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Développement des territoires - La Datar veut contrecarrer le "risque de développer une économie hors sol"

Mieux anticiper les mutations économiques et limiter leurs effets négatifs. C'est l'objectif des six journées d'échanges nationales organisées par la Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale (Datar) qui doivent se conclure par un séminaire de restitution fin 2012. La première réunion de ce cycle s'est tenue les 18 et 19 mai 2011 sur le thème du dialogue territorial, du développement et du jeu d'acteurs.

La France semble petit à petit se redresser sur le plan économique. Les derniers chiffres communiqués à ce sujet en témoignent. D'après le Groupe des fédérations industrielles (GFI), la production industrielle a ainsi augmenté de 5,8% en 2010 par rapport à 2009 et les exportations de 12,1%. Même écho du côté du ministre de l'Industrie, Eric Besson, qui a récemment souligné que d'après l'Insee, le moral des industriels français s'était stabilisé en avril à 110 points, soit un niveau supérieur de dix points à sa moyenne de longue période, et que l'industrie avait créé 8.300 emplois en 2010. Un phénomène qui n'était plus arrivé depuis 2000… La Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale (Datar) fait le même constat : plus de créations d'emplois que de suppressions d'emplois, et une chute des plans sociaux depuis plus de six mois, qu'il faut toutefois contrebalancer avec la montée en puissance des ruptures conventionnelles. Malgré ces indicateurs positifs, les acteurs du développement économique se mobilisent aujourd'hui pour anticiper au mieux les mutations économiques et limiter leurs conséquences. C'est l'objectif de la Datar, qui organise en 2011 et 2012 une série de séminaires pour réfléchir à ces problématiques. Yannick Imbert, directeur des mutations économiques de la Datar, fait le point après le premier séminaire, consacré au dialogue territorial, qui s'est tenu les 18 et 19 mai.

Localtis : Quelles ont été les conclusions de ces premières journées d'échange consacrées aux mutations économiques ?

Yannick Imbert : Il s'agit d'une démarche d'ensemble qui n'a donc pas vocation à donner des réponses immédiates mais plutôt à aboutir à des consensus. Ces journées ont permis de faire ressortir trois grands enseignements. Il s'agit d'abord de la question du temps, la dictature de l'urgence. Comment par rapport à des accidents économiques industriels qui demandent une réponse très réactive, défensive, urgentiste dans une logique de court terme, arrive-t-on à refondre quelque chose qui peut être pérenne ? C'est la question de la gestion du temps. Autre dimension : la question du territoire pertinent. Il n'y a définitivement pas de territoire type. A chaque territoire doit correspondre un projet, ce qui sous-entend qu'il faut pour les acteurs, comme l'Etat ou les élus, accepter de décloisonner. Enfin, il y a la question de la gouvernance. C'est une lapalissade de dire qu'il y a par moment un trop plein d'acteurs. Au départ, il ne faut vexer personne mais on sait bien que tout projet ne peut être mené par l'ensemble des partenaires… Il faut trouver un juste équilibre entre la nécessité de mettre tout le monde autour de la table et d'accepter que certains sont plus pertinents dans la mise en œuvre des politiques publiques. Ces trois enseignements ne frappent pas par leur originalité, mais le vrai apport de cette réunion est de voir qu'il y a un consensus sur ces questions.

Qu'en est-il du rôle de l'Etat et des collectivités territoriales, dont certains économistes estiment qu'il faudrait qu'elles aient plus de moyens pour agir dans le développement économique ?

La question a été abordée. L'Etat est jugé utile. Il a un rôle majeur à jouer. Dans un jeu compliqué, un "dire" de l'Etat a le mérite d'amener les partenaires à se positionner. On a besoin d'un modérateur, d'un régulateur et l'Etat est fait pour ça, incarné par le sous-préfet. Maintenant, depuis 2004, les régions ont la compétence du développement économique. Ce rôle leur est reconnu et le dialogue entre elles et l'Etat, notamment la Datar, est assez naturel. Nous sommes coproducteurs de stratégies économiques. Concernant la question des moyens financiers, elle peut se résoudre par l'élaboration d'objectifs communs. Ce qui coûte cher, c'est quand il y a trop d'objectifs et d'acteurs, alors que la raréfaction budgétaire est un point commun entre l'Etat et les régions. Le constat de diagnostic partagé est une manière de résoudre le problème des moyens financiers. Par ailleurs, la nécessité d'élaborer des stratégies territoriales communes est devenue une évidence et un besoin impérieux, alors qu'il y avait un risque de perdre cette dimension territoriale dans les politiques économiques, et de développer une économie hors sol. Comment face à un accident économique ne pas provoquer un autre accident ? La réponse tient dans ce qu'on va initier sur le territoire pour éviter les effets de terre brûlée. En Lorraine par exemple, le jour où l'industrie s'est écroulée c'était une catastrophe pour une région monosectorielle. Mais maintenant, grâce à une stratégie territoriale, qui permet de faire travailler Nancy et Metz, la situation est meilleure.

Comment jugez-vous la situation économique actuelle ?

Les deux dernières années ont été difficiles mais les choses ne vont pas si mal. Les dispositifs mis en œuvre, comme la prime d'aménagement du territoire (PAT) qui, avec 40 millions d'euros, a permis de maintenir 120.000 emplois sur les huit dernières années, le Fonds national de revitalisation des territoires (FNRT), ou les conventions de revitalisation, dont on aura bientôt un bilan précis, ont surtout permis de maintenir des emplois plutôt que d'en créer mais nous étions en période de crise. On a une chute depuis plus de six mois des plans sociaux. On ne va pas crier victoire mais on voit bien qu'un certain nombre d'indicateurs se redressent.