Transports - Ile-de-France : un rapport du CESR pointe les hauts et les bas du plan de déplacements urbains
Le 12 mai, le conseil économique et social régional d'Ile-de-France (CESR) a rendu public un rapport et un avis portant sur la révision du plan de déplacements urbains d'Ile-de-France (PDUIDF). Réalisé par la commission transports de cette instance, l'ensemble sera transmis dans les prochains jours à la région. A partir de là, celle-ci pourra en tirer des préconisations en vue d'élaborer son avant-projet de plan, qui sera soumis aux élus régionaux à l'automne 2010. "Ce rapport vise à éclairer ceux qui prennent des décisions et contribue à une meilleure lisibilité des enjeux", a souligné Jean-Claude Boucherat, président du CESR. Enclenchée fin 2007 par le Stif, cette procédure de révision n'en est en fait qu'à ses prémices : une fois cerné le projet d'ici 2010, il restera les étapes de saisine, de délibération des collectivités concernées, d'enquête publique puis d'approbation définitive en 2012. C'est dire si ce rapport intervient en amont d'une démarche par ailleurs marquée par le bilan en demi-teinte du précédent PDU 2001-2007, dressé par le Stif il y a deux ans. "S'il a rencontré une bonne adhésion en termes de gouvernance, un effort toutefois s'impose pour éviter l'essoufflement qu'a rencontré sa dynamique", motive sur ce point le rapport.
Le CESR ajoute que "les moyens financiers n'ont pas toujours été à la hauteur, le désengagement de l'Etat n'ayant fait qu'accentuer ce phénomène". Le financement du précédent PDU a été évalué par le Stif à 2,2 milliards d'euros (50% CPER, 25% région, 25% Stif). Sans être encore chiffré, la financement du prochain sera de toute évidence "important". Selon le CESR, il nécessitera une "forte implication des collectivités" pour accompagner les moyens dégagés par le Stif et la région, "qui n'auront bien souvent qu'un caractère incitatif". Dès lors, parmi les pistes évoquées par ce rapport, la contractualisation avec les collectivités et la recherche de nouvelles sources de financement provenant de "bénéficiaires indirects" du PDU tiennent une grande place. Par ailleurs, le PDU devra être compatible avec le plan régional de qualité de l'air (PRQA) et la loi sur l'air (Laure), mais aussi avec le schéma directeur de la région (Sdrif), qui a été voté mais pas encore approuvé par l'Etat via un décret en Conseil d'Etat. "Puisqu'il existe, il faut donc s'attendre à retrouver tôt ou tard le Sdrif sur notre chemin", a tenu à rappeler Jean-Claude Boucherat.
Le rapport préconise également un renforcement du caractère prescriptif du PDU et une meilleure évaluation en amont de cet outil. Et soutient l'idée de s'appuyer sur le futur PDU pour asseoir et élargir les compétences du Stif. Lequel pourrait déléguer à terme "davantage de compétences à des autorités organisatrices de proximité", par exemple les communautés d'agglomération. Parmi les autres préconisations intéressant les collectivités, certaines sont classiques et attendues (améliorer l'intermodalité, les modes doux, la sécurité du piéton, etc.), et d'autres moins. Ainsi, l'accent est mis sur l'expérimentation de modes de transports innovants, tels que le transport à la demande, dont il y a encore trop peu d'exemples en Ile-de-France (excepté à Mantes-la-Jolie et Roissy). De même, le CESR est particulièrement attentif au développement du transport de marchandises en zone dense, que "le futur PDU devra davantage prendre en compte", notamment en termes de logistique (rationaliser la réglementation sur les livraisons en ville, ne plus éloigner les zones logistiques ni privilégier sans raison les véhicules légers aux poids lourds, etc.).
Morgan Boëdec / Victoires-Editions