Logement / Social - La résidence intergénérationnelle : une piste plus prometteuse que la cohabitation ?
Le logement intergénérationnel, dont on entend régulièrement parler depuis une dizaine d'années, évoque surtout la cohabitation entre des personnes âgées et des jeunes. Malgré l'intérêt évident pour chacun des colocataires - présence rassurante pour les seniors, économies pour les jeunes, entraide et échanges... - et le soutien associatif et institutionnel dont ils bénéficient, ces dispositifs peinent à se diffuser, pour des raisons diverses comme l'avait montré une étude publiée fin 2010 par la Caisse nationale d'allocations familiales (voir notre article du 2 décembre 2010).
Ce que l'on sait moins, c'est que d'autres formules d'habitat intergénérationnel se développent aujourd'hui, tentant de concilier les avantages du collectif et du privatif, de la convivialité et de l'intimité. Habitat et Humanisme expérimente ainsi "depuis quelques années des projets innovants d'habitat intergénérationnel qui réinventent le vivre ensemble dans la cité", selon un communiqué de la fédération associative. Cette dernière tenait ce 29 janvier à Paris un colloque intitulé "L'habitat intergénérationnel, une réponse innovante au mal-logement et à l'isolement social".
8 résidences intergénérationnelles et 15 en plus d'ici 2017
A partir de ces initiatives innovantes, encore peu nombreuses, Habitat et Humanisme conviait différents types d'acteurs, dont des élus locaux, pour réfléchir à la façon de "développer et approfondir ce nouveau type d'habitat participatif et solidaire". En plus des huit résidences intergénérationnelles déjà en place début 2015, le groupe associatif a pour objectif de mener à bien une quinzaine de nouveaux projets d'ici 2017.
Un peu dans l'esprit de l'habitat participatif (voir notre article du 27 mai 2014), l'habitat intergénérationnel dont on parle ici présente, par rapport à l'habitat ordinaire, une particularité : il implique une certaine dose de mutualisation des espaces et des usages et, donc, de vie en collectivité. Pour des "publics fragilisés et isolés" de tout âge - personnes âgées, jeunes, familles monoparentales, travailleurs migrants… -, l'habitat intergénérationnel peut ainsi "constituer une étape ou le maillon manquant dans des parcours fragilisés par les accidents de la vie ou des problèmes conjoncturels".
Partager entre résidents, voire avec le quartier, des espaces et des services
A Nantes ou encore à Marseille, Habitat et Humanisme expérimente ce concept à travers des résidences de 20 à 30 logements dans lesquelles "chacun bénéficie d'un logement autonome", mais où la présence d'espaces collectifs (buanderie, terrasse, jardin, salle commune…) favorise "la convivialité, la solidarité de voisinage et les échanges d'expériences". En plus de ces espaces collectifs, le projet peut inclure la mutualisation de services, tels que des services médico-sociaux. Idéalement, la résidence est aussi ouverte sur l'extérieur, en "[intégrant] "une crèche ou un accueil de jour" ou en "[ouvrant] leur salle commune" à des associations. Et, pour que le lieu soit effectivement "participatif et solidaire", les résidents s'engagent à respecter un projet commun en signant une "charte du vivre ensemble".
Pour assurer la réussite de ces projets, les équipes de l'association – essentiellement des bénévoles - accompagnent les résidents, notamment "dans la phase de mise en route du lieu de vie" et pour "encourager la solidarité entre les résidents".
Des montages complexes
Les montages juridiques et financiers pouvant être complexes, Habitat et Humanisme expérimente actuellement différentes formules : "des résidences sociales seules ou couplées avec des logements locatifs", "des logements locatifs très sociaux au sein d'un même petit immeuble", mais aussi "des colocations conçues spécifiquement pour accueillir des personnes d'âges différents".
Sur la formule de la cohabitation intergénérationnelle, à noter que près de 30 associations françaises sont aujourd'hui fédérées dans le réseau Cosi (Cohabitation solidaire intergénérationnelle), à l'initiative de l'association Le Pari Solidaire. Ce réseau fait partie des 15 premiers projets soutenus par le président de la République dans le cadre de la démarche "La France s'engage".