Mobilité - Vers un coup d'accélérateur pour les projets de transports en Ile-de-France
Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux Transports, a indiqué le 2 juin qu'il allait "regarder avec intérêt" la proposition de plan de modernisation des transports franciliens que Jean-Paul Huchon, président de la région et du Stif (Syndicat des transports d'Ile-de-France), chiffre à 17 milliards d'euros pour les dix ans à venir. La question du financement du réseau de transports, largement saturé, a donné lieu ces dernières semaines à une vive polémique entre Jean-Paul Huchon et son opposition. Le président de la République lui-même est monté au créneau la semaine dernière sur la modernisation de la ligne A du RER, victime selon lui de "l'immobilisme" et des querelles "politiciennes" des responsables franciliens.
Alors que Jean-Paul Huchon a invité l'Etat à contribuer "à hauteur des enjeux" au plan de modernisation, Dominique Bussereau a estimé de son côté que cela valait "la peine d'investir". "Il faut voir sous quelle forme on le fait, s'il y a des formes d'emprunt de la part des collectivités et quelle peut être la part de l'Etat". Le secrétaire d'Etat a reconnu que l'Ile-de-France avait "pris du retard" en matière de transport public et qu'il fallait "passer au-delà des enjeux politiques".
Pour améliorer l'offre, le Stif a annoncé lors de son dernier conseil d'administration, le 29 mai, 140 millions d'euros supplémentaires dans le budget 2008, "en forte augmentation". 4,5 millions d'euros seront engagés dès cette année pour "doubler la capacité des rames du RER A en heures creuses". Nicolas Sarkozy ayant autorisé la RATP à "mettre sur le tapis entre 250 et 300 millions d'euros, la Région sera au rendez-vous", a confirmé Jean-Paul Huchon. Sont également prévus 545 millions d'euros de programmes nouveaux d'investissement dont 240 millions d'euros pour l'accélération de la mise en oeuvre d'un plan exceptionnel d'amélioration du service des lignes ferroviaires franciliennes.
Par ailleurs, la SNCF, la région, le STIF et les départements concernés viennent d'annoncer le coup d'envoi en 2009 des travaux de la future rocade ferrée d'Ile-de-France devant relier à terme Sartrouville (Yvelines) à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), distants de 28 km. La mise en service du premier tronçon de cette "Tangentielle Nord", Epinay-sur-Seine-Le Bourget, devrait intervenir au premier semestre 2014, l'ouverture de la ligne dans son intégralité étant envisagée à l'horizon 2017. Il s'agit selon la SNCF du plus gros projet ferroviaire de la région depuis le début de la mise en service de la ligne E du RER en juillet 1999.
Cette rocade traversera la Seine-Saint-Denis, le Val d'Oise et les Yvelines, desservant 14 gares, dont 6 nouvelles et 8 réaménagées, et assurera de nombreuses correspondances (5 lignes de RER, trains Transilien SNCF de Paris-Nord et Paris-Saint-Lazare, tramway T1 et futur tramway Saint-Denis-Epinay-Villetaneuse).
Utilisant une "logique de métro", avec le passage d'un train toutes les 5 minutes aux heures de pointe, elle permettra aussi d'améliorer la desserte de 15 zones urbaines sensibles situées à moins de 750 mètres de la ligne. Les travaux sont estimés à environ un milliard d'euros et le matériel roulant à 160 millions d'euros.
Anne Lenormand avec AFP