Culture - Frédéric Mitterrand dresse le bilan de la politique en faveur du patrimoine religieux
A l'occasion d'un déplacement à Chartres, le 5 mars, Frédéric Mitterrand est revenu sur l'action de l'Etat en faveur du patrimoine religieux. Il a notamment rappelé l'engagement des pouvoirs publics en faveur de ce patrimoine, dont l'entretien est à la fois coûteux et hors de portée budgétaire de nombre de petites communes. Pour assurer la préservation et la valorisation du patrimoine dans son ensemble, l'Etat a donc fait passer l'enveloppe destinée à la restauration des monuments historiques de 294 millions d'euros en 2007 à 370 millions en 2012 (+25%). L'objectif fixé par le chef de l'Etat est que la dotation budgétaire totale consacrée à la conservation des monuments historiques atteigne près de 4 milliards d'euros sur dix ans.
Le patrimoine religieux représente environ 30% du parc des monuments protégés, mais compte tenu des besoins d'entretien et de restauration, il bénéficie d'environ 48% des crédits consacrés aux monuments historiques et délégués aux services déconcentrés, soit une enveloppe annuelle de plus de 100 millions d'euros. Les principaux travaux ainsi financés ont porté sur l'entretien des bâtiments, mais aussi sur la restauration des édifices, des orgues et des objets cultuels.
Près du tiers (30%) des enveloppes déléguées aux services déconcentrés a été affecté aux 87 cathédrales appartenant à l'Etat (y compris la basilique royale de Saint-Denis). Grâce aux crédits issus du plan de relance de l'économie 2009-2010, des travaux ont pu être engagés sur 44 cathédrales, soit la moitié du parc. Parmi les principales opérations sur le patrimoine religieux, le ministre de la Culture a notamment cité, outre la cathédrale de Chartres, le couvent des Bernardins à Paris, l'abbaye de Fontevraud dans le Maine-et-Loire (propriété de l'Etat), les cathédrales de Rouen, Amiens, Beauvais, Nevers, Poitiers, La Rochelle... Il a pris soin de citer également les travaux réalisés sur le patrimoine d'autres cultes, comme les églises protestantes de Saint-Pierre-le-Jeune et Sainte-Aurélie à Strasbourg, les synagogues de Mulhouse et Bordeaux ou la Grande Mosquée de Paris. Frédéric Mitterrand a en effet rappelé que "selon les critères du Code du patrimoine, tout le patrimoine religieux quelle que soit son origine - églises, cathédrales, mosquées, synagogues et temples bouddhistes, etc. - peut être protégé au titre des monuments historiques".
Ces différents travaux visent toutefois des bâtiments dotés d'une forte dimension historique et architecturale. Mais de nombreuses petites églises dans les communes rurales ou de montagne sont menacées de disparition pure et simple. Tout en saluant l'action des associations en la matière, Frédéric Mitterrand a affirmé avoir "sensibilisé [ses] services à cette dimension et [...] souhaité qu'une attention particulière soit portée à ces chapelles oubliées, à ces temples du 'désert' qui disent l'histoire autant qu'ils façonnent le paysage, mais aussi la toponymie". Il doit notamment annoncer dans les prochains jours la composition de la nouvelle commission du patrimoine cultuel, dont la présidence sera confiée à Jean-Michel Leniaud, directeur de l'Ecole nationale des chartes et spécialiste de l'architecture religieuse du XIXe siècle, et la vice-présidence à Mgr Joseph Doré, ancien archevêque de Strasbourg.
Enfin, le ministre de la Culture est revenu sur la question des éoliennes (voir nos articles ci-contre du 19 décembre 2011 et du 31 janvier 2012). Il a notamment affirmé : "Sur les éoliennes, dont les autorisations ne relèvent pas de ma compétence, je considère que j'ai un message clair à faire entendre en matière de préservation de la qualité paysagère." Pour cela, il entend faire en sorte que "la notion d'aire d'influence paysagère, élaborée par l'Unesco, soit intégrée dans notre réflexion sur l'implantation des parcs éoliens ou tout autre grand équipement, notamment dans le cadre de la saisine des commissions régionales des paysages et des sites [CRPS, ndlr]".