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Sports - Les JO de Londres passent par le Nord-Pas-de-Calais

Porté par le syndicat mixte de la Côte d'Opale et le conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, avec une trentaine de collectivités partenaires, le projet "Le plus grand terrain de jeux" s'emploie à faire de ce territoire une base arrière des Jeux olympiques de Londres en accueillant des équipes du monde entier.

Avec la pose, le 19 février, de la première pierre du futur vélodrome couvert de Roubaix, la région Nord-Pas-de-Calais met en piste son dernier équipement dans la perspective des... Jeux olympiques et paralympiques de 2012. Etonnant, non ? Retour en arrière : en 2005, Londres remporte, face à Paris, l'organisation des Jeux de 2012. Pour les responsables des collectivités du Nord-Pas-de-Calais, qui ont soutenu la capitale française, la nouvelle n'est pas si mauvaise. Région continentale la plus proche de Londres, le Nord-Pas-de-Calais se sent légitime pour porter un projet dans la perspective du grand rendez-vous planétaire. La voilà qui s'engage dans un projet baptisé "Le Plus Grand Terrain de Jeux". Le but ? Faire de son territoire une base arrière des Jeux de Londres. Comment ? En accueillant en stage et en compétition pré-olympiques des équipes du monde entier. Pourquoi ? Pour faire parler de la région en termes positifs autour des valeurs olympiques et bénéficier de retombées économiques significatives.

Des équipements gratuits et labellisés

"Pour lancer le projet, explique Wulfran Despicht, vice-président du conseil régional et président du comité de suivi du Plus Grand Terrain de Jeux, nous avons regardé nos atouts par rapport aux territoires anglais qui s'intéressent aussi à cette dynamique autour des JO. Nous avons deux avantages majeurs : les équipements sportifs sont de droit public alors qu'ils sont de droit privé côté anglais, et le coût de la vie est moins élevé chez nous." En effet, alors qu'il est impossible de loger et nourrir une délégation à moins de 250 euros par personne et par jour côté anglais, le Nord-Pas-de-Calais propose hôtellerie et restauration à partir de 100 euros.
Pour s'assurer que le bilan économique est favorable, l'organisation a mené plusieurs études dont les résultats se sont avérés positifs, notamment lors de la venue de l'équipe de Russie de natation. Cette délégation de cent personnes présente durant dix jours en hôtellerie 3 étoiles a ainsi rapporté 200.000 euros à l'économie locale. Au total, le "retour sur investissements" est évalué à 1,3 million par an, sans compter l'aspect médiatique. Côté équipement, la différence est encore plus flagrante : la location d'une salle de basket dans le Kent pendant une semaine revient à 60.000 euros, alors qu'elle est gratuite côté français.
Le projet, porté par le syndicat mixte de la Côte d'Opale et le conseil régional, réunit une trentaine de collectivités partenaires et toutes se sont engagées à mettre leurs équipements à disposition gracieusement. Pour quels investissements ? "Les équipements sont soit préexistants, soit étaient déjà projetés, justifie Wulfran Despicht. Nous n'avons pas fait d'investissements spécifiques Londres 2012, même si cette perspective a été un catalyseur, un accélérateur de projets."
Encore fallait-il que ces équipements correspondent aux besoins des délégations sportives venues de tous pays et de toutes disciplines. Pour s'en assurer, le comité d'organisation a mis en place un dispositif de labellisation en lien avec les fédérations françaises correspondantes. Celles-ci ont systématiquement visité les équipements et donné leur avis avant de fournir, le cas échéant après mise à niveau, un label attestant que l'équipement est en capacité d'accueillir des stages ou des compétitions de très haut niveau. "Les fédérations françaises apportent leur caution sportive, ce qui convainc les délégations étrangères dans le monde du sport, un monde de réseau où l'on se fait confiance", note Wulfran Despicht.

Partenariats avec Londres et la Flandre occidentale

Depuis 2008, la région reçoit ainsi une centaine de délégations chaque année et attend une montée en puissance dès septembre 2011 avec l'entrée dans la période pré-olympique. "On espère accueillir 150 délégations sur le premier semestre 2012", précise Wulfran Despicht. Pour ce faire, l'avis favorable donné par le comité d'organisation des Jeux de Londres aux équipements de la région est bien sûr un atout. Car les initiateurs du projet ne sont pas restés dans leur coin, à espérer quelques miettes de l'événement. "Au lendemain des JO de 2008, nous nous sommes dit qu'il fallait prendre notre courage à deux mains pour aller voir les organisateurs des JO de Londres et leur présenter officiellement notre initiative. Nous avons été extraordinairement bien reçus", se réjouit Wulfran Despicht. D'autant bien reçus que l'Angleterre manquait de quelques équipements de très haut niveau, en aviron par exemple, et que ses caisses étaient vides.
Autre partenariat international, celui mis en place avec une province belge voisine. "Nos collègues de la Flandre occidentale, qui participent par ailleurs avec nous à un groupement européen de coopération territoriale, avaient envie de faire la même chose que nous et nous ont demandé de participer, raconte Wulfran Despicht. Nous avons dit oui tout de suite. Cela nous évitait une concurrence inutile et mettait en oeuvre des synergies." Dans le panier de la mariée, la province belge apporte ses propres équipements ainsi que le soutien des fédérations belges et du Comité interfédéral olympique belge. Ce partenariat transfrontalier a également permis d'obtenir des aides de l'Europe.
Le budget de l'opération s'élève à 750.000 euros par an. Il comprend notamment la communication et une équipe dédiée de deux personnes, basée au syndicat mixte de la Côte d'Opale et cofinancée par l'ensemble des partenaires. Outre l'Europe, les plus grands contributeurs sont la région, le syndicat mixte de la Côte d'Opale, la communauté urbaine de Dunkerque et la communauté urbaine de Lille. "La règle du jeu avec les collectivités est de dire : ‘Vos services des sports peuvent être mobilisés pour le projet'. Le rôle de l'équipe est donc d'animer, de mobiliser les forces existantes pour ne pas démultiplier les moyens et dépenser de l'argent. Son rôle est plus de faire faire que de faire elle-même", explique Wulfran Despicht. Quant à l'accueil des compétitions et des stages, il mobilise des crédits de droit commun déjà existants. Une façon de dire que ce projet ponctuel s'inscrit dans la durée... "Les équipements continueront d'exister et d'avoir une pertinence sportive et territoriale après les Jeux", conclut Wulfran Despicht. Une continuité qui a d'ailleurs déjà fait ses preuves. Wulfran Despicht n'oublie pas en effet que la démarche actuelle ne part pas de rien : "La candidature de Lille aux JO de 2004 avait permis de mobiliser l'ensemble des acteurs de la région autour de la question sportive, de faire du sport un sujet de développement pour la région. On a remis en route cet état d'esprit."

Jean Damien Lesay
 

 

Les régions françaises à l'honneur à Londres 2012

"Nous ambitionnons de faire du Club France de Londres, traditionnellement ouvert à la seule famille olympique, un lieu de rencontre et de convivialité rassemblant tous les acteurs du sport français. Il permettra ainsi de promouvoir le savoir-faire des collectivités et de leurs groupements", a déclaré Denis Masseglia, président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), le 2 février dernier, à l'occasion de la signature d'une convention avec le syndicat mixte de la Côte d'Opale, premier associé sur ce dispositif. Le 4 mars, le président du CNOSF était en Bourgogne, autre région qui souhaite s'associer de près aux Jeux de Londres. Durant la compétition, qui aura lieu du 27 juillet au 12 août 2012, les régions françaises partenaires seront accueillies au Club France, situé au coeur de Londres, dans une bâtisse de l'époque victorienne.

 

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