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Tourisme / Fiscalité - Laurent Fabius annonce des hausses "raisonnables" de la taxe de séjour

Le ministre des Affaires étrangères, également en charge du Tourisme, Laurent Fabius, a annoncé ce vendredi 31 octobre les nouveaux barèmes de la taxe de séjour qui toucheront en France les hôtels, mais aussi les échanges d'appartement, comme le souhaitaient les professionnels du secteur. Un amendement au projet de loi de finances devait être déposé le jour même, a-t-il expliqué lors d'un déplacement au Mont-Saint-Michel. Selon une source gouvernementale, cet amendement devrait être examiné à l'Assemblée nationale "dès la semaine prochaine".
Laurent Fabius a qualifié ces hausses de "raisonnables", dans la mesure où elles sont moins fortes que ce qui avait pu être envisagé et "modernes" car elles toucheront des hébergements non traditionnels et accessibles via internet, comme la location chez les particuliers et donc les plateformes de type Airbnb.
Les hôtels non classés et "établissements de caractéristiques équivalentes" seront taxés à hauteur de 0,75 euro contre 0,40 euro par jour. Les établissements comportant une seule étoile resteront taxés à 0,75 euro par personne et par nuit. La taxe est aussi inchangée pour les 2 étoiles à 0,90 euro. Mais elle passe de 1 à 1,5 euro pour les 3 étoiles, et de 1,5 à 2,25 euros pour les 4 étoiles, et double pour les 5 étoiles passant de 1,5 à 3 euros. Enfin, une taxe spécifique aux palaces (jusqu'ici classés dans les 5 étoiles et +) est créée à 4 euros par personne et par nuit.
Pour Xavier Alberti, directeur général de Châteaux & Hôtels collection, "ces hausses sont globalement moindres" que celles redoutées par les professionnels "mais cela reste une mauvaise nouvelle car ce n'est pas le premier euro supplémentaire qui vient alourdir les charges d'exploitation des hôteliers, notamment les indépendants", a-t-il déploré.
De son côté, Nicolas Ferrary, directeur France d'Airbnb, a estimé que le fait de demander à la personne hébergée dans une location d'appartement de payer cette taxe - "qui existe déjà" - directement au site "permet de simplifier la collecte". Selon lui, cela permet également de "répondre aux inquiétudes des hôteliers, dans un souci d'équité fiscale". "Les entreprises de réservation en ligne d'hébergement touristique non traditionnel se feraient le représentant fiscal des hébergeurs et collecteraient la taxe de séjour pour leur compte", explique le gouvernement. Les montants collectés "seraient ensuite reversés directement aux communes. Pour les hébergeurs ayant mis à la location des biens classés, les montants prélevés par les plateformes viendraient s'imputer aux montants totaux dus à la commune ; à charge pour eux de payer la différence en fin de période", précise la source gouvernementale.
Au début du mois d'octobre, un rapport d'étape proposait des hausses plus importantes, avec un doublement des taxes à partir de la troisième étoile. "On ne peut pas attirer les touristes, si on augmente les taxes trop fortement", a déclaré Laurent Fabius.
Le relèvement de la taxe de séjour avait donné lieu à moults débats l'été dernier lors de la discussion de la loi de finances rectificative pour 2014, jusqu'à ce que le gouvernement décide finalement de tout annuler, annonçant alors qu'il allait renvoyer la réforme de la taxe de séjour au projet de loi de finances pour 2015. Mais celle-ci ne figurait pas dans le texte initial de ce PLF. En début de semaine toutefois, le ministre des Finances, Michel Sapin (voir notre article du 28 octobre), en évoquant la façon dont le PLF pourrait être retouché pour satisfaire Bruxelles, avait mentionné la taxe de séjour. Voilà donc qui est chose faite ou presque. 

Tourisme : priorité à l'accueil
Laurent Fabius a par ailleurs insisté vendredi sur l'importance de l'accueil des touristes étrangers. "Il faut bien que l'on comprenne que le tourisme c'est une pépite pour la France", en termes de recettes et d'emplois non délocalisables, a déclaré le ministre au pied du Mont-Saint-Michel.
Soulignant que la possibilité pour les touristes chinois d'obtenir un visa en 48 heures avait fait augmenter cette année leur nombre de 56%, Laurent Fabius a annoncé qu'une mesure identique sera prise, à compter du 1er janvier 2015, pour les touristes d'Inde, d'Afrique du Sud et des pays du Golfe.
Il a regretté que la France ne soit la championne du monde que du nombre de visiteurs étrangers (84 millions) mais pas en termes de recettes car il s'agit de courts séjours, et a estimé qu'il fallait pouvoir diriger ces touristes vers des sites en dehors de Paris, par exemple en Normandie. "Il faut qu'ils restent plus longtemps", a-t-il affirmé en rappelant qu'un touriste chinois dépense en moyenne 1.600 euros lors d'un séjour en France. Mais pour cela, a-t-il ajouté, "il faut être chaleureux dans notre accueil", indiquant qu'à compter du 1er janvier 2015, comme cela se fait déjà dans d'autres pays, les touristes chinois auront un mot d'accueil dans leur langue sur leurs téléphones portables, dès qu'ils arriveront en France.