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Social - La fermeture de places d'hébergement suscite l'incompréhension des associations

Il y a quelques semaines, Cécile Duflot s'était attiré un très large satisfecit en répondant à une demande formulée depuis longtemps par les associations (voir notre article ci-contre du 30 mars 2012). La ministre du Logement annonçait en effet sa décision - prise en concertation avec Marisol Touraine, la ministre de la Santé et des Affaires sociales - de prolonger le dispositif hivernal d'hébergement d'urgence, pour "faire en sorte que d'ici au 31 mai [...], on ne mette plus personne à la rue" (voir notre article ci-contre du 22 mai 2011). Commentant cette décision, l'entourage de la ministre du Logement précisait : "On suspend les fermetures prévues, et d'ici au 31 mai, on va recenser toutes les places nécessaires." Cette décision visait les 2.650 places maintenues après le 31 mars, mais qui devaient, à l'origine, fermer progressivement avant la fin juin.
Il semble que ce recensement des places effectué par le ministère a finalement abouti à valider la pratique antérieure. Le gouvernement a en effet annoncé, le 28 juin, la fermeture des places hivernales dans les centres d'hébergement de sans-abri avant le 1er juillet. Dans un communiqué, Cécile Duflot indique que "d'ici au 1er juillet, date à laquelle les places d'accueil hivernal devront être fermées, les services intégrés d'accueil et d'orientation (Siao) devront poursuivre le travail de cas par cas entamé depuis plusieurs semaines et proposer systématiquement une solution de relogement adaptée aux personnes et aux familles demeurant encore en hébergement hivernal : logement accompagné, accueil dans une structure pérenne d'hébergement ou à l'hôtel". Seules seraient maintenues - avec le concours de la mairie de Paris - 170 places dans la capitale, ainsi qu'à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne).
La mesure annoncée et le délai de trois jours pour trouver une solution ont surpris les associations, qui ont vivement réagi. La Fnars (Fédération nationale des associations de réinsertion sociale) a ainsi demandé d'arrêter "le fonctionnement Météo France", autrement dit une politique fondée sur les températures moyennes. Elle a également fait valoir que les Siao "ne sont pas en mesure de répondre à l'ensemble des demandes". Cette "gestion au thermomètre" est également dénoncée par la Fondation Abbé-Pierre, qui "prend acte" de la décision et rappelle que "les SDF meurent plus l'été que l'hiver en particulier à cause des chutes thermiques". Pour expliquer ce revirement, Mathieu Angotti, le directeur général de la Fnars, suppose "qu'il y a eu un arbitrage défavorable de Bercy", à la recherche d'économies budgétaires.
De son côté, la Croix-Rouge française (CRF) s'est elle aussi dite "étonnée", dans un communiqué, "des annonces subites" sur la fermeture des places hivernales encore ouvertes dans des centres d'hébergement pour sans-abri au 1er juillet. Elle regrette ces décisions, "alors qu'une rencontre est prévue le 5 juillet avec le collectif des associations unies" et que la ministre "s'était engagée à établir un réel dialogue". Enfin, l'association Droit au logement invite les SDF à refuser de quitter leur centre en l'absence d'une proposition de relogement.
S'il faudra sans doute attendre la réunion du 5 juillet pour connaître les raisons de ce revirement subit, il est clair que le problème de fond de l'hébergement reste posé. Dans son communiqué, la Croix-Rouge rappelle en effet "que la question de la saisonnalité est un élément central de la prise en charge régulière et sans interruption des personnes sans logement, les conditions de vie dans la rue étant aussi difficiles en hiver qu'en été". Une demande entendue par Cécile Duflot qui "va confier une mission à la Délégation interministérielle à l'hébergement et à l'accès au logement, pour que soit mis en place un dispositif d'accueil qui réponde aux demandes et apporte des solutions toute l'année". Mais les effets éventuels d'une telle mesure ne devraient pas se faire sentir avant plusieurs mois.