Généralisation de la TNT - L'Avicca s'inquiète pour "l'écran noir" et les finances des collectivités
Le 2 juin, l'Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l'audiovisuel (Avicca) a écrit au Premier ministre pour faire part de son inquiétude "à quelques mois de la coupure du signal [analogique] dans des régions entières". L'association constate que les cartes de couverture de la télévision numérique terrestre (TNT) ne sont toujours pas publiées, contrairement à ce qui avait été demandé au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Selon l'Avicca, ceci ne permet pas d'anticiper la recherche d'autres solutions pour les zones non couvertes, sauf le recours au satellite qui semble être envisagé par le gouvernement, mais sans beaucoup de précisions. Une inquiétude d'autant plus prégnante qu'une incertitude commence à pointer sur la date de l'extinction définitive du signal analogique (voir notre article ci-contre du 14 avril 2009).
Si elle ne remet pas en cause l'intérêt du passage au tout numérique, l'Avicca s'interroge essentiellement sur deux points. Le premier concerne les "centaines de milliers de nos concitoyens [qui] risquent 'l'écran noir' du jour au lendemain". Non sans raison, l'association fait remarquer "qu'il n'y a même pas d'estimation fiable de ce nombre". Elle juge également insuffisantes les aides individuelles pour passer à une réception satellitaire dans les zones non couvertes par la TNT, qui devraient concerner environ 5% de la population. Selon l'Avicca, "il s'agit en quelque sorte d'une double peine, frappant des foyers modestes dans des territoires ruraux qui ne bénéficient souvent pas de réseaux filaires alternatifs".
La seconde inquiétude concerne la sollicitation inattendue des collectivités territoriales, sous la forme d'un amendement introduit dans la loi du 5 mars 2009 relative à la communication audiovisuelle et au nouveau service public de la télévision (voir notre article ci-contre du 13 janvier 2009). Alors que le schéma de couverture ne prévoyait pas de faire intervenir les collectivités pour couvrir les "zones blanches", cet amendement a introduit une telle disposition, même si c'est officiellement sous la forme d'une simple "possibilité". L'Avicca admet que "les collectivités payent un lourd tribut financier pour permettre le haut débit pour tous", puisqu'il s'agit d'un progrès incontestable. Mais elle comprend mal que les collectivités - dont une grande majorité de territoires ruraux à faibles ressources - soient à nouveau sollicitées "pour pallier la suppression d'un service qui bénéficie gratuitement à tous les Français aujourd'hui".
Jean-Noël Escudié / PCA