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Sport - La planification, avenir des politiques sportives ?

Il a été beaucoup question, lors des 11es Rencontres nationales du sport et des collectivités, du 12 au 14 octobre à Saint-Omer, de planification, de schémas directeurs... Ou comment doter les politiques sportives territoriales d'"une véritable réflexion stratégique". Certaines collectivités, comme le conseil général du Pas-de-Calais à l'approche des JO de Londres, montrent la voie en engageant une démarche d'aménagement du territoire sportif.

Les colloques dédiés aux collectivités locales ont ceci d'avantageux qu'ils balayent souvent large et qu'il est impossible de ne pas y trouver matière à réflexion sur un thème ou un autre. Le revers de cette médaille est que, parfois, à force d'éparpillement, aucune idée forte ne ressort malgré plusieurs jours de travaux. Les organisateurs des onzièmes Rencontres nationales du sport et des collectivités, tenues à Saint-Omer (Pas-de-Calais) du 12 au 14 octobre, ont été bien inspirés. En revenant durant leur première journée de travaux sur la mise en place de l'Assemblée du sport, ils ont immédiatement pris de la hauteur de vue. Le lendemain, les débats autour de la notion de "schémas directeurs" et l'exemple concret d'un projet de développement local venaient illustrer, vu du terrain cette fois, les bienfaits de la concertation et de la coordination prônées par les intervenants la veille.
Entretemps, les congressistes avaient eu l'occasion de s'interroger plus avant sur les politiques sportives des collectivités locales en lisant l'un des documents remis par Communica Sport, l'organisateur. En l'occurrence, le numéro de septembre 2011 de Jurisport, revue juridique et économique du sport. Dans un article consacré à l'examen des politiques sportives des collectivités territoriales par les chambres régionales des comptes, Alain Serre, premier conseiller à la chambre régionale des comptes de Languedoc-Roussillon, notait que "les collectivités territoriales ont rarement engagé une véritable réflexion stratégique sur la politique sportive".

Etat et collectivités main dans la main pour planifier ?

C'est donc à partir d'une feuille blanche que les interventions se sont succédé à Saint-Omer. Pour André Bouvet, directeur régional des sports, de la jeunesse et de la cohésion sociale (DRJSCS) du Nord-Pas-de-Calais, toute démarche doit d'abord s'appuyer sur une "posture d'observation" rendue possible aujourd'hui par la mise en place par l'Etat d'un certain nombre d'outils pour mieux se projeter dans le futur : recensement des équipements sportifs, atlas des équipements sportifs ou encore diagnostic territorial approfondi. Pour André Bouvet, l'absence de cadre juridique contraignant, contrairement à ce que connaissent les secteurs de la santé ou de la formation par exemple, est une chance pour la réflexion stratégique autour du sport. Il juge en revanche dommage que la dimension sportive soit très peu présente dans les Scot (schémas de cohérence territoriale). Pourtant, son inclusion permettrait de "tenir compte de la volonté d'aménagement du territoire et de la coordination des interventions financières." Une coordination qu'il appelle encore de ses vœux au niveau des acteurs : "Il y a une concurrence dans la légitimité à intervenir : fédérations sportives, collectivités locales, Etat. Un seul des acteurs ne peut apporter de solution complète. Une démarche de schéma peut être l'occasion de croiser les différentes solutions."
Vincent Léna, président de la commission jeunesse et sports du conseil régional Nord-Pas de Calais, a réagi positivement : "J'aime quand l'Etat parle de planification et de schémas directeurs. Il y a des manques en termes d'équipements de proximité et on attend beaucoup de l'Etat." En contrepartie, l'élu est prêt à apporter des idées concrètes pour un futur schéma directeur : "L'exercice de planification doit être prospectif et doit tenir compte d'un certain nombre d'évolutions. Le sport est aussi un enjeu de cohésion sociale, ce sera demain un enjeu considérable au point de vue de la santé." Revenant sur le calendrier, André Bouvet a rappelé que "la dynamique autour de l'Euro 2016 pourrait constituer une opportunité pour mettre en place une démarche [de planification] dans le Nord-Pas de Calais".

Le Pas-de-Calais dans les pas de Londres 2012

Le Pas-de-Calais, lui, n'a pas attendu la désignation de Lille et Lens comme villes hôtes du championnat d'Europe de football pour s'arrimer à un événement de portée internationale et en faire le moteur du développement sportif de son territoire. Dès 2005, le conseil général a compris que l'attribution des Jeux olympiques de 2012 à Londres, dans une région européenne voisine, était une chance à saisir. "Tout de suite, on a voulu avoir une réflexion large, au niveau économique, sociétal. Chacun dans son projet de territoire a intégré des projets de développement d'équipements sportifs en construction ou en rénovation", a expliqué Martial Herbert, conseiller général. Cent millions d'euros de travaux ont été investis et quatorze équipements sportifs "de qualité" ont été réalisés dans le département. Avec un triple objectif : accueillir des délégations sportives françaises ou étrangères pour leur préparation olympique, dynamiser le tourisme et capitaliser sur les retombées en termes d'image après l'événement. Mais le sport pour tous n'a pas été oublié, que ce soit dans sa dimension territoriale ou disciplinaire.
"Sur la carte du département, les équipements sont répartis sur tout le territoire", s'est réjoui Martial Herbert. Parallèlement, le département a aussi mis en avant une offre d'équipements dans des sports peu médiatisés : canoë-kayak, gymnastique, lutte, etc. "Nous avons fait le choix politique d'une diversification de l'offre alors qu'il serait plus facile de mettre tous les moyens sur le football professionnel par exemple", a décrypté Stéphane Bourgeois, directeur des sports du conseil général. Et alors que les délégations étrangères se succèdent avant les JO de Londres, la nouvelle salle de lutte implantée à Marquise (5.000 habitants) a vu le nombre de ses licenciés locaux augmenter de 30%. "La démarche d'aménagement du territoire s'est appuyée sur le recensement des équipements sportifs, le positionnement des EPCI comme site d'accueil, l'identification des projets à réaliser en termes d'aménagement, de construction, de rénovation. On est passé d'une logique de guichet à une logique de projet", a ajouté Stéphane Bourgeois. Mais ce projet ne s'est pas seulement développé au niveau des institutions. Le mouvement sportif a été associé, par exemple à travers un partenariat avec la Fédération française d'athlétisme, dont les effectifs croissent de 10% par an depuis 2008 sur le département.
A travers Pas-de-Calais 2012, ce département possède depuis 2005 un schéma directeur pour sa politique sportive. Un exemple sur lequel les congressistes des Rencontres nationales du sport et des collectivités, au-delà de la théorie, peuvent d'ores et déjà s'appuyer. La feuille n'était pas tout à fait blanche. Encore fallait-il le faire savoir.

Saint-Omer, collectivité la plus sportive de France ?
Les 11e Rencontres nationales du sport et des collectivités ont été l'occasion pour Communica'Sport de remettre différents trophées.
- Le trophée de la collectivité la plus sportive a été décerné à la communauté d'agglomération de Saint-Omer (Pas-de-Calais).
- Un trophée d'honneur a été remis à une délégation réunionnaise composée d'élus et techniciens de Saint-Paul et du Port, au titre de la collectivité ayant effectué le plus long déplacement pour assister aux rencontres…
- Le trophée des entreprises exposantes a été remis à Sport International.
- Enfin le trophée Communica'Sport, remis chaque année à une personnalité ayant marquée l'édition, a été décerné à Thierry Large, président du comité départemental de gymnastique du Pas-de-Calais et gérant du complexe gymnique d'Arques, le plus grand d'Europe, que les congressistes ont pu visiter.