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Culture - La gratuité des musées étendue à tous les jeunes résidant dans l'Union européenne

Depuis le 4 avril, l'accès aux collections permanentes des musées nationaux - mais aussi de nombreux musées locaux - est gratuit pour les jeunes de moins de 26 ans (Français et ressortissants d'un pays de l'Union européenne), ainsi que pour les enseignants du premier et du second degré (voir notre article ci-contre du 27 mars 2009). Cette mesure, âprement discutée, excluait toutefois les jeunes résidant de façon durable en France ou dans l'un des 26 autres pays de l'Union européenne, mais ressortissants d'un pays tiers. Ce cas de figure correspond notamment à celui des nombreux étudiants étrangers venant étudier en France et en Europe. Cette différence selon la nationalité des jeunes avait fait l'objet d'un certain nombre de critiques lors de la mise en place de la gratuité.
Cet oubli est désormais réparé avec l'annonce par Frédéric Mitterrand, le 31 juillet, de l'extension de la mesure "à tous les jeunes, quelle que soit leur nationalité, dès lors qu'ils sont résidents de longue durée dans les pays de l'Union européenne". Le ministre de la Culture a adressé une instruction en ce sens à l'ensemble des musées et monuments nationaux. Elle devrait être appliquée également, à l'initiative de leurs responsables, par la quasi totalité des musées relevant des collectivités territoriales. Frédéric Mitterrand apporte une double justification à cette décision d'élargissement. D'une part, en bénéficiant notamment aux jeunes originaires de pays non-européens qui suivent leurs études en France et dans les autres pays de l'Union, elle renforcerait l'attractivité de notre pays et de l'Europe en matière de formations supérieures. D'autre part - et de façon plus générale -, la gratuité "facilite l'accès aux lieux culturels pour des générations dont la situation financière est souvent fragile. Elle renforce ou réactive leur désir de culture, les incite, certains pour la première fois, à pousser les portes des musées et monuments". En termes quantitatifs, les faits semblent donner raison au ministre. Le communiqué de ce dernier indique en effet que depuis l'instauration de la gratuité de l'accès aux collections permanentes en avril 2009, la fréquentation par les jeunes de 18 à 25 ans des lieux concernés a augmenté en moyenne de 15%. L'impact de la gratuité sur la diversification des publics reste en revanche plus discuté. Un récent rapport de la mission d'évaluation et de contrôle de l'Assemblée nationale estime ainsi que "les résultats de l'expérimentation menée en 2008 n'ayant pas été totalement probants, il serait pertinent de convenir d'une clause de rendez-vous un an après la mise en oeuvre de la gratuité partielle afin d'en évaluer les effets, notamment quant à la composition sociologique du public" (voir notre article ci-contre du 8 juin 2009).

 

Jean-Noël Escudié / PCA