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Communication - France 3 va s'organiser en treize directions régionales calquées sur les nouvelles régions

Le 19 octobre, la commission des affaires culturelles du Sénat a émis un avis défavorable au projet de contrat d'objectifs et de moyens (COM) 2016-2020 de France Télévisions. Quelques jours plus tôt, la commission des affaires culturelles de l'Assemblée avait émis, au contraire, un avis favorable sur ce même document. Sans entrer dans le détail des raisons de ces avis opposés, on s'intéressera plus particulièrement aux éléments concernant France 3 et son réseau de stations régionales.

Clarifier la part des programmes régionaux dans la grille

Le rapport d'information de l'Assemblée nationale - le seul disponible à ce jour, présenté par Jacques Cresta, député (PS) des Pyrénées-Orientales - apporte de nombreuses informations. Il estime ainsi que l'objectif affiché par le projet de COM de renforcer l'offre régionale de France 3 s'accompagne d'un indicateur "peu lisible". Le groupe France Télévisions s'engage en effet à faire passer la part des programmes régionaux ou "à caractère régional" dans la grille de 25% à 35%. Mais, comme le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) dans son avis, le rapporteur estime cette notion de caractère régional trop floue pour être opérante. Il demande donc au groupe de s'engager plutôt sur la part des programmes purement régionaux dans la grille.
Le rapporteur s'interroge également sur la réorganisation envisagée pour le réseau de France 3, "qui devra faire l'objet d'un suivi précis". Le projet de COM prévoit en effet une réorganisation de France 3 consistant à aligner le périmètre des nouvelles directions régionales sur la nouvelle carte des régions métropolitaines et, de ce fait, à supprimer les quatre pôles de gouvernance créés, il y a quelques années, au moment de la fusion de l'entreprise. Ces treize directions régionales disposeront de l'autorité éditoriale et d'une délégation de gestion en matière de ressources humaines et de moyens financiers, y compris pour la promotion locale des antennes. Le rapport invite donc le groupe à rendre compte précisément de la mise en œuvre de cette réforme dans le rapport annuel d'exécution du COM et "à veiller à ce que cette réorganisation s'accompagne d'un renforcement de l'autonomie éditoriale des éditions régionales et locales".

Inquiétude pour les antennes locales de France 3

Il y a là en effet une autre source d'inquiétude. Car si le projet de COM s'engage sur le maintien des 24 éditions d'information de proximité, il ne dit rien en revanche des antennes locales de France 3 (appelées également "locales excentrées"). Une absence que le rapporteur "regrette vivement", car elle fait craindre la suppression d'un certain nombre d'entre elles. Elles sont aujourd'hui au nombre de vingt, mais deux d'entre elles - les éditions locales quotidiennes de sept minutes de Tours et de Bourges - ont été supprimées en juin 2016. Et des rumeurs circulent régulièrement sur d'autres suppressions.
S'y ajoute un problème juridique et technique : les éditions locales ne sont pas accessibles aux téléspectateurs qui reçoivent la télévision exclusivement par satellite, câble et ADSL, soit près de 40% des foyers, car l'obligation de reprise des programmes nationaux de France Télévisions qui s'impose aux distributeurs de services n'intègre pas les éditions régionales et locales. Aussi le rapporteur souhaite-t-il "que soient proposées des solutions aux problèmes de diffusion de ces éditions locales, qui sont aujourd'hui une vitrine essentielle de la vie des territoires et un vecteur majeur du lien social de proximité".
Selon les chiffres qu'il a pu obtenir, la diffusion des 20 éditions locales sur les box représenterait un coût de deux millions d'euros, mais celui-ci serait plus élevé pour la diffusion par satellite (sept à huit millions d'euros). France Télévisions refuse de s'engager sur ce point, mais affirme néanmoins qu'aucune édition locale ne sera supprimée.