Aménagement numérique - France télécom remporte la DSP tout fibre optique de Laval agglomération
"Ce n’est pas parce que nous vivons dans une agglomération moyenne que nous devons avoir une ambition moyenne", a provoqué Guillaume Garot, député-maire et président de Laval agglomération. Pour preuve, l'élu local et Stéphane Richard, directeur général de France télécom-Orange, ont signé, ce 5 janvier au siège parisien de l'opérateur, la première délégation de service public (DSP) pour le déploiement de la fibre optique jusqu'à l'abonné (FttH) d'une zone non dense (selon la terminologie de l'Autorité de régulation des communications électroniques).
Question ambition, les chiffres avancés n'en manquent pas pour cette DSP d'une durée de 25 ans : 100 % des 100.000 habitants des vingt communes de l'agglomération seront raccordables au très haut débit (THD) d'ici sept ans. 200 km de fibre optique seront nécessaires pour atteindre cet objectif. La collectivité concourt à hauteur de 9,8 millions d'euros tandis que l'opérateur investira 20 millions au sein d'une filiale dédiée, Laval THD. Précision : ce projet devrait pouvoir bénéficier d'un financement de la part de l'Etat et récupérer ainsi jusqu'à 33 % des investissements publics auprès du guichet B prévu pour les collectivités dans le cadre du plan national THD des investissements d'avenir.
Le plan de déploiement lavallois s'annonce évidemment en plusieurs étapes : 100 % des 4.000 entreprises locales raccordables en 18 mois, 80 % de chacune des communes couvertes en 36 mois et une solution intermédiaire avec du 2 Mbit/s pour tous via le satellite d'ici 12 mois, en attendant la fibre pour tous à l'échéance. "43.000 prises FttH sont prévues, dont 26.000 sur la seule ville-centre de Laval", a précisé Idir Ait-Arkoub, vice-président chargé de l'innovation de l'agglomération. "Le déploiement utilisera la solution monofibre et les plaques devraient compter de 300 à 500 lignes chacune pour un nombre total de 16.000 lignes", a détaillé Yves Parfait, directeur du projet fibre de France télécom-Orange.
Partenaire de référence
"Sans dévoiler de secrets, nous n'avons pas eu le sentiment d’une offre plaquée sur notre territoire mais d'avoir affaire à du cousu main. L’offre de FT était assurément la meilleure car elle couvre 100 % des habitants de l’agglomération dans des délais que nous avons pu raccourcir. Ce n’était pas exactement le point de départ et les négociations n’ont pas été un chemin de roses… mais nous avons été face à un partenaire qui nous respectait", a souligné le président Garot. Le dialogue compétitif a, de fait, duré près de une année pour départager France télécom des trois autres candidats (Axione, Covage et Tutor). "La collectivité s'est entourée pour cela à la fois du conseil juridique d'avocats et d'experts techniques", a confié le député-maire à Localtis.
"Sur les réseaux d'initiative publique (RIP), nous en gagnons parfois et il nous arrive d’être client sur d’autres. Dans ce cas, la filiale Laval THD est créée pour aller voir chacun des fournisseurs d'accès à internet nationaux et locaux. L’intérêt, c'est qu’il y ait le plus de clients possible", a tenu à rassurer Bruno Janet, directeur des relations avec les collectivités locales de l'opérateur historique, face à ceux qui s'inquiètent de l'absence d'ouverture à la concurrence du modèle. "Ce schéma respecte la concurrence, il n'y a pas de maîtrise ou de contrôle sur l’accès car il permet aux acteurs, notamment locaux, d'être présents sur le réseau. Le cadre réglementaire et l’équation financière sont compliqués, pas la question technologique qui est inscrite dans nos gènes. France télécom prévoit d'investir deux milliards d'euros dans le déploiement de la fibre : toutes les régions métropolitaines seront concernées d'ici 2012, soit environ 45 agglomérations, puis tous les départements métropolitains et trois départements d'outre-mer d'ici 2015. Soit environ neuf millions de foyers raccordables. Un des volets de ce plan est de trouver des partenariats avec les collectivités pour accélérer la couverture. Nous vivons donc avec Laval un moment historique qui marque le lancement de ces projets qui vont se multiplier un peu partout en France. Une dizaine sont démarrés ou en cours en France. Nous n'en sommes qu’au tout début. Beaucoup de grandes collectivités, notamment des régions et des agglomérations, réfléchissent au THD. Notre souhait est d’être leur partenaire de référence", a conclu Stéphane Richard. Changement profond de culture ou nouvelle opération de communication maison ? En tout cas une bien belle ambition !