Insécurité et délinquance : les indicateurs virent au rouge écarlate en 2022 

Un premier bilan de la délinquance enregistrée en 2022 fait ressortir une hausse de tous les indicateurs ou presque, et souvent dans des proportions importantes. Le nombre de victimes de coups et blessures volontaires et de violences sexuelles enregistrées continue ainsi sa course folle – entamée pour les premiers, qui s’accélère pour les secondes, depuis 2017 –, n’épargnant aucun territoire ou presque. Les cambriolages et vols de véhicules, mis en sourdine par les confinements, retrouvent peu ou prou leurs niveaux d’avant crise sanitaire.

Le ciel de la délinquance enregistrée continue de s’assombrir en France (voir notre article du 2 février 2022). Les nuages s’y font même plus gros. "La quasi-totalité des indicateurs de la délinquance enregistrée en 2022 sont en hausse", constate le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) dans sa "première photographie" qu’elle vient de publier (un bilan complet la précisera à l’été). Pis, les hausses enregistrées sont conséquentes dans la plupart des cas : "Forte hausse des coups et blessures volontaires" (+15%) ; "Les violences sexuelles augmentent nettement" (+11%) ; "Les vols sans violence contre des personnes augmentent très nettement" (+14%) ; "Très nette hausse des cambriolages de logements" (+11%) ; "Très nette hausse des vols de véhicules" (+9%) ; "Nette hausse des vols dans les véhicules" (+9%) ; "Les vols d’accessoires sur véhicules augmentent très fortement" (+30%) ; "Très nette hausse du nombre de mis en cause pour usage de stupéfiants" (+13%) ; "Très nette hausse des escroqueries" (+8%) sont ainsi autant d’intertitres qui rythment cette publication. Augmentent également, mais de manière moins prononcée, les homicides, les vols avec armes (+2%), les destructions et dégradations volontaires de biens (+1%) et les mis en cause pour trafic de stupéfiants (+4%) enregistrés. Seule embellie dans ce ciel qui menace orage, le nombre de vols violents sans arme enregistrés (-4%), qui lui poursuit "sa diminution régulière entamée en 2013".

Forte hausse des coups et blessures volontaires, dans et hors cadre familial

Particulièrement frappant, le nombre de victimes de coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans et plus, qui poursuit son envolée, entamée en 2017. En cinq ans, le nombre de victimes enregistrées trimestriellement a quasiment doublé, passant de 50.000 à près de 90.000 (353.600 victimes enregistrées au total en 2022). Et l’étude de rappeler que "la majorité des victimes ne déclarent pas les faits […]. En 2020, un peu plus d’un tiers des victimes de violences physiques ont porté plainte". Cette nouvelle hausse est aussi bien portée par les violences intrafamiliales (+17%) – chiffre expliqué en partie par un effet positif du "Grenelle des violences conjugales" – que par les autres coups et blessures volontaires (+14%).

De même, le nombre de victimes de violences sexuelles enregistrées, après une hausse de 33%, continue sa course à deux chiffres (+11%). Là encore, un résultat expliqué par "une évolution du comportement de dépôt de plainte des victimes dans le prolongement de l’affaire Weinstein". Le chemin à parcourir reste néanmoins important, puisque "un peu plus d’une victime de violences sexuelles conjugales sur sept et un peu moins d’une victime de violences sexuelles hors cadre familial sur dix a déposé plainte en 2020", rappelle l’étude.

On relèvera également qu’après avoir fortement baissé en 2020 du fait des confinements, les cambriolages et les vols de véhicules (et dans les véhicules) sont repartis à la hausse. Les premiers restent toutefois inférieurs aux niveaux d’avant la crise sanitaire, contrairement aux seconds qui retrouvent un niveau proche d’avant-Covid.

Un mouvement qui affecte souvent la quasi-totalité des territoires

L’étude observe que la hausse des victimes de coups et blessures volontaires ou de violences sexuelles enregistrées touche la quasi-totalité du territoire, même si les proportions varient. Ainsi, s’agissant des victimes enregistrées de coups et blessures volontaires, "quatre départements portent à eux seuls un cinquième de la hausse au niveau national" : Paris, le Nord, le Pas-de-Calais et la Seine-Saint-Denis. Les plus fortes hausses (supérieures à 30%) se retrouvent toutefois dans le Territoire de Belfort, le Tarn-et-Garonne et les Côtes-d’Armor.

Dans le détail, 96 départements voient le nombre de victimes de violences intrafamiliales enregistrées augmenter, la hausse nationale étant portée par le Nord, le Pas-de-Calais, la Seine-Saint-Denis et Paris (les hausses les plus fortes affectant le Territoire de Belfort, le Tarn-et-Garonne et l’Ain). Et 88 départements voient progresser le nombre de victimes de coups et blessures hors cadre familial enregistrées, la hausse nationale étant ici principalement portée par Paris, le Rhône et la Haute-Garonne (les hausses les plus importantes se retrouvant dans le Territoire de Belfort, les Ardennes, les Landes et le Cantal).

S’agissant des victimes enregistrées de violences sexuelles, la hausse est également "quasi généralisée". Elle est toutefois plus forte "dans les régions affichant des taux par habitants plus faibles" (Île-de-France, Grand Est, Occitanie, Paca, Bretagne), exception faite de La Réunion, où elle est également importante (le taux étant légèrement supérieur dans les Drom).

La hausse des vols sans violence contre des personnes enregistrés touche également tous les départements sauf un, Mayotte (qui voit en revanche le nombre de vols avec armes fortement augmenter). La hausse des cambriolages de logements touche la majorité des départements, mais est "particulièrement marquée dans l’Ouest, en Bretagne et en région Pays de la Loire". Pour les vols de véhicules, les hausses les plus "contributrices" sont enregistrés dans les Bouches-du-Rhône, la Seine-et-Marne et le Rhône. La hausse des escroqueries est également constatée dans la plupart des départements, Paris et les Yvelines étant les plus gros contributeurs.

À l’exception notable des mis en cause pour usage de stupéfiants

À l’inverse, la hausse du nombre de mis en cause pour usage de stupéfiants "n’est plus portée par l’ensemble du territoire". En baisse, le Tarn-et-Garonne, le Lot (seul département à connaître une deuxième baisse significative après 2021), la Corrèze ou la Seine-Saint-Denis, où la baisse est "plus modérée mais contribue davantage à la baisse nationale". Dix-neuf départements sont eux en forte hausse (de 23 à 66%), Paris et les Bouches-du-Rhône étant les plus gros contributeurs. Dans les départements en hausse, cette dernière est portée par les amendes forfaitaires délictuelles, à l’exception de la Lozère, la Charente, le Var et la Haute-Vienne.

 

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