en Europe a chuté de moitié en 2017
Alors que le projet de loi "pour une immigration maîtrisée et un droit d'asile effectif" doit être examiné en première lecture à l'Assemblée nationale à la mi-avril (voir notre article ci-dessous du 26 février 2018) et que le Journal officiel a publié la loi du 20 mars 2018 permettant une bonne application du régime d'asile européen (voir notre article ci-dessous du 16 février 2018), les chiffres dévoilés par Eurostat sur la demande d'asile en Europe ne manqueront pas d'être commentés. Portant sur l'année 2017, ils montrent en effet un très fort recul du nombre de primo-demandeurs d'asile enregistrés dans les pays de l'UE.
650.000 primo-demandeurs au lieu de 1,2 million
L'an dernier, 650.000 primo-demandeurs d'asile ont ainsi introduit une demande de protection internationale dans les Etats membres de l'Union européenne (UE), soit presque deux fois moins qu'en 2016 (1.206.500 primo-demandeurs). Le chiffre enregistré en 2017 ramène la demande d'asile à un niveau proche de celui de 2014 (563.545 demandeurs), donc avant la crise migratoire de 2015 (1.257.610 demandeurs cette année là). Eurostat rappelle au passage que les 649.855 primo-demandeurs d'asile de 2017 représentent 0,12% de la population de l'UE.
En dépit du recul spectaculaire enregistré en 2017, il restait néanmoins 927.000 demandes d'asile en instance à la fin de l'année, soit un chiffre légèrement inférieur à celui de la fin de 2016 (1.094.100 demandes en instance). En outre, cette tendance d'ensemble recouvre des évolutions très divergentes. Ainsi, les pays qui avaient connu les plus fortes progressions du nombre de demandeurs d'asile connaissent en 2017 une forte décélération. C'est notamment le cas de l'Allemagne - passée en un an de 722.000 à 198.000 primo-demandeurs (-73%) -, de l'Autriche (-44%), de la Suisse (-36%), du Royaume Uni (-15%), de la Hongrie (-89%) ou de la Bulgarie (-82%). L'essentiel de la baisse constatée dans l'UE provient donc de l'Allemagne.
Des évolutions très contrastées selon les pays
A l'inverse, d'autres pays connaissent une hausse du nombre des primo-demandeurs d'asile. C'est notamment le cas de la France, avec 91.000 demandes et une progression de 19% (voir notre article ci-dessous du 8 janvier 2018), mais aussi de l'Espagne (+96%), du Portugal (+46%) ou de la Grèce (+14%).
Deux pays, l'Allemagne (198.000 primo-demandeurs) et l'Italie (126.650), représentent néanmoins à eux seuls la moitié des nouvelles demandes enregistrées l'an dernier. Comme en 2016, la France figure au troisième rang en valeur absolue. En termes de primo-demandeurs par million d'habitants, elle occupe toutefois le onzième rang européen, derrière la Grèce, Chypre, le Luxembourg, l'Islande, Malte, l'Autriche, l'Allemagne, l'Italie, la Suisse et la Suède.
En termes de pays d'origine, les zones de conflit continuent de prédominer, avec la Syrie (16% du total), l'Irak (7%) et l'Afghanistan (7%°). Viennent ensuite le Nigéria, le Pakistan, l'Erythrée, l'Albanie, le Bangladesh, la Guinée et l'Iran.
Une infographie interactive proposée par Eurostat met en évidence les trois principaux pays d'origine des primo-demandeurs d'asile dans chaque Etat de l'UE, mais aussi la répartition des primo-demandeurs entre les pays de l'UE. Il apparaît ainsi que 99% de primo-demandeurs d'asile haïtiens en Europe choisissent la France. C'est aussi le cas de 31% des primo-demandeurs arméniens, de 56% des Congolais ou de 32% des Algériens. Une situation qui s'explique par les liens linguistiques, historiques et culturels. En revanche, il est plus surprenant de constater que 52% des primo-demandeurs albanais choisissent la France, de même que 56% des Angolais.