Développement durable - FNE publie sa carte de France des "combats" environnementaux et "initiatives à encourager"
A quelques jours de son congrès qui se tient le 28 janvier à Montreuil (93), la fédération France nature environnement (FNE) vient de publier sa carte de France des "combats à gagner" pour l'environnement et des "initiatives à encourager". Pour accompagner son "Appel des 3.000 pour un contrat environnemental" adressé aux candidats à l'élection présidentielle (voir notre article ci-contre), FNE a recensé via ses fédérations régionales 39 combats emblématiques portés par ses associations - essentiellement les luttes contre l'artificialisation des sols, contre le développement des énergies fossiles et la poursuite du programme nucléaire, ou encore contre l'érosion de la biodiversité.
FNE se prononce notamment contre le projet "surdimensionné" d'aéroport du Grand Ouest-Notre-Dame-des-Landes, dont "le tracé menace une zone de bocage et plusieurs zones humides et agricoles dans la région nantaise". Pour la fédération, il est donc impératif d'"annuler la construction de l'aéroport" et d'"étudier les possibilités d'aménagement de l'aéroport Nantes-Atlantique afin de privilégier des investissements durables et créateurs d'emplois". FNE s'en prend aussi au projet d'extension de l'aéroport de Mayotte qui selon elle "menace directement un récif corallien au coeur du deuxième parc naturel marin de France, une zone à la biodiversité particulièrement riche, d'importance mondiale", où vivent de nombreuses espèces comme le dugong, "une espèce fortement menacée". De plus, le patrimoine naturel de l'île est "l'un de ses principaux atouts touristiques", souligne l'association qui réclame donc l'abandon du projet.
Pour un arrêt de la centrale de Fessenheim
FNE confirme par ailleurs son engagement pour une sortie du nucléaire en réclamant "l'arrêt définitif de la centrale de Fessenheim". "Les catastrophes nucléaires ont montré que le nucléaire n’est pas maîtrisable et qu’il entraîne en cas d’accident des conséquences irréparables pour les êtres humains, la nature et l’environnement, argumente FNE. Avant qu’il ne soit trop tard, il faut fermer la plus vieille centrale de France et faire de son démantèlement un 'chantier-école'." L'association réclame aussi l'arrêt de la construction de l'EPR de Flamanville, dans la Manche, et le renoncement au projet de recherche Iter sur la fusion nucléaire, qui "augmentera les risques industriels dans la région Paca" et dont "la production de déchets radioactifs sera gigantesque".
FNE met aussi en garde contre le projet de construction du terminal méthanier de Dunkerque à proximité de la centrale nucléaire de Gravelines et d’autres relais et terminaux gaziers. Qualifié d'"usine à gaz de trop", il risque selon elle d'"accroître les risques industriels dans la région". Elle propose donc de le relocaliser sur "une implantation offshore moins pénalisante pour l'environnement et pour la sécurité des populations". FNE remet en question de nombreux autres projets : le Grand Paris qui génèrera "de nombreux déséquilibres entre Paris, supermétropole, et le reste du pays" ; les forages pétroliers profonds au large de la Guyane sur lesquels l'association "demande un moratoire" ; l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels, que la fédération souhaite voir interdites ; l'actuel projet de parc national des Calanques qui "n'est pas à la hauteur des enjeux de ce site exceptionnel" ; les projets de nouvelles lignes à grande vitesse Paris-Lyon via Clermont-Ferrand, Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Hendaye, le projet d'autoroute Castres-Toulouse, et de manière générale "tout nouveau projet autoroutier". FNE cite encore parmi ses combats emblématiques le traitement "à la source" du problème des algues vertes en Bretagne, la protection des ours dans les Pyrénées, la dépollution des sites d'uranium dans le Limousin, un contrôle des boues de dragage en mer en Bretagne, ou encore l'accompagnement des victimes du chlordécone aux Antilles et la fin de l'extinction des tortues marines en Polynésie.
26 initiatives mises en valeur
Mais la fédération ne souhaite pas seulement alerter sur les "points noirs" de l'environnement. Elle veut aussi mettre en avant les bonnes initiatives existantes pour montrer que, "en les généralisant, on a déjà les clés de la transition écologique". Elle fait ainsi figurer sur sa carte 26 d'entre elles : projets de développement des énergies renouvelables, de promotion de l'agriculture biologique, de préservation de la biodiversité ou encore de concertation des populations locales. Parmi ces réalisations à encourager figurent l'installation de 68.000 m2 de panneaux photovoltaïques sur les toits du marché Saint-Charles à Perpignan, ce qui fait de ce marché couvert "la plus grande centrale solaire intégrée au bâti de France". L'intérêt de "l'éolien citoyen" est illustré par l'exemple de Béganne, en pays de Vilaine, où depuis 2011 "la majorité du capital d'un parc éolien est détenue par des centaines de particuliers et par la collectivité locale, ce qui en fait le premier parc éolien citoyen de France". L'association suggère de généraliser ce modèle, "déjà très populaire au Danemark", à l'ensemble du territoire français. FNE mentionne également la "concertation intense et réussie" qui "a été menée entre élus, associations, pêcheurs et plaisanciers" pour permettre l'expérimentation de la première hydrolienne française, une turbine sous marine, au large de l'île de Bréhat. Elle félicite également le syndicat départemental de traitement des déchets ménagers de l'Aisne qui, "devant une gestion problématique de ses déchets", "a réuni une commission de concertation" dont il ressort que "le tri doit être amélioré et que les installations doivent être ajustées aux besoins actuels". "Cet exemple montre que la concertation apporte une réponse globale à de multiples enjeux et qu'elle permet de mettre en avant les besoins principaux d'une collectivité", assure FNE.