Relative homogénéité territoriale pour les homicides intrafamiliaux, hétérogénéité pour les homicides crapuleux
Une étude du ministère de l’Intérieur montre que les homicides affectent particulièrement les unités urbaines comprises en 100.000 et 200.000 habitants, et singulièrement l’outre-mer et la Corse. Si les règlements de compte sont davantage encore surreprésentés dans les grandes unités urbaines, la répartition territoriale est beaucoup plus homogène pour les homicides intrafamiliaux.
Le service statistique du ministère de l’Intérieur vient de dresser le bilan des 4.983 homicides enregistrés en France entre 2016 à 2021. Il en ressort notamment que 45% d’entre eux sont commis en agglomération parisienne ou dans des unités urbaines de plus de 200.000 habitants, soit une part légèrement supérieure à la population. Rapportés à cette dernière, les villes de 100.000 à 200.000 habitants sont les plus touchées par le phénomène (6% de la population et 10% des homicides). À l’inverse, les communes hors unités urbaines ne représentent que 13% des homicides, pour 20% de la population.
L’outre-mer et la Corse particulièrement touchées
Un déséquilibre "largement dû aux départements et régions d’outre-mer", explique la note. Les Drom représentent 43% des homicides commis dans des unités comprises entre 100.000 et 200.000 habitants, pour 25% de la population des agglomérations de cette taille. De manière générale, rapportés à la population, les homicides sont plus fréquents outre-mer et en Corse. Sur la période étudiée, le taux moyen annuel d’homicide est de 1,2 pour 100.000 habitants sur l’ensemble du territoire. Il est de 4,2 dans les départements d’outre-mer, "chacun d’entre eux faisant partie des 10 départements les plus concernés" par le phénomène. Le taux atteint même 11,2 en Guyane (et 6,4 en Guadeloupe et 4,8 en Martinique). En métropole, les départements les plus touchés sont la Haute-Corse (3,8), la Corse-du-Sud (3,3), les Bouches-du-Rhône (2,7) et les Pyrénées-Orientales (2).
La surreprésentation des grandes unités urbaines est encore plus marquée pour les règlements de compte : 70% sont commis dans les unités de plus de 200.000 habitants (16% en agglomération parisienne et 54% hors Île-de-France). Les Bouches-du-Rhône représentent 31% de ces homicides. Cette surreprésentation des grandes unités urbaines ne se retrouve en revanche pas pour les homicides intrafamiliaux – l’agglomération parisienne est ainsi sous-représentée (9% de ces homicides et 16% de la population). Elle persiste en revanche dans les unités urbaines comprises entre 100.000 et 200.000 habitants (7,4% des homicides et 5,8% de la population). La disparité entre départements est néanmoins beaucoup plus faible pour ces homicides intrafamiliaux (de 0 pour 100.000 habitants en Lozère à 1,1 en Guyane).
Victimes et auteurs présumés : un homme, jeune
Les deux tiers des victimes sont des hommes, 38% d’entre eux ayant entre 20 et 39 ans. La tranche d’âge des 25-29 ans est la plus affectée, les moins de 5 ans représentant toutefois 7% du total, le taux étant identique pour les plus de 80 ans. Le profil varie toutefois fortement suivant le type d’homicide : les homicides intrafamiliaux touchent ainsi deux fois plus les femmes (sauf pour les moins de 20 ans) que les hommes. 59% des femmes victimes d’homicides ont été tuées par un membre de leur famille, et 39% par un conjoint ou ex-conjoint. Les hommes sont, eux, quatre fois plus souvent victimes que les femmes des homicides hors cadre familial (les victimes de règlement de compte étant même à 99% des hommes).
Les mis en cause sont à 85 % des hommes, relativement jeunes : 19% ont entre 20 et 24 ans (alors qu’ils représentent 6% de la population). Près de la moitié ont entre 15 et 29 ans (18% de la population), et 60% entre 15 et 34 ans (24% de la population). Non sans logique, les moins de 25 ans sont en revanche sous représentés chez les auteurs présumés d’homicides intrafamiliaux. Enfin, les "personnes de nationalité étrangère" sont à la fois plus nombreuses parmi les victimes (14%) et les mis en cause (17%) que leur part dans l’ensemble de la population (7%).