Comité interministériel du 6 mars 2015 - Il n'y a pas que les "colos" dans la circulaire du 22 juin !
Les 10,18 millions d'euros de crédits débloqués en 2015 pour soutenir les mesures décidées lors du comité interministériel à l'égalité et à la citoyenneté du 6 mars 2015 (voir notre article du 10 mars 2015), dans les champs de la jeunesse, de l'éducation populaire et de la vie associative, vont pouvoir être utilisés pour expérimenter les "colos nouvelle génération", mais surtout pour soutenir les associations, créer des fabriques d'initiatives citoyennes, former des animateurs...
L'ensemble de ces actions sont décrites dans une instruction adressée aux préfets de région le 22 juin par Jean-Benoît Dujol, délégué interministériel à la Jeunesse. Sur les 10,18 millions d'euros, les deux tiers - 7,38 millions d'euros exactement - iront au "renforcement des capacités des associations d'éducation populaire et de jeunesse dans les quartiers de la politique de la ville et les territoires fragiles", dont 67.000 euros sont destinés à la création en 2015 de 20 fabriques d'initiatives citoyennes (avec un objectif de 100 "à terme").
Chaque fabrique bénéficiera d'une subvention d'amorçage de 30.000 euros
L'instruction indique que le soutien apporté par l'Etat à chaque fabrique d'initiatives citoyennes comprendra un poste Fonjep (fonds de coopération de la jeunesse et de l'éducation populaire) accompagné d'une subvention d'amorçage de 30.000 euros. En revanche, il faudra attendre 2016 pour solliciter des crédits pour la formation des bénévoles.
Les préfets doivent proposer au ministère une liste de "lieux d'accueil du public existants" susceptibles d'accueillir les fabriques (le comité interministériel avait donné comme exemple les centres sociaux, MJC et maisons de quartiers). Dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, ils devront veiller à leur articulation avec les tables de quartier, les conseils citoyens et/ou le fonds de participation des habitants.
Si tout cela est encore un peu flou, c'est peut-être parce que la charte de référence expliquant le cadre d'intervention n'est pas encore calée. Elle sera prête et transmise aux préfets "dans les meilleurs délais", leur promet-on.
100 nouveaux postes Fonjep
Le gros des 7,38 millions d'euros consacrés aux associations n'ira toutefois pas aux fabriques. Un peu moins de la moitié ira abonder les crédits destinés à soutenir les associations d'éducation populaire implantées dans les "territoires fragiles". Les enveloppes régionales sont indiquées en annexe de l'instruction, les mieux dotées étant celle de l'Ile-de-France (487.279 euros), du Nord-Pas-de-Calais (223.666 euros) et de Rhône-Alpes (211.396 euros).
Le ministère annonce également 100 nouveaux postes Fonjep mis à la disposition des 42 départements sous-dotés en métropole et en outre-mer. La répartition est indiquée en annexe. Les premiers bénéficiaires sont les Bouches-du-Rhône (10 postes), le Nord (9), le Pas-de-Calais (7), le Rhône (6) et la Gironde (5).
L'instruction indique aussi que des postes supplémentaires (20 en 2015) seront mis à disposition des têtes de réseau associatives nationales qui accompagnent les associations locales dans la mise en place d'initiatives citoyennes, d'action d'éducation à la citoyenneté, aux médias et aux réseaux sociaux, et de pratiques innovantes en matière d'éducation populaire. Et le fonds pour le développement de la vie associative (FDVA) soutiendra en 2015 l'expérimentation de projets visant la structuration du tissu associatif local. Projets conçus par des associations nationale et mis en œuvre sur des territoires "fragiles" (voir notre article du 8 janvier 2015).
Renouveler les loisirs destinés aux ados
Sur les 10,18 millions d'euros de crédits débloqués en 2015 pour soutenir les mesures décidées par le comité interministériel, 1,4 million d'euros sont destinés à l'"offre de loisirs renouvelée pour les adolescents". C'est dans ce cadre que sont expérimentées les "colos nouvelle génération" via l'appel à projets "GénérationCampColo" lancé le 17 juin (*). D'ores et déjà, quelque 90 "colos" ont, à la date du 7 juillet, répondu à l'appel à projets qui mobilisera cette année 700.000 à 800.000 euros, a indiqué le ministère de la Jeunesse à notre confrère ToutEduc.
En annexe de l'instruction, il est rappelé que les "colonies de vacances", organisés principalement par des associations et des collectivités locales, souffrent d'une baisse de fréquentation (1,3 million d'enfants, contre 1,5 million encore en 2008) due à une série de facteurs que la "nouvelle génération" de colos entend enrayer. Parmi ces facteurs : le développement de pratiques commerciales "dans un secteur longtemps porté par des bénévoles et des militants", avec un recours plus grand à des appels d'offres et des prestations de services "qui ont modifié le rapport à l'engagement éducatif des organisateurs". "Nombreux sont les organisateurs qui sous-traitent les séjours, pouvant parfois faire baisser la qualité et rompre le lien de confiance et de proximité avec les familles."
Les "colos nouvelle génération" seront ancrées dans le territoire
Voilà pourquoi les "colos nouvelle génération" doivent offrir "une certaine authenticité garantissant une qualité éducative, une proximité organisateur-famille et une inscription dans le territoire". Inscription ou "ancrage" pour permettre la découverte de l'environnement local (faune, flore, découverte des métiers) mais aussi pour "permettre de réduire les coûts du séjour" en nouant des partenariats locaux avec les collectivités, les services de l'Etat, les associations et les acteurs économiques.
Il serait ainsi bien vu que la restauration des colos fasse appel aux circuits courts. A noter que ces nouvelles colos doivent aussi accueillir des enfants porteurs de handicap et "à besoins particuliers".
L'instruction annonce également, pour la fin de l'année 2015, une action d'envergure visant à soutenir le développement d'une offre de loisirs éducatifs pour les adolescents qui passerait par l'extension des projets éducatifs territoriaux (PEDT) à la tranche d'âge "collège" ainsi que la mise en place de politiques éducatives globales comprenant un volet "adolescents et jeunes".
300 jeunes en dispositif Sésame en 2015
Tout comme le renouvellement de l'offre de loisirs pour les adolescents, le "renforcement de la cohérence de la chaîne éducative" mobilisera en 2015 une enveloppe de 1,4 million d'euros de crédits. Elle financera le dispositif "Sésame" (l'acronyme de "Sésame vers l'emploi pour le sport et l'animation dans les métiers de l'encadrement") qui vise à accompagner en 2015, dans le champ de l'animation, 300 jeunes âgés de 16 à 25 ans (et par ailleurs 300 dans le champ du sport). Des jeunes rencontrant des difficultés d'insertion sociale et/ou professionnelle et habitant un quartier prioritaire ou en zone de revitalisation rurale (ZRR). Objectif de Sésame : "les amener vers un emploi dans l'animation (ou le sport) par l'obtention d'une qualification". Une circulaire, datée du 22 juin, a d'ores et déjà été adressée en ce sens.
Une formation "de premier niveau" est également prévu pour "répondre aux besoins de qualification des animateurs (formation continue) au niveau local" et "contribuer à l'amélioration de la qualité éducative des activités destinées aux jeunes". Les modalités d'organisation de cette formation seront "précisées dans les meilleurs délais".
Valérie Liquet
(*) La phase d'expérimentation se déroulera en deux phases auxquelles correspondent deux appels à projets : une première phase d'expérimentation durant l'été 2015 (du 18 juillet au 30 août) ; une seconde phase d'expérimentation durant les petites vacances d'automne, de Noël et d'hiver 2016. Les résultats des appels à projets seront annoncés dans le courant du mois de juillet.