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Environnement - La Biovallée de la Drôme : déjà 15% d'agriculture bio

En pleines discussions sur la mise en œuvre du Grenelle de l'environnement  et au moment où le gouvernement annonce une rallonge annuelle de 12 millions d'euros pour atteindre l'objectif de 6% d'agriculture bio d'ici à 2012, petit détour par la Drôme et son Grand Projet de Biovallée, avec Didier Jouve, vice-président du conseil régional de Rhône-Alpes chargé de l'Aménagement du territoire et du développement durable. Dans le Diois, le bio représente déjà 25% des surfaces cultivées.


Localtis : Quel est le territoire de la Biovallée de la Drôme ?

Didier Jouve :  C'est un territoire de 102 communes, couvrant 1.850 km2, soit le tiers du département, qui suit le cours de la Drôme depuis sa source sur 106 km. Ici, les exploitations biologiques représentent 15% de la surface agricole, avec un record dans le Diois où le taux est de 25% : on peut dire que c'est le "spot français" du bio. Cette agriculture est portée très largement par les plantes aromatiques et médicinales et un vignoble, avec la Clairette de Die, qui se développe fortement en agriculture biologique.
Nos n'avons pas seulement des producteurs mais aussi des entreprises de transformation dont Sanoflor, rachetée l'an dernier par L'Oréal. Créée il y a une vingtaine d'années autour des huiles essentielles bio, elle compte aujourd'hui plus de 200 salariés. Nous avons également de nombreuses entreprises aromatiques et médicinales comme Phytosan et Herbier du Diois.

 

A quoi tient cette forte représentation de l'agriculture biologique ?

Après un profond exode rural, de nouvelles générations de ruraux sont arrivées de l'étranger avec une nouvelle approche. Sanoflor a été fondée par un Suisse, Herbier du Diois par un Hollandais. L'explication tient aussi à notre agriculture de montagne qui n'est pas susceptible de se convertir au productivisme. Elle est davantage axée sur la qualité.

 

Par qui est portée la Biovallée ?

La vallée de la Drôme s'est organisée depuis plus de trente ans en intercommunalité avec les communautés de communes du Val-de-Drôme et du Diois. D'autres ont vu le jour depuis, mais depuis l'origine, ces intercommunalités sont axées sur le développement durable. La communauté du Val-de-Drôme s'est donnée comme devise dès 1992 : "développement, environnement, solidarité". La vallée de la Drôme a aussi été le premier territoire en France à établir un schéma d'aménagement et de gestion des eaux. Il y a donc une volonté ancienne de coopérer autour du développement durable. Mais aujourd'hui , on donne corps à cette biovallée à travers deux procédures : le pôle d'excellence rurale reconnu comme "Biovallée", qui se donne pour objectif la protection des bio-ressources de la vallée, et la procédure de Grand Projet labellisé par la région.

 

Qu'est-ce qu'apporte ce label de Grand Projet ?

Le but est de s'afficher comme l'équivalent d'un "Fribourg rural" en faisant du développement durable dans l'ensemble des politiques locales : le logement avec les écoconstructions, les modes de transports doux, la production d'énergie, etc. La vallée de la Drôme bénéficie d'une subvention de 5 millions d'euros à laquelle s'ajouteront des aides thématiques de la région. Tout ceci est articulé avec la politique de la région : lycées, formation, transport, agriculture, habitat.
On est en plein chantier pour l'écriture du projet. Cette première partie du travail sera achevée dans les six mois qui viennent. Il faut réaliser les études préalables, mettre en place l'équipe d'ingénierie. Mais quelques actions sont déjà prêtes : un écosite sur la commune d'Eurre, des opérations d'animation sur les énergies renouvelables en direction des particuliers. On mène également une étude sur le site du Martouret à Die. Il s'agit d'une grande propriété de 4 hectares rachetée par la communauté de communes. L'idée est d'en faire un centre de remise en forme par les médecines naturelles et d'accueil. La société civile est également associée à ces réflexions à travers les conseils locaux de développement.

 

Qu'est-ce que vous faites plus précisément pour soutenir la filière bio ?

Ces actions sont soutenues par le conseil régional, principalement à travers une aide à la certification : nous payons 50%  des coûts de certification. C'est quand même un grand paradoxe dans ce pays : il faut payer pour prouver qu'on fait de la qualité quand celui qui fait de la cochonnerie ne paye rien. Or, il s'agit le plus souvent de petits agriculteurs pour lesquels ces coûts sont importants.

 

Que pensez-vous des dernières mesures annoncées par le ministre de l'Agriculture Michel Barnier (voir encadré) ?

Cela ne peut pas faire de mal mais on reste à une petite échelle, de l'ordre de 120.000 euros par département. Le problème est plus celui de l'orientation générale des dispositifs d'accompagnement de l'agriculture qui ne sont pas orientés vers le bio. C'est vrai pour la Politique agricole commune. Or, la réforme en cours qui sera mise en œuvre à  partir de 2013 va complètement chambouler le paysage agricole. Je suis effrayé par le manque d'anticipation. Professionnels et élus locaux n'ont pas cherché à mesurer l'impact. Ces changements sont annoncés depuis le début des années 1990 et il n'y a toujours pas eu de vraie réflexion stratégique au niveau agricole. Lors des débats sur le Grenelle de l'environnement, la FNSEA continuait de s'arc-bouter sur l'utilisation de pesticides. Il y a un gros travail à faire sur le plan culturel car la demande sociale existe bel et bien. Tout dépendra de la réelle volonté politique.

 

Propos recueillis par Michel Tendil

Tripler la surface consacrée au bio d'ici à 2012

Le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, a annoncé mercredi, lors des deuxièmes Assises du bio, une enveloppe supplémentaire annuelle de 12 millions d'euros afin d'atteindre l'objectif fixé lors du Grenelle de l'environnement de tripler la surface des terres consacrées au bio en France d'ici à 2012, de 2 à 6%. Cette rallonge annuelle de 12 millions sera versée pendant trois ans et s'ajoutera à une enveloppe actuelle de 22 millions consacrée aux aides à la conversion pour les agriculteurs qui souhaitent se mettre à la production biologique, a-t-on précisé au cabinet du ministre. Ce coup de pouce budgétaire va permettre de déplafonner les aides, jusqu'ici limitées à 7.600 euros par an et par exploitation, a précisé le ministre.

Source AFP