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Installation en bio : les régions où l’herbe est plus verte

La Nouvelle-Aquitaine et le Centre-Val de Loire sont les deux régions les plus accueillantes pour les installations en agriculture biologique, selon un classement de la Fnab publié le 12 décembre. Ce classement intervient au moment où les régions prennent en main l'installation des agriculteurs au 1er janvier 2023, date d'entrée en vigueur de la nouvelle PAC, avec devant elle le défi du renouvellement des générations. Entre 30 et 40% de porteurs de projets souhaitent aujourd'hui s'installer en bio. Une filière pourtant frappée de plein fouet par la crise.

Au 1er janvier 2023, la nouvelle politique agricole commune (PAC) démarre pour cinq ans. Et les régions vont être les pilotes de l’aide à l’installation des jeunes agriculteurs. Une très grosse responsabilité au vu de la pyramide des âges de la profession. 200.000 fermes vont changer de main d’ici cinq ans, estime la Fnab (Fédération nationale d’agriculture biologique). Alors, quelques jours après le lancement de la concertation pour l’élaboration de la future loi d’orientation et d’avenir agricoles qui doit prendre le problème du renouvellement des générations à bras le corps (voir notre article), la fédération a voulu connaître les régions où il fait bon s’installer en agriculture biologique. Sachant qu’aujourd’hui, "30 à 40% des porteurs de projets souhaitent s’installer uniquement en bio. En face des régions, c’est donc 30 à 40% de la solution du renouvellement des générations", a souligné Philippe Camburet, président de la Fnab, lors d’une conférence de presse en ligne, mercredi 12 décembre. Mais tous ces porteurs de projets ne seront pas accueillis de la même manière.

Pour son classement, la Fnab s’est penchée sur la dotation jeunes agriculteurs (DJA), principale aide à l’installation, réservée aux moins de quarante ans détenteurs de la capacité professionnelle agricole. Jusque-là, elle comportait une part fixée par l’État et quatre bonus ("modulations") dont un favorable à "l’agroécologie", incluant l’agriculture biologique. Désormais, ce sont les régions qui fixent à la fois le montant de base de l’aide et les modulations adaptées en fonction de leurs choix. En fonction de ces derniers, la Fnab a établi une échelle de notation allant de +30 points pour les régions les plus "biofriendly" et pouvant descendre à -15 points. Dans son calcul, elle a retenu par exemple le fait que la bio bénéficie d’une modulation dédiée, que celle-ci ait un montant conséquent (plus du tiers du montant de base) ou qu’il existe une aide aux porteurs de projets non issus du milieu agricole (Nima). Car "ces profils choisissent en majorité de s’installer en bio", précise la Fnab. Elle a aussi introduit des malus, lorsque la région met le label "haute valeur environnementale" sur le même plan que l’agriculture biologique ou lorsque la bio n’est pas reconnue dans la modulation "agroécologie".

Résultat, deux régions se distinguent avec un score de 25 points : la Nouvelle Aquitaine et le Centre-Val de Loire, dont le seul défaut est de n’avoir rien prévu de spécifique pour les personnes non issues du milieu agricole.

"Pas vraiment les bienvenus"

Suivent l’Île-de-France, les Pays de la Loire et l’Occitanie (20 points). À noter que l’Occitanie est la seule à avoir pensé aux Nima. Sur la troisième marche du podium, les régions Paca et Bourgogne-France-Comté obtiennent 10 points. La région Aura est au pied du podium (5 points). Mais trois régions ont le bonnet d’âne : la Bretagne, la Normandie et le Grand Est (- 5 points). Elles n’affichent aucun soutien particulier à l’installation en bio. Cela peut être "rédhibitoire", estime Alan Testard, secrétaire national Futurs Bio à la Fnab, qui s’attend à ce que "des porteurs de projets décident de changer de région dans les prochaines années s’ils n’ont pas accès à une DJA majorée ou si ces territoires considèrent qu’ils ne sont pas vraiment les bienvenus". Les Hauts de France et la Corse n’ont pas encore arbitré leurs choix, se donnant le temps en 2023 de consommer tous les crédits Feader de la précédente programmation. Enfin, la Fnab n’a pas pu obtenir les données des régions d’outre-mer.

Ce classement est "un symbole important, révélateur de la politique agricole des régions qui soutiennent l’agriculture biologique et aussi de l’importance de la reconnaissance des aménités environnementales et des dynamiques en cours", insiste Alan Testard, qui ne désespère pas que les régions réticentes changent d’orientation au cours de la programmation. Et de préciser que la moitié des fermes en bio seront à reprendre dans les prochaines années. Seulement, après avoir connu une longue période de croissance, le marché est percuté de plein fouet par la crise et l’inflation (voir notre article).

Commande publique

La semaine dernière, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, a assuré que l’objectif de 18% de la surface agricole française en bio en 2027 serait maintenu. Il a annoncé une contribution supplémentaire de 750.000 euros au profit de l’Agence bio, pour financer des études et mieux comprendre les raisons de la baisse de la demande. Par ailleurs, le fonds Avenir bio, géré par l’Agence bio et permettant aux producteurs de mieux valoriser leur production, recevra 5 millions d’euros de plus en 2023, soit un budget de 13 millions d’euros. Mais la Fnab plaide pour des aides sonnantes et trébuchantes pour soutenir la filière. Elle fait valoir que les produits bio intègrent dans leurs coûts "les facteurs de protection de la nature" et subissent de fait une concurrence déloyale des modes de production moins vertueux. "Il faudra rétablir l’équilibre. C’est à l’État de décider", estime Philippe Camburet. Selon lui, les collectivités ont aussi un rôle de premier plan à jouer avec la commande publique où les marges sont importantes. "La bio ne représente que 5 à 6% des commandes dans la restauration collective, alors qu’on devrait être à 20% depuis le 1er janvier", déplore-t-il, rappelant les objectifs de la loi Egalim de 2018. "On attend les régions pour renforcer la demande. L’offre est disponible pour répondre à une demande plus importante."

 

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