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Sport - Les équipements sportifs ruraux scrutés à la loupe

Les territoires ruraux ont été choisis par le ministère des Sports pour faire l'objet d'une étude approfondie sur la base des données du recensement des équipements sportifs (RES). Cette étude, qui portera sur la moitié des communes françaises, va permettre d'en savoir plus sur la répartition des équipements sportifs et de comprendre pourquoi certains territoires s'en sortent mieux que d'autres. Les collectivités elles-mêmes pourront réutiliser et affiner ces indicateurs à leur échelle.

Les territoires ruraux ont été choisis par le ministère des Sports pour faire l'objet d'une étude approfondie durant une grande partie de l'année 2011. Après les bassins de natation en 2009 et les schémas directeurs des équipements sportifs en 2010, ce choix va permettre d'exploiter les données les plus récentes du recensement des équipements sportifs (RES), un travail en continu dont le calendrier de révision, ces deux dernières années, a précisément porté sur les communes de moins de 2.500 habitants. Au-delà de son intérêt pratique, cette étude traduit aussi la volonté de s'intéresser au monde rural, donc au sport pour tous sur tous les territoires, dont les enjeux sont éloignés des grandes compétitions qui, souvent, monopolisent l'attention.

Des territoires mieux dotés, mais…

Les données du RES vont ainsi fournir de base à une étude qui, in fine, donnera des points de repère et des éléments d'analyse aux décideurs locaux. Fin 2010, un groupe d'experts* s'est penché sur la rédaction du cahier des charges de l'étude. Une de ses priorités fut d'en définir le périmètre. L'étude portera donc sur les communes métropolitaines appartenant à l'espace à dominante rurale issu du zonage en aires urbaines et en aires d'emploi de l'espace rural (Zauer), soit 18.533 communes (la moitié des communes françaises) regroupant plus de 67.000 équipements sportifs traditionnels (27% du total national) et près de 30.000 espaces et sites de pratiques de nature (57% du total).
L'étude va permettre d'en savoir plus sur la répartition des équipements sportifs dans les territoires ruraux et de réaliser une typologie de ces territoires par rapport à leur dotation en équipements. Une donnée est déjà connue : leur ratio en nombre d'équipements par habitant y est plus important que dans le monde urbain. En sachant toutefois que, contrairement aux territoires urbains, s'y posent des problèmes très importants d'accessibilité.

Analyse qualitative

Après appel d'offres, l'étude a été confiée à la société Agate, spécialisée dans l'aménagement du territoire et l'analyse spatiale. Elle a débuté début mars et ses résultats finaux sont attendus pour fin septembre. Lors de la dernière réunion de projet, le 4 mai, Agate a proposé au groupe d'experts des indicateurs permettant de qualifier les territoires ruraux, les équipements, la pratique... Des indicateurs qui portent ainsi sur l'offre d'équipements sportifs - en qualité et en quantité -, la diversité, l'accessibilité en termes de temps de parcours par la route, la population (âge, CSP...), le tourisme (proportion des résidences secondaires/principales), etc.
Il a par ailleurs été décidé que des portraits de territoire seront introduits dans l'analyse finale de façon à mieux incarner les réalités du terrain. Ainsi, cinq EPCI particulièrement dynamiques du point de vue des équipements vont être sélectionnés. A partir des témoignages d'élus et de représentants du mouvement sportif, une analyse qualitative permettra de comprendre pourquoi ces territoires se distinguent. Ces EPCI seront identifiés lors de la prochaine réunion du groupe d'experts, le 6 juin.
Pour ce prochain rendez-vous, Agate va également construire des typologies de territoire à partir desquelles on tirera les enseignements de ce travail. Enseignements qui se déclineront à un niveau macro, les points de repère identifiés ne tenant pas compte de toutes les spécificités au niveau local (horaires d'ouverture, etc.). A l'issue de l'étude, il sera toutefois possible de savoir pourquoi certains territoires ruraux s'en sortent bien sur leur dotation en équipements sportifs et quels sont les facteurs explicatifs : tourisme, zone de montagne, etc.

Transfert de méthodologie

Certains éléments liés à l'implantation des équipements sportifs pourront sans doute être rationalisés grâce aux résultats de cette étude. Il n'est pourtant pas question, dans un premier temps, d'en tirer directement des conclusions en termes de priorités de financement à travers les subventions du Centre national pour le développement du sport (CNDS). Il s'agit davantage de permettre un partage des références. Et d'une occasion de dialogue entre les fédérations, les collectivités et le ministère des Sports.
Dans le contexte actuel des finances locales, regarder ce qui se passe ailleurs avant de décider de construire un équipement sportif est en effet jugé indispensable par les différents acteurs, et notamment les communes et intercommunalités, principaux financeurs. Il est aussi envisagé que la démarche incite certaines collectivités à s'approprier la méthode et à réutiliser ces indicateurs au niveau local. Ce qui leur permettrait de disposer d'une information beaucoup plus précise, en l'enrichissant de leurs propres données complémentaires, par exemple sur les transports en commun, et en tenant compte de la demande locale. Autrement dit, l'étude pourrait être à la base d'un transfert de méthodologie sur des outils d'aide à la décision.
Après le rendu final par la société Agate, une synthèse devrait être publiée fin octobre-début novembre. Quant aux choix d'implantation des équipements, ils relèveront davantage des diagnostics territoriaux approfondis, dont la méthodologie est actuellement en cours de réalisation entre le ministère et les collectivités volontaires.

Jean Damien Lesay

* Le groupe d'experts est composé de représentants de l'Association des maires de France (AMF), de l'Association nationale des élus en charge du sport (Andes), du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), de la Fédération française d'équitation, de la Fédération française de la randonnée pédestre, de la Fédération nationale du sport en milieu rural (FNSMR), du pôle ressources national des sports de nature, de l'Union française des oeuvres laïques d'éducation physique (Ufolep), de l'Association pour l'information et la recherche sur les équipements de sport et de loisirs (Aires), de la direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale de Lorraine, de la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations du Jura, du Centre national pour le développement du sport (CNDS), du ministère de l'Education nationale, et d'universitaires.

 

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