Tourisme - La France peine à retenir les touristes des pays émergents
Après s'être penchée sur le tourisme des Français en 2011 (voir notre article ci-contre du 1er juin 2012), la direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services (DGCIS) publie une étude sur "L'adéquation de l'offre touristique française à la demande étrangère". L'objet de ce travail - qui s'appuie sur les résultats de l'enquête EVE (enquête sur les visiteurs venant de l'étranger) de la DGCIS et de la Banque de France - est de mesurer le degré de satisfaction des touristes étrangers se rendant en France. L'enjeu est de taille, dans la mesure où la France - première destination touristique mondiale - accueille chaque année près de 80 millions de touristes étrangers, dont 85% d'Européens.
L'étude fait apparaître de nombreuses informations intéressantes. Elle met surtout en valeur des différences sensibles entre les touristes européens et ceux originaires des pays émergents. Ainsi, les touristes étrangers dans leur ensemble expriment une nette satisfaction à l'issue d'un séjour en France : 91% d'entre eux se déclarent satisfaits ou très satisfaits, dont 62% très satisfaits. Mais ce dernier pourcentage varie fortement selon le pays d'origine. Il est, par exemple, de 68% parmi les touristes britanniques, mais tombe à 48% pour les touristes asiatiques, dont 43% pour les Indiens et 39% pour les Chinois. Si l'on considère les ressortissants des quatre Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine), le pourcentage des très satisfaits n'est "que" de 50%.
L'étude montre également que les touristes qui reviennent en France sont globalement plus satisfaits que lors de leur premier séjour (63% contre 51%). Mais encore faut-il revenir une deuxième fois ! Or le taux de satisfaction plus faible chez les touristes des pays émergents augure moins d'un éventuel retour... Cet écart risque de se révéler d'autant plus pénalisant que les touristes originaires de ces pays, s'ils ne représentent aujourd'hui qu'une faible part des arrivées, recèlent en revanche le plus fort potentiel d'expansion.
Au final, les relations entre les caractéristiques d'un séjour et le niveau de satisfaction qu'il engendre apparaissent complexes. L'étude permet néanmoins d'identifier quatre facteurs prédominants en matière de satisfaction tirée d'un voyage en France : le pays de provenance, la préexistence ou non d'un séjour en France, le type d'hébergement et la durée du séjour. Derrière ces quatre éléments, d'autres facteurs influencent également la perception du séjour. Ainsi, les espaces urbains sont ceux qui suscitent le moins la satisfaction des touristes étrangers (ce qui peut surprendre compte tenu de l'attractivité internationale de Paris). De même, ni les parcs de loisirs, ni les activités liées à la culture ne satisfont pleinement les touristes internationaux. A l'inverse, d'autres facteurs jouent un rôle positif sur la perception, comme l'existence sur place de réseaux de connaissances (familles ou proches). L'étude en tire d'ailleurs la conclusion que "stimuler ces réseaux engendrerait, par le bouche-à-oreille, un processus vertueux d'accroissement du flux de touristes étrangers vers la France". Mais la réponse passe avant tout par le développement d'une offre spécifique répondant aux attentes des touristes originaires des Bric et des autres pays émergents.
