Fréquentation et attractivité des centres-villes : les bénéficiaires du programme Action cœur de ville résistent mieux
L'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) a présenté les premiers résultats de "l'Observatoire des mobilités dans les centres-villes du programme Action cœur de ville", nouvellement créé. Ils montrent que les centres-villes du programme ont été en moyenne plus attractifs et davantage fréquentés que ceux des villes hors programme.
Toujours soucieuse de suivre de près l'impact du programme Action cœur de ville (ACV), l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) a créé un nouvel outil : "l'Observatoire des mobilités dans les centres-villes Action cœur de ville", dont elle vient de présenter les premiers résultats (portant sur la période allant d'août 2020 à août 2021). Grâce au concours de la start-up Mytraffic, l'objectif est de suivre et d'analyser l'évolution de l'attractivité des "222 territoires (et 235 villes) ACV", via trois indicateurs : la fréquentation piétonne dans le cœur de ville, appréciée en nombre de visites uniques par jour ; le niveau d'attractivité de ce cœur de ville, tant à l'égard des habitants de l'agglomération (apprécié via le pourcentage d'habitants de l'agglomération s'y étant rendu au moins une fois dans le mois) qu'au-delà (via la part des visiteurs extérieurs à l'agglomération). Le tout en comparant ces résultats avec ceux de 251 villes moyennes hors programme ACV (liste non communiquée).
Des centres-villes ACV plus attractifs et bien fréquentés
Sur ces trois critères, il ressort de l'enquête que les centres-villes ACV s'en sortent mieux que ceux des villes hors programme.
Leur taux d'attractivité moyen s'établit ainsi à 85%, soit plus du double de la moyenne des villes hors programme (41%). Concrètement, cela signifie que 85% des habitants de l'agglomération se sont rendus au moins une fois dans le mois dans le cœur de ville de la ville principale. Ce taux, qui dépasse les 90% dans 132 villes du programme ACV, et même les 96% dans 11 villes, est relativement plus faible en région parisienne, "du fait de la proximité de Paris", même si certaines villes comme Sartrouville réussissent à tirer leur épingle du jeu.
La fréquentation piétonne, affectée par la crise sanitaire (voir notre article), a de même mieux résisté dans les centres-villes du programme (en recul de 9%) que dans ceux hors programme (régression de 13%). Des résultats que Jean Guiony, directeur adjoint du programme ACV, explique par "la dynamique des projets portés par les villes ACV", citant en exemple les navettes électriques limougeaudes, les schémas piétons chambériens ou encore l'accessibilité cyclable paloise. Hasard ou coïncidence, on relèvera que Chambéry et Pau font partie du trio de tête du premier palmarès des centres-villes dynamiques établi en mars dernier par Villes de France et Mytraffic (la première place revenant à Villefranche-sur-Saône, qui n'est pas une ville ACV).
Enfin, la part des visiteurs extérieurs à l'agglomération a en moyenne augmenté dans les centres-villes ACV (+2,8 points) alors qu'elle baisse légèrement dans celui des villes hors programme (-0,5).
Attirance croissante, nouveaux défis
"Tirant les leçons" de cette enquête, Jean Guiony se félicite que les villes ACV "jouent leur rôle de polarisation du territoire" et de la "corrélation" entre les projets conduits et la dynamique constatée. Comme l'a rappelé en introduction Rollon Mouchel-Blaisot, directeur du programme ACV, on relèvera toutefois que les villes sélectionnées par le programme l'ont notamment été sur "leur potentiel de polarisation", ce qui peut constituer un biais. Dans tous les cas, l'enquête sera régulièrement conduite, et les données détaillées seront communiquées aux villes du programme chaque trimestre à compter de la fin de l'année. Rollon Mouchel-Blaisot a par ailleurs indiqué qu'une enquête CSA sur l'attractivité des centres-villes en général sera présentée le 3 novembre prochain.
Une chose semble sûre : l'attractivité des villes moyennes – qui ne date pas de la crise, mais que cette dernière a dopée (voir notre article) – ne se dément pas. "Si on ne peut pas parler d'exode, il existe une très forte attirance pour les villes moyennes", relève Rollon Mouchel-Blaisot, qui souligne qu'elle "ne peut encore se traduire totalement dans les chiffres, les villes moyennes n'arrivant pas à satisfaire la demande du fait du manque de biens à vendre". Et de mettre en avant "le défi d'accélérer la rénovation et la construction de logements pour mettre sur le marché une offre plus qualitative". Un défi d'autant plus grand à l'heure de la lutte contre l'artificialisation des sols, que les collectivités sont notamment invitées à relever "en s'engageant dans des opérations de revitalisation des territoires" (voir notre article). Un domaine où, là encore, les villes ACV bénéficient d'une longueur d'avance.