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Transports - Les élus franciliens interpellent le Stif pour trouver des solutions à court terme

L'Université des maires d'Ile-de-France (IDF) qui s'est tenue le 24 septembre à Paris s'est concentrée sur les deux problématiques de gestion de l'eau et des transports. Si la première a fait l'objet d'analyses éclairantes au sujet notamment de l'assainissement non-collectif, c'est le problème de la mobilité francilienne qui a suscité les plus vives réactions de la part des élus présents. Marquée par une croissance des déplacements de banlieue à banlieue, une congestion routière et une dégradation de la qualité de service des transports en commun, cette question doit faire face à un certain nombre de priorités, parmi lesquelles : organiser davantage l'urbanisation autour des lignes et des gares ou moderniser les réseaux structurants (schémas directeurs des RER). Sans oublier l'accessibilité à l'emploi et le transport de marchandises, un domaine marqué par quatre projets (canal Seine-Nord, autoroute ferroviaire à Brétigny, TGV fret à Roissy, taxation des poids lourds).

Alors que le plan de déplacements urbains (PDU) d'Ile-de-France va être révisé dans les prochains mois, le Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif) a rappelé que "ce PDU a fixé un cap d'amélioration de la qualité de service mais qu'il reste à territorialiser les enjeux à l'échelle des collectivités". Financé par le Stif et la région, le programme d'amélioration des pôles d'échanges qu'intègre ce PDU suit son cours, avec une dizaine de chantiers bouclés et une trentaine de prévus. Un tel programme implique les élus dans la phase d'études techniques. De même pour le réseau de bus régional Mobilien.

Reste à renforcer, dans un contexte d'éclatement des compétences de voirie, les niveaux de gestion des équipements d'intermodalité et la qualité des 547 parcs-relais recensés. Essentiels en zone périurbaine, ceux-ci sont en effet peu identifiables (un projet de label est donc visé) et souvent sous-intégrés à leur environnement.

Le projet de rocade métro de proche couronne visant à absorber la forte demande en banlieue a également été évoqué. Le rôle des élus a été mis en avant pour "s'emparer à terme de cet outil de rocade afin de densifier et faire de la ville". Hors normes, ce projet de 60 stations vise à désaturer le réseau parisien en devenant une ligne puissante, structurante et absorbant près d'un million de voyageurs par jour - soit autant que le RER A.

Autres projets abordés : le prolongement du RER E vers Seine-aval et Mantes-la-Jolie (1,5 million d'euros, gain de 20 minutes sur un trajet comme Mantes-la-Jolie-La Défense) et la rocade ferrée en moyenne couronne. Celle-ci vise à réinvestir, pour un coût modéré, la Grande Couronne déjà utilisée au 19e siècle et affectée actuellement au fret ferroviaire. Une première déclaration publique a été actée dans le nord francilien. "Ces projets, cela fait quatre mandats qu'on en entend parler !", a réagi un élu d'Ivry.

"Si les rapports entre le Stif et les élus se sont détendus depuis que ces derniers y participent, il faut encore pour avancer un meilleur mode de gouvernance et des financements appropriés. Quant au dialogue entre la ville de Paris et les autres élus franciliens, il reste à inventer", a poursuivi Hervé Marseille, maire de Meudon et vice-président du conseil général des Hauts-de-Seine. Et Gérard Ruffin, secrétaire général de l'Union des maires de Seine-et-Marne, d'ajouter que "persiste une région à deux vitesses et que c'est peut-être bien ainsi. Mais pour préserver une cohérence régionale, il faut éviter un complet décrochage de pans entiers de territoires. Le transport est vital économiquement. Mais la méfiance règne encore entre élus et grands techniciens du Stif". Tout comme le représentant des élus des Yvelines, Jean-Marie Tétart, maire de Houdan, il a par ailleurs regretté le manque de solutions à court terme et souligné l'importance des transports scolaires et du transport à la demande. Selon eux, le Stif ne prend pas suffisamment en compte ces enjeux. En se focalisant sur le report modal, il écarte un peu trop vite l'enjeu routier alors même qu'il peut être associé au développement du bus. Devenue un mot tabou, la voiture fait encore vivre ces "territoires en devenir" qui, tout en s'intéressant aux beaux projets régionaux, exigent qu'on tienne compte de leurs besoins et spécificités.

 

Morgan Boëdec / Victoires Editions