État des lieux des exploitations, foncier, formation… les enjeux du renouvellement des générations agricoles
Lors d'une conférence organisée le 23 novembre 2022 dans le cadre du Salon des maires, les chambres d'agriculture ont mis en avant les moyens pour favoriser la reprise des exploitations agricoles, avec un focus sur le rôle des collectivités. Un enjeu impérieux avec 100.000 départs à la retraite prévus d'ici 2030. Il sera au coeur de la loi d'orientation et d’avenir agricole annoncée pour le premier trimestre 2023.
Comment faire en sorte que les exploitants agricoles passent le relais à de nouvelles générations d'agriculteurs au moment de partir à la retraite ? La question, qui fera l'objet d'un pacte et d'une loi d’orientation et d’avenir agricole annoncée pour le premier trimestre 2023 (voir notre article du 12 septembre 2022), était l'objet d'une conférence organisée par les chambres d'agriculture dans le cadre du Salon des maires le 23 novembre 2023, avec un focus sur le rôle des collectivités territoriales dans ce domaine. "100.000 agriculteurs vont partir à la retraite d'ici 2030, la réforme des retraites va peut-être reculer l'âge de la retraite, mais il y a aussi des départs en cours de carrière, vers d'autres métiers notamment", a posé François Beaupère, vice-président de Chambres d'agriculture France, président de la chambre régionale d'agriculture des Pays de la Loire et agriculteur. "Il est essentiel d'être tous mobilisés pour cet enjeu de renouvellement." Parmi les premiers défis : recenser toutes les exploitations en fonction de leur état, de leurs besoins, connaître celles qui vont voir leur patron partir à la retraite...
Un bail environnemental et rural sur dix-huit ans
Côté foncier, il va falloir mettre à disposition des terrains, et parfois aménager les terrains existants. "On a créé beaucoup de regroupements, il faut maintenant prévoir d'installer plusieurs exploitations sur un même site, et accompagner les porteurs de projet jusqu'aux questions fiscales, pour les sensibiliser par la carotte plus que par le bâton", a affirmé François Beaupère. "Sur ce point, il faut une volonté politique forte et se donner les moyens, a signalé Laurent Baude, vice-président de la métropole d'Orléans en charge de l'agriculture, maire de Semoy. De notre côté, la commune a acheté des terres agricoles pour les mettre à disposition d'un futur exploitant que nous avons trouvé grâce à la chambre d'agriculture." Un foncier agricole de 6 hectares à l'est du centre-bourg au lieu-dit "Le Champ Renard" a ainsi été mis à disposition du nouvel exploitant, Jérôme Minec-Dubé, originaire de la région parisienne et initialement ingénieur dans le domaine spatial. Ce maraîcher bio a bénéficié de l'accompagnement d'une couveuse d'entreprises agricoles installée à Blois.
Il a également signé avec la commune un bail environnemental et rural sur dix-huit ans : l'agriculteur s'engage à respecter les règles de l'agriculture bio et de préservation de l'environnement local. En échange, il bénéficie d'un loyer modéré et d'une garantie dans le temps de ses investissements. Par ailleurs, la commune a trouvé un terrain permettant à l'agriculteur de construire une maison pour loger sa famille. Une convention a également été signée avec la chambre d'agriculture qui accompagne le maraîcher dans ses démarches bancaires.
Les nouveaux exploitants n'ont pas les mêmes attentes
L'accompagnement des porteurs de projet est un défi de taille. "On a aujourd'hui des jeunes ou des moins jeunes, en reconversion, qui n'ont pas les mêmes attentes en termes de production, de profession et même de vie, a expliqué Jean-Marie Fortin, président de la chambre d'agriculture du Loiret et agriculteur. Beaucoup de nos enfants s'éloignent du métier, notamment face à la pression sociétale qui est dure à vivre." Des nouveaux profils qui ont besoin de formation, en termes de production mais aussi pour gérer une entreprise, et élaborer les contrats liés au foncier. "Pour accéder au foncier, on doit créer une relation avec le propriétaire, avec le bail rural qui est comme un contrat, a détaillé François Beaupère. On doit en discuter, et 40% des jeunes qui s'installent n'ont pas ces codes, demain ils seront même 60%."
Globalement, a souligné Jean-Marie Fortin, "il faut deux types de formation : faire connaître son environnement, l'aspect réglementaire, mais aussi l'aspect économique, l'élaboration d'un business plan. C'est l'intérêt des couveuses ; dans le Loiret, chaque année, une installation est issue de cette couveuse". Les sujets annexes de collaboration entre les agriculteurs et les collectivités sont nombreux. "Nous travaillons sur le renouvellement des générations, avec notamment la couveuse agricole, mais aussi sur la transition écologique, la souveraineté alimentaire, le projet alimentaire territorial (PAT), a détaillé Jean-Marie Fortin, mais aussi sur la gestion de l'eau, la végétalisation de la métropole avec un concours de jardins éphémères."