Culture - L'antenne de l'IMA à Tourcoing, nouvel exemple de décentralisation culturelle
Seuls les mauvais esprits y verront une course de vitesse. Alors que Le Louvre-Lens doit ouvrir ses portes le 4 décembre, l'Institut du monde arabe (IMA) a inauguré, le 20 novembre, sa première antenne délocalisée à Tourcoing. Située dans le quartier de l'Union, une ancienne friche industrielle qui fait l'objet d'une importante opération de rénovation urbaine, cette antenne est installée dans une ancienne usine de peignage réhabilitée. Disposant d'une surface de 800 m2, elle offre un ensemble de salles d'exposition, de cours et de réunion. Elle pourra ainsi accueillir des expositions, mais aussi - comme son modèle parisien - du spectacle vivant, des conférences, des débats, des séances d'enseignement des langues... L'IMA s'était décentralisé dans le Nord-Pas-de-Calais depuis déjà plus d'un an mais, faute de locaux propres, revêtait jusqu'alors un caractère itinérant. Pour son ouverture au public, l'antenne de Tourcoing accueille l'exposition "Qantara" (passerelle, en arabe), qui présente un ensemble de pièces et d'objets issus du patrimoine archéologique et historique méditerranéen, couvrant une période allant de l'Antiquité tardive à la période moderne.
L'ouverture de l'antenne de l'IMA marque une nouvelle étape dans le mouvement de décentralisation - ou, pour être plus précis, d'essaimage - de grands musées parisiens (voir nos articles ci-contre). L'opération la plus emblématique - parce que la plus spectaculaire en termes de fréquentation - reste à ce jour celle du Centre Pompidou-Metz, mais Le Louvre-Lens pourrait bien la rejoindre. Outre l'antenne de l'IMA à Tourcoing, d'autres opérations plus modestes peuvent également être signalées, comme Versailles-Arras ou le Centre Pompidou mobile, qui séjourne à Libourne (Gironde) depuis le 24 octobre 2012 et jusqu'au 20 janvier 2013. L'implantation du Mucem à Marseille obéit à une logique un peu différente, puisque la décentralisation du Musée des arts et traditions populaires s'est finalement transformée en un projet autonome.
Quel que soit le cas de figure, il reste que ces opérations reposent très largement sur des financements apportés par les collectivités locales, souvent prêtes à des efforts importants pour accueillir des antennes d'institutions culturelles prestigieuses. Ces implantations sont en effet perçues comme un moyen de mobiliser et de redynamiser des territoires en difficulté ou souffrant d'une image de marque mitigée. Cette dimension de dynamique territoriale est particulièrement présente dans le projet du Louvre-Lens. A l'aune de ce dernier, l'antenne de l'IMA à Tourcoing peut être regardée comme un projet modeste, puisque son coût de fonctionnement annuel est estimé à 500.000 euros.