Emploi des jeunes - Le Conseil économique et social se penche à nouveau sur l'emploi des jeunes des quartiers populaires
Le 7 juillet, le Conseil économique et social (CES) a rendu public un avis relatif à l'emploi des jeunes des quartiers populaires. Les jeunes des zones urbaines sensibles (ZUS) sont confrontés plus que les autres à d'importantes difficultés d'accès à l'emploi : le taux de chômage s'élève à 19,5% alors qu'il est de moins de 10% au niveau national et le taux de chômage des jeunes actifs est de 38,1% contre 22,2% en moyenne nationale et le taux d'activité dans les ZUS est globalement plus bas que celui des autres territoires nationaux : 66% contre 73,5% en 2005.
Pour une exonération des charges patronales attachées aux lieux de résidence
Une situation jugée "inacceptable" par le CES, qui considère que les mesures censées améliorer la situation, telles que le nouveau plan Espoir Banlieues, ne sont pas à la hauteur. "Malgré une annonce ambitieuse, il ne paraît pas porter de changements en profondeur", souligne l'avis du CES qui propose six mesures pour améliorer l'emploi des 18-25 ans dans les ZUS. Première proposition : préparer et accompagner les jeunes vers l'emploi. Il s'agit de lutter contre l'échec scolaire, de préparer les jeunes à l'insertion professionnelle, de faire de l'orientation un enjeu majeur en créant un service public de l'orientation, et de mieux assurer la transition des jeunes vers le marché de l'emploi, en leur offrant un véritable appui individualisé et durable. Autre piste envisagée : transformer les modalités de recrutement. Le CES propose "d'élargir l'accès aux emplois publics pour les étrangers". "Il existe plus de 5 millions d'emplois publics non accessibles aux étrangers non communautaires", explique ainsi le rapport, "cette législation n'est plus pertinente". Troisième proposition du CES : améliorer l'environnement global de l'emploi, via le développement de l'activité économique et la revitalisation des quartiers. Le CES reprend une proposition faite dans un avis précédent de janvier 2008 en proposant "un système de zone franche urbaine inversée". Cela consisterait à attacher le bénéfice de l'exonération des cotisations sociales patronales non pas au lieu d'implantation de l'entreprise mais au lieu de résidence des salariés recrutés. Une "réelle innovation" qui nécessite, d'après le CES, une expérimentation préalable et une évaluation pour vérifier l'absence d'effets pervers du système, et notamment les risques de discrimination.
Pour renforcer le rôle des missions locales
Il faut clarifier les responsabilités institutionnelles et la gouvernance de l'emploi des jeunes car il y a trop d'acteurs dans ce domaine et cela a des conséquences en termes d'efficacité et de coûts, de lisibilité et de connaissance pour les publics concernés. La coordination devrait être assurée au niveau national par un responsable politique de l'emploi des jeunes des quartiers. Il serait soit un délégué interministériel ad hoc permettant d'assurer la jonction entre la politique de la ville et celle de l'emploi des jeunes, soit un délégué interministériel à la jeunesse (sans distinction parmi les catégories de jeunes), soit un responsable à la tête d'un service dédié au sein du ministère chargé de l'emploi.
Au-delà d'une coordination nationale, le CES préconise de faire évoluer les missions locales afin de renforcer leur rôle d'acteur privilégié pour l'emploi de tous les jeunes. En janvier, le CES estimait qu'il fallait "labelliser et conventionner des maisons de l'emploi prioritairement dans les ZUS en associant l'ensemble des partenaires (service public de l'emploi, élus, organisations socioprofessionnelles, associations...)". En juin, le CES confirme et signe. "Notre assemblée considère que les missions locales, de par leur expérience et leur proximité, sont des acteurs de tout premier ordre dans la politique d'emploi des jeunes des quartiers". Le CES propose de rendre l'action des missions locales plus lisible par un changement de leur dénomination qui viserait l'ensemble des jeunes. Il faut identifier plus clairement les missions locales comme participant à part entière au service public de l'emploi et transformer le Conseil national des missions locales (CNML) en Conseil national de l'emploi des jeunes et le placer auprès de l'interlocuteur national. Cela participerait à un positionnement fort des missions locales au sein du service public de l'emploi et une cohérence avec les attentes du CNML. Le CES préconise enfin de renforcer la lutte contre les discriminations et d'évaluer et de mesurer l'avancée de la politique de diversité.
Emilie Zapalski et C.V.