Meudon végétalise son cimetière historique (92)
À Meudon, ville verte et arborée, le très minéral cimetière des Longs Réages constituait une coupure dans la trame verte. En 2019, la ville a choisi de le végétaliser, avec le concours du programme « Nature 2050 » porté par la Métropole du Grand Paris. 3 ans plus tard, ce nouveau « parc » est entretenu en régie sans produits phytosanitaires, un choix progressivement accepté par les usagers.
Plantes grimpantes et vigne vierge sur les murs d'enceinte, allées secondaires engazonnées, partiellement pavées pour les principales, bandes de prairies fleuries, fauche tardive de certains espaces... Les Longs Réages, le cimetière historique de Meudon, a été totalement métamorphosé en 2020 et est aujourd'hui géré comme un parc à part entière. « C'était le dernier espace qui échappait à notre politique zéro phyto et un îlot de chaleur au sein de notre ville, où l'environnement est un enjeu fort, indique Florence De Pampelonne, adjointe à l'environnement. Meudon compte en effet 50 hectares de parcs et jardins et la moitié de sa surface en forêt. »
Alors que la ville de Meudon est passée au « zéro phyto » en 2009, ses cimetières, le cimetière historique des Longs Réages et le cimetière contemporain de Trivaux, étaient encore traités. « En 2018, nous avons testé la repousse spontanée de la végétation dans certaines allées secondaires du cimetière des Longs Réages, indique Jean-Marc Thibaut, responsable des espaces verts. C'était un lieu que l'on savait sensible. Mais il était aussi très minéral, il y faisait chaud et il constituait une véritable rupture de la trame verte. » En 2019, la Métropole du Grand Paris lance l'appel à projets Nature 2050 avec le concours de la CDC Biodiversité. « Nous avons saisi cette occasion de financement pour proposer la végétalisation du site sur 6 500 m2 ». Conseillée par l'Agence régionale de la biodiversité Ile de France, Meudon est lauréate de ce premier appel à projets et réalise l'aménagement durant l'hiver 2019-2020.
De grandes surfaces déminéralisées
Les 5 allées principales utilisées par les convois funéraires, jusque-là en gravier, sont désormais équipées de fonds de forme engazonnés et de bandes de roulement pavées en matériaux recyclés. Les allées secondaires et les intertombes sont engazonnées ou plantées de microtrèfle. « Nous avons aussi planté 17 arbres, en privilégiant des essences au développement racinaire limité, précise le responsable. Et végétalisé toute la périphérie : plantes grimpantes et vigne vierge sur les murs, bandes de prairies fleuries en pied de murs. » Au total, 6 500 m2 ont été déminéralisés sur les 16 000 m2 que compte le cimetière, des travaux réalisés par des entreprises privées et pilotés en régie par le service espaces verts. La ville en a aussi profité pour mettre en place une zone de tri sélectif des déchets, dont du compostage des déchets verts.
Des débuts délicats
Après la transformation du cimetière en 2020, la ville confie l'entretien à un prestataire, chargé de tondre et couper la végétation 5 à 6 fois par an. « C'était insuffisant - il faut plutôt viser un passage tous les mois ou mois et demi - et nous avons eu des plaintes, malgré notre communication », note le responsable. De plus, les coupes rases du prestataire, néfastes pour la biodiversité, détruisent aussi parfois les prairies fleuries, et obligent les services municipaux à ressemer. Face à ces difficultés et au coût élevé de la prestation externalisée (voir encadré chiffres clés), le service propose alors aux élus de basculer sur un entretien en régie : « Début 2023, nous avons recruté 2 agents dédiés à l'entretien des deux cimetières. Ils sont également chargés d'échanger et de faire le lien avec les usagers des lieux. C'est convaincant et les plaintes sont bien plus rares. » Pour garantir la tranquillité des usagers, les agents d'entretien sont dotés d'outils électriques.
Un suivi de la biodiversité à 30 ans
Le programme « Nature 2050 » prévoit également un suivi de la biodiversité du cimetière des Longs Réages jusqu'en 2050. C'est Thierry Geoffroy, responsable fleurissement et biodiversité, qui en est chargé. « Chaque année, Nature 50 missionne une entreprise pour faire des prélèvements sur site : la teneur en carbone des sols et en azote des feuilles apporte des indications sur la qualité de la vie végétale. » Le service municipal se charge lui de suivre et transmettre d'autres indicateurs : la présence du hérisson (dispositif mission Hérisson), des insectes pollinisateurs (méthode Spipoll) et l'activité hivernale des oiseaux (dispositif BirdLab). Enfin, pour suivre l'acceptation sociétale du changement, la ville a installé un cahier de doléances où les usagers consignent leurs remarques. « L'entretien en régie me permet d'être secondé par les deux agents pour ces protocoles. Ils consignent aussi les remarques orales des habitants qui les interpellent. » 3 ans après la végétalisation, il est encore un peu tôt pour attester de la hausse de biodiversité : « Mais nous observons déjà la présence plus régulière de papillons ou de sauterelles. » Également végétalisé mais progressivement et en régie, le cimetière de Trivaux est hors programme Nature 2050 : il bénéficie d'un suivi à 5 ans, via le dispositif cimetières vivants.
Trouver le juste milieu
« Aujourd'hui, on a réussi à ce que les habitants acceptent de marcher sur l'herbe et on constate qu'il fait bien moins chaud dans le cimetière des Longs Réages », indique le responsable des espaces verts. Meudon fait régulièrement visiter le cimetière à des villes voisines intéressées par la réalisation. L’impact de la plantation d'arbres ne sera perceptible que dans quelques années, toutefois les agents municipaux peaufinent chaque année l'aménagement initial en gagnant de nouveaux espaces végétalisés. L'enjeu est aussi que la végétalisation verticale déborde des murs d'enceinte pour verdir les rues voisines. Entre acceptabilité sociale et niveau intéressant pour la biodiversité, l'expérience de Meudon montre qu'il est essentiel de réussir à trouver le juste aménagement et le juste niveau d'entretien. « Ce sont de gros changements et l'on peut comprendre que quelques usagers ont encore du mal à l'accepter mais ils sont peu nombreux. Avec de la pédagogie, ils finissent par intégrer tous les bénéfices de ce projet, souligne l'adjointe qui ajoute en conclusion : un cimetière doit être un lieu apaisant et la nature participe au bien-être des usagers. Le cimetière végétalisé est aujourd'hui devenu une des pièces maîtresses de la nature en ville. »
Les chiffres clés de l’opération
- 6 500 m2 d'espaces désimperméabilisés et végétalisés sur les 16 000 m2 que compte le cimetière des Longs Réages
- 210 000 € d'investissement subventionnés à hauteur de 97 000 € par la Métropole du Grand Paris et la Caisse des Dépôts via le programme Nature 2050
- 60 000 € de coût de fonctionnement annuel (coût de la main-d’œuvre + matériel + graines et arbustes). La prestation externalisée, pour 5 passages annuels seulement, se montait, elle, à 40 000 € : il aurait fallu la doubler pour un bon niveau d'entretien.
- 2 agents ont été embauchés pour l'entretien des deux cimetières, soit 5 hectares au total
Commune de Meudon
Nombre d'habitants :
Voir aussi
Pour aller plus loin
La végétalisation des cimetières présentée sur le site de la ville de Meudon
Découvrez nos newsletters
-
Localtis :
Propose un décryptage des actualités des collectivités territoriales selon deux formules : édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. -
Territoires Conseils :
Recevez tous les quinze jours la liste de nos dernières publications et l'agenda de nos prochains rendez-vous.