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Sport - L'Assemblée du sport a rendu sa copie et devrait poursuivre sa route

Installée il y a tout juste trois mois, l'Assemblée du sport vient de restituer ses travaux. L'ensemble consiste en 313 préconisations en faveur d'"une France 100% sport", selon les termes de Chantal Jouanno. Parties prenantes des six groupes de travail, les collectivités territoriales ont visiblement trouvé leur place au sein d'une instance qui devrait être pérennisée dès la rentrée 2011.

Trois mois de travaux, 180 participants, 30 réunions, 260 contributions extérieures, 313 préconisations, l'Assemblée du sport n'a pas chômé depuis son lancement, le 29 mars dernier. A croire qu'elle a comblé un vide dans lequel se sont engouffrés tous les acteurs du sport. Au premier rang, les collectivités territoriales n'ont pas boudé leur plaisir. Tous bords politiques confondus, les élus ont exprimé leur satisfaction d'avoir été associés à parts égales avec les quatre autres familles présentes : Etat, mouvement sportif, société civile et entreprises. "Les collectivités territoriales ont développé des politiques sportives locales avec un risque d'inadéquation avec le niveau national, donc fédéral, d'où la nécessité de développer des synergies, de permettre une meilleure concertation", a expliqué Denis Masseglia, président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), à l'origine de la création de l'assemblée. "Les collectivités pourront peser grâce à cette assemblée", s'est félicitée Safia Otokoré, présidente de la commission sport de l'Association des régions de France. Pour sa part, Denis Merville, vice-président de l'Association des maires de France, a jugé qu'"il était important que les partenaires du sport puissent se rencontrer", avant d'ajouter : "Il va falloir poursuivre." Poursuivre. Une antienne maintes fois reprise entre les murs de l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep), qui accueillait le 29 juin la restitution des travaux de l'Assemblée du sport.

Regard sur le sport

Avant de dessiner les contours d'un avenir encore flou, les présidents des six groupes de travail ont exposé les méthodes, freins, découvertes et enseignements qui les ont guidés durant trois mois. "Nous avons constaté la richesse de l'animation des territoires et les carences en termes d'équipements", a déclaré Jacques Bungert pour le groupe "gouvernance du sport". "Toute une part de la population ne pratique pas de sport. On constate une rupture entre 15 et 25 ans, et après 60 ans. Cette rupture se manifeste par des freins économiques, culturels, en termes d'équipements, de temps", a souligné Catherine Chabaud, pour le groupe "sport pour tous". Pierre Massie, pour le groupe "emploi et formation", a relevé que "tous ceux qui travaillent dans le sport devaient acquérir des compétences, alors même que l'on a une très mauvaise connaissance des emplois et formations du sport". Bernard Depierre, président du groupe "économie du sport", a déploré de son côté que seize Zénith aient été construits en France sans tenir compte de la dimension sportive de tels équipements. Tous se sont accordés à reconnaître que le regard que la société française porte sur le sport n'est pas toujours à la hauteur des enjeux. Denis Masseglia en appelle donc à une grande étude sur les bienfaits du sport : "On a besoin de savoir ce que le sport permet en termes de santé, de réussite scolaire, de bien-être dans l'entreprise. Il faut permettre à tous les secteurs de la société d'intégrer la pratique sportive."

"Nouveau projet de société"

En attendant une telle étude, les 313 préconisations formulées par l'Assemblée du sport visent précisément à intégrer, encourager ou faciliter la pratique sportive des Français. Des préconisations résumées par Chantal Jouanno, ministre des Sports : "L'ambition est simple, c'est d'avoir une France 100% sport. Rendre le sport plus simple, relever les défis de société. Ces 313 préconisations vont permettre de porter un nouveau projet de société."
Développer la pratique en club pourrait ainsi passer par une "licence d'exploration" permettant de passer d'un sport à l'autre avant de fixer son choix. Le "chèque-sport" serait lui distribué aux jeunes sans ressources ou demandeurs d'emploi et aux salariés via leur entreprise sur le modèle du chèque-vacances. Le développement d'un encadrement féminin pour favoriser la pratique des jeunes filles des quartiers relevant de la politique de la ville ou de conventions entre fédérations sportives et leurs homologues accueillant des personnes en situation de handicap viserait ces deux publics prioritaires. En matière de santé, les propositions sont d'inscrire la pratique des activités sportives comme un objectif des programmes régionaux de santé, ou encore de permettre une meilleure intégration de l'activité physique dans le traitement de certaines pathologies. En termes d'équipements, si l'ouverture de quelque 4.000 équipements sportifs scolaires et militaires les soirs et week-ends à un public plus large est souhaitée, il s'agit encore de "doter la France d'équipements attractifs" et d'en faciliter l'accès. Cela passe par une régulation de l'offre sur les territoires et suppose la coordination des acteurs et la mise en synergie des financements à partir de diagnostics partagés, mais aussi par des schémas d'équipements sportifs. Parallèlement, il conviendrait d'adapter l'offre de formation aux demandes des publics et aux besoins des territoires, notamment en clarifiant les voies de certification, et en promouvant l'apprentissage dans les métiers du sport. Enfin, le mouvement sportif est invité à mobiliser de nouvelles ressources et à garantir son autofinancement. Dans ce cadre, le mécénat des entreprises en matière de sport serait encouragé par une défiscalisation de 5% contre 5‰ actuellement.
Toutes ces mesures, et bien d'autres, devront faire l'objet d'évaluations préalables. "Nous n'avons aucune idée du coût que peut représenter le chèque-sport", a par exemple reconnu Chantal Jouanno.

Vers des assemblées régionales ?

La ministre a surtout rappelé que cette restitution "n'était qu'une étape. Que ce n'était pas la fin de l'Assemblée du sport. Elle doit survivre à tous les hommes et les femmes, quelles que soient leurs fonctions". Un décret sera donc publié d'ici septembre pour inscrire son existence dans le marbre.
La future Assemblée du sport sera composée d’une soixantaine de représentants de l’Etat, du mouvement sportif, des collectivités territoriales, du monde économique et de la société civile. Elle se réunira au moins une fois par an pour fixer la stratégie nationale du sport. Un groupe exécutif d'une vingtaine de membres se réunissant pour sa part au moins une fois par trimestre. Une déclinaison territoriale, vraisemblablement au niveau régional, est également envisagée. Sa mise en place devrait être au coeur des premières discussions de la future instance nationale. Pour l'heure, Chantal Jouanno précise que "plaquer un modèle unique dans toutes les régions ne semble pas pertinent". "L'essentiel est que le soufflé ne retombe pas", a conclu Henri Nayrou, représentant de l'Assemblée des départements de France.