Archives

Sport - L'Assemblée du sport, tout juste née et déjà très pressée

Le "parlement du sport" voulu par la ministre des Sports, Chantal Jouanno, a été installé ce mardi à Paris. Parmi ses 180 membres, les représentants des collectivités territoriales se félicitent d'avoir pour la première fois un poids conséquent. Valérie Fourneyron, député-maire de Rouen, présidera l'un des six groupes de travail dont les premières conclusions sont attendues pour juin.

"Réunir tous ceux qui ont des propositions à faire dans le domaine du sport et inventer une nouvelle vision", voilà les mots d'ordre lancés mardi 29 mars par Chantal Jouanno lors de l'installation de l'Assemblée du sport, à l'Institut océanographique de Paris. Cette nouvelle instance, annoncée par la ministre des Sports en janvier 2011, se veut une sorte de parlement du sport réunissant des acteurs venus de cinq univers différents (Etat, élus, mouvement sportif, monde économique et société civile) pour réfléchir et faire des propositions autour de six thèmes : sport pour tous, sport sain et éthique, sport de haut niveau, emploi et formation, économie du sport, gouvernance du sport.
Sur la méthode, Chantal Jouanno a donc opté pour une "forme de démocratie participative, car on ne peut avancer que dans la coconstruction". Pour elle, "la parité des cinq collèges [représentés par 36 membres chacun, NDLR] a la vertu d'obliger à des consensus". Si elle a rappelé que l'Etat restait très présent dans le sport, ce qui constitue une spécificité française, la ministre a souligné que les collectivités locales ont actuellement peu de voix dans la définition des priorités alors qu'elles sont les premiers financeurs publics du sport. "Nous ne sommes pas encore assez matures en matière de décentralisation", a-t-elle ajouté.

"Nous avons beaucoup insisté pour que les collectivités soient présentes"

Plusieurs intervenants sont revenus sur l'importance des collectivités territoriales dans le domaine sportif. Denis Masseglia, président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), a mis en avant la nécessité de faire évoluer le modèle sportif français datant des années 1960, une époque où "l'implication des collectivités n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui". Pour Valérie Fourneyron, député-maire de Rouen et présidente de la commission sport de l'Association des maires de grandes villes de France (AMGVF), "chaque ministre répète à l'envi que les collectivités sont les premiers financeurs des politiques sportives publiques alors que nous avons très peu de place dans les instances décisionnelles, comme le Centre national pour le développement du sport (CNDS) ou la Commission d'examen des règlements fédéraux relatifs aux équipements sportifs (Cerfres). Cette fois, nous avons vraiment beaucoup insisté pour que les collectivités soient très présentes, notamment avec la spécificité des grandes villes qui portent les grands équipements et manifestations". Le collège des élus est ainsi composé de six députés, six sénateurs, douze représentants désignés par l'Association des maires de France (AMF), six représentants désignés par l'Assemblée des départements de France (ADF) et six représentants désignés par l'Association des régions de France (ARF).

Une élue territoriale à la présidence d'un groupe de travail

Au cours de cette installation, chacun des six présidents de groupe de travail a pu exprimer sa vision des débats à venir. Ainsi, le député Bernard Depierre, qui a récemment déposé une proposition de loi sur l'aménagement du droit pour la construction et la rénovation des stades en vue de l'accueil de l'Euro 2016 de football, présidera le groupe "économie du sport" pour lequel il s'agira d'identifier les dépenses et les recettes du sport, et la façon de les faire évoluer pour endiguer les dépenses des familles, qui financent aujourd'hui la moitié des dépenses sportives. Bernard Depierre a évoqué une première piste de travail avec l'étude du recours au mécénat. Président du groupe de travail "gouvernance du sport", Jacques Bungert, publicitaire et vice-président de la Fondation du football, a souligné que l'enjeu de la gouvernance vivait un moment crucial avec, d'un côté, la montée en puissance attendue de l'Europe, qui s'empare du domaine du sport à travers le traité de Lisbonne, et, de l'autre, la réforme territoriale qui modifie les enjeux pour les collectivités. Dans ce groupe, Catherine Bertin, chef du service éducation, jeunesse, culture et sport de l'ADF, sera rapporteur. Valérie Fourneyron sera la seule élue à la tête d'un groupe de travail, celui consacré à "un sport sain et éthique". "J'ai d'abord eu un parcours professionnel dans le domaine du sport et de la santé, et je me suis engagée dans la vie politique locale à partir de là. Cela m'intéressait beaucoup de travailler sur cette dimension, pas simplement sur les dérives éthiques mais aussi sur les bénéfices et les risques des pratiques sportives. Par cette approche transversale, ce groupe est très intéressant", a-t-elle commenté. A noter également que Marie-Claude Serres-Combourieu, responsable du département action sociale, sportive, éducative et culturelle à l'AMF, sera rapporteur du groupe de travail "sport pour tous", présidé par la navigatrice Catherine Chabaud, et que Régis Fossati, conseiller au sport de l'ARF, sera lui rapporteur pour le groupe "emploi et formation", présidé par Pierre Massie, secrétaire général de la Fédération française de golf. Enfin, le groupe dédié au sport de haut niveau sera présidé par Jean-Philippe Gatien, médaillé olympique en tennis de table.

Une assemblée qui fait consensus… pour le moment

Les 180 membres de l'Assemblée du sport sont désormais répartis dans chacun des six groupes de travail. D'ici le mois de juin, une première phase va consister à faire des "propositions très concrètes", selon Chantal Jouanno, qui ajoute : "Les six présidents de groupes de travail doivent être garants de la volonté de dépasser les clivages des uns et des autres". Une détermination partagée par Valérie Fourneyron, élue socialiste : "Cela fait des années que je réclame cette instance de réflexion et de proposition collective. Nous l'avons, je ne veux pas bouder cette Assemblée du sport. C'est nous qui allons prouver sa pertinence. Nous avons un calendrier extrêmement serré pour faire des propositions. En même temps, il existe une volonté de la ministre d'inscrire cette instance dans la durée. Cela me plaît bien car nous, les politiques, nous passons." Consensus, donc, en ce jour d'installation, mais Chantal Jouanno prévient déjà : "Si des élections devaient porter atteinte aux débats, j'inscrirais dans le marbre, par décret, l'existence de cette assemblée, et je la suspendrais en attendant un moment plus propice au dialogue. Cette assemblée doit nous survivre."

 

Pour aller plus loin

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis