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Tourisme - La cité épiscopale d'Albi et les cirques de La Réunion entrent au patrimoine mondial

Réuni à Brasilia du 25 juillet au 3 août 2010 pour sa 34e session, le comité du patrimoine mondial de l'Unesco a inscrit deux nouveaux sites français sur sa liste. Ces deux décisions portent à 35 le nombre de monuments ou sites français inscrits au patrimoine mondial. Le premier dossier est celui de la cité épiscopale d'Albi (Tarn), dont la candidature avait été retenue par la France en février 2009 (voir notre article ci-contre du 11 février 2009). Le site englobe non seulement la célèbre cathédrale Sainte-Cécile, mais aussi le palais épiscopal de la Berbie (qui abrite le Musée Toulouse-Lautrec), l'église Saint-Salvi et son cloître, les rives du Tarn et le Pont-Vieux, ainsi que plusieurs édifices classés monuments historiques. Le comité du patrimoine a retenu la cité épiscopale car, avec ses constructions à base de briques aux tons rouges et orangés fabriquées localement, elle "forme un ensemble de monuments et de quartiers cohérent et homogène qui n'a pas subi de changements majeurs au fil des siècles". Très heureux de cette nouvelle, le maire d'Albi, Philippe Bonnecarrère - présent à Brasilia -, n'a toutefois pas caché, dans une interview au quotidien La Dépêche, ses doutes tout au long d'une procédure longue et difficile, y compris lors de la réunion finale du comité : "C'est en arrivant à Brasilia où j'ai pu mieux mesurer le jeu entre les Etats. Aujourd'hui, le tempo est donné par les pays émergents. Il a fallu déminer courtoisement et sereinement. Pour l'instant, l'Europe concentre près de la moitié des sites classés au détriment de l'Afrique, l'Asie et l'Amérique latine. Face à une logique internationale contraire, j'ai eu peur qu'Albi soit victime d'un rééquilibrage Nord-Sud".

La seconde candidature française retenue par le comité est celle des pitons, cirques et remparts de La Réunion. Ce site couvre une superficie de 100.000 hectares, soit plus de 40% de la surface de l'île. La candidature était portée par le parc national de La Réunion, créé par un décret du 5 mars 2007 à l'issue d'une très longue phase de maturation (le projet remonte à 1985). Le parc national s'est aussitôt félicité de la décision de l'Unesco, qui "reconnaît que l'ensemble des pitons, cirques et remparts créent un paysage spectaculaire et contribuent significativement à la conservation de la biodiversité terrestre des Mascareignes". Signe de l'évolution du comité du patrimoine mondial, les cirques de La Réunion sont le quatrième site naturel français inscrit, après le golfe de Porto en Corse, le Mont-Perdu dans les Pyrénées et les lagons de Nouvelle-Calédonie. "Je suis sûr que ce label prestigieux profitera à ces territoires et plus largement à l'image de la France, qu'il permettra d'améliorer encore la visibilité de ces sites et la préservation de cet héritage", s'est félicité ce 2 août le chef de l'Etat dans un communiqué.

Dernière bonne nouvelle, qui était cependant attendue : malgré le lancement du chantier de son spectaculaire pont levant de 426 mètres de long et 43 mètres de large (voir notre article ci-contre du 7 septembre 2009), la ville de Bordeaux, inscrite le 28 septembre 2007 pour son quartier du Port de la lune, n'a pas été portée sur la liste des sites menacés de déclassement.

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

Un "impact évident" sur le tourisme

Trois questions à Thierry Baudier, délégué général du club parlementaire France-terre de tourisme, chargé de défendre le tourisme français.

Ce type de classement a-t-il un impact sur le tourisme ?
Thierry Baudier : Il y a un impact évident en termes de notoriété, parce que c'est un label qui est aujourd'hui connu et reconnu dans le monde entier, et qui "booste" l'attractivité des destinations. Un certain nombre de tour-opérateurs, notamment en Asie, par exemple au Japon, montent des tours en Europe autour des sites inscrits au patrimoine mondial, parce que c'est une valeur reconnue par les touristes. Pour prendre l'exemple de La Réunion, il y a depuis quelques années une volonté de repositionner l'île dans le concert touristique international. Il y a eu d'abord la création du parc naturel régional [...] et maintenant l'inscription au patrimoine mondial. Pendant longtemps, La Réunion n'est apparue que comme un produit complémentaire à [l'île] Maurice. L'idée et l'objectif avec ce type de classement est de faire de La Réunion une destination en soi.

Cet impact est-il mesurable ?
Il est mesurable dans l'année qui suit, parce qu'il faut le temps de l'inscrire au catalogue des tour-opérateurs. En gros, un produit, pour qu'il apparaisse soit sur internet, soit dans les catalogues papiers, c'est un an. [...] En plus, l'inscription est arrivée en coeur de saison, au moins pour Albi. Pour La Réunion, la haute saison, c'est plutôt l'hiver, donc on le mesurera peut-être dès cet hiver.

Ces sites doivent-ils à présent cibler leur offre touristique, adapter leurs infrastructures ?
L'offre doit être adaptée, absolument, parce que les touristes potentiels, les clients vont s'attendre à avoir un produit de randonnée en l'occurrence pour La Réunion ou de visite culturelle pour la cité épiscopale d'Albi. Il y a eu une étude importante faite par Atout France sur la nécessité de réhabiliter, d'adapter l'offre hôtelière réunionnaise.

Propos recueillis par l'AFP
 

 

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