L’action climatique, priorité n° 1 des maires des grandes villes d’Europe en 2023
Prenant pour la première fois le pouls de ses membres, le réseau Eurocities observe qu’après la crise énergétique l’an passé, c’est l’action climatique qui constitue, et de loin, la priorité n° 1 de "ses" maires en 2023. Si ces derniers estiment pouvoir compter sur les fonds de l’UE dans ce domaine – ce qui n’est pas le cas pour d’autres priorités –, une grande majorité d’entre eux redoutent un manque de ressources dans les cinq ans. S’ils devaient faire des choix, la santé, la sécurité et les biens publics essentiels seraient épargnés. De l’Union européenne, ils attendent surtout dialogue et proximité, qui feraient cruellement défaut pour l’heure.
Action climatique (54,9%), mobilités (23,1%) et relance économique (19,8%). Tel est en 2023 le tiercé des priorités pour les élus locaux, selon les 92 maires membres du réseau Eurocities ayant répondu (en France, ceux de Nantes, Bordeaux, Toulouse, Marseille et Lyon) à l’enquête en ligne que ce réseau a conduite entre janvier et mars derniers. Soit un peu moins de la moitié des 210 des plus grandes villes d’Europe qui en sont membres. Quand on leur demande de regarder dans le rétroviseur, ces mêmes maires dépeignent un scenario très légèrement différent : la crise énergétique arrivait en tête (28,6%) de leurs préoccupations l'an passé, devant le climat (26,4%) et la reprise économique (23,08%).
Manque de financements
Las, une faible proportion de ces maires – pourtant a priori les mieux dotés – considèrent qu’ils devraient avoir suffisamment de ressources pour répondre à l’ensemble de leurs besoins des cinq prochaines années. Ils sont seulement 6,45% à le penser à l’égard du seul changement climatique et de la transition énergétique, l’optimisme étant plus répandu pour la mobilité durable et l’emploi (17,2%). Le défi est d’autant plus grand avec la résurgence d’un haut niveau d’inflation. 86% des répondants estiment qu’il affecte leur capacité à déployer des investissements stratégiques de long terme. Pour autant, Eurocities observe que les maires sont particulièrement réticents à l’idée de réduire ou de reporter leurs investissements dans les domaines jugés cruciaux que sont notamment la santé (5,4%), la police et la sécurité (6,4%) et la fourniture de biens publics essentiels (6,4%). Ils seraient en revanche davantage enclins à le faire dans le domaine de la culture (26,9%), les transports (24,7%), la coopération internationale (18,3%) ou la transition numérique (17,2%).
Des fonds de l’UE utiles…
Pour les maires répondants, c’est dans le domaine du changement climatique et de la transition énergétique (74,2%) et de la mobilité durable (63,4%) ou encore de la transition numérique (33,3%) que les fonds de l’UE auront le plus impact dans les 5 années à venir (ils déplorent en revanche de manque de soutien de l’Union pour répondre à des besoins tels que le logement et l’inclusion des migrants/réfugiés).
Un résultat guère surprenant dans la mesure où l’accès au financement constitue pour 38% des répondants le principal obstacle à l’accélération de leur transition énergétique, loin devant les "capacités et barrières administratives" (16%). Pour accélérer cette transition, les répondants entendent privilégier une mobilité durable (24%), la rénovation des bâtiments (23%) ou encore le développement d’énergies renouvelables (20%). Prisée en France, notamment dans le cadre du fonds vert, la rénovation de l’éclairage public arrive en revanche loin derrière (5%).
… mais une Union trop déconnectée
Une majorité des répondants estiment toutefois que les institutions et les politiques de l’Union ne prennent pas toujours en compte leurs besoins et leurs potentiels. Un sentiment qu’Eurocities explique notamment par le fait qu’après avoir été propulsés en première ligne par la crise du covid, les maires s’attendaient à jouer un plus grand rôle dans la gestion des plans de relance et des programmes de la politique de cohésion. Or ils se disent au contraire inquiets par une tendance à la centralisation des fonds européens, sentiment particulièrement développé dans les pays de l’Europe de l’est. Autre cause avancée, l’absence de lien fort entre les besoins des villes et l’action de l’Union, les répondants déplorant singulièrement "l’absence de contact direct et approprié" avec la Commission européenne. L’instauration de ce dialogue direct constituerait pourtant, pour les répondants, la piste à privilégier pour que l’Union les aide à faire face à leurs défis, et ce, avant même la simplification des procédures pour la consommation des fonds ou un financement direct pour renforcer leur autonomie. Pis, près de la moitié des répondants estiment que les règles et politiques actuelles de l’Union les empêchent d’atteindre leurs objectifs au niveau local. Un constat d’autant plus cruel qu’une large majorité des répondants (79,2%) estiment qu’en leur qualité de maire, ils contribuent aux priorités et aux processus politiques de l’Union (le taux atteignant même 92% en ne prenant en compte que les réponses des maires des États membres).