L’outil en main : coup de jeune sur les activités manuelles à Baden (56)

Comme d’autres rejoignent leur club de foot le mercredi après-midi, les petits bretons de Baden et de quatre communes voisines s’exercent aux métiers manuels, sous les conseils d’artisans retraités et amateurs passionnés. Une façon ludique et pédagogique de transmettre leur savoir et la passion de leur métier. En espérant favoriser de nouvelles vocations.

Chaque mercredi, hors période scolaire, une vingtaine d’enfants de Baden, commune rurale du Morbihan, se rendent à « L’outil en main du Golfe ». Ils y apprennent « l’intelligence de la main » résume Patrick Piquet, le vice-président et cofondateur de l’association. Comme dans les clubs sportifs, les enfants apprennent aussi des règles de vie communes. « On dit toujours bonjour, au revoir, on passe un coup de balai dans son atelier en fin de journée », énumère Patrick Piquet.

Une affaire de transmission

Des bénévoles, en majorité des retraités, les accueillent et les encadrent pour les initier à leurs différents métiers ou passions. Chaque bénévole s’occupe d’un à trois enfants au maximum. « L’année se déroule sous forme de cycles. Chaque enfant va découvrir un métier sur un atelier pendant trois mercredis, puis passer à un suivant », explique Patrick Piquet. L’enfant peut ainsi commencer par la menuiserie, puis enchaîner avec la cuisine, avant de rejoindre l'atelier du luthier, de l’électricien, s'essayer au tricot, ou à la coiffure. « Un dessinateur industriel est venu nous voir pour nous proposer ses services. Nous étions circonspects, mais le résultat est bluffant, les enfants sont captivés », témoigne Patrick Piquet.

À chaque fois, l’enfant finit son cycle avec une petite réalisation. Une petite guitare ou son écot créatif à la grande toile du peintre. Tous les mercredis après-midi se terminent, eux, par la dégustation des gâteaux ou desserts cuisinés par les marmitons de l'atelier cuisine. « C’est passionnant de voir comment les enfants parviennent à être très attentionnés, à l’écoute, concentrés », observe Patrick Piquet. C’est d’ailleurs, l’un des retours des parents, ravis de retrouver des gamins « épanouis et contents » en fin de journée.

Sur une idée du bureau municipal

L’idée originale du projet est partie du bureau municipal sous la précédente mandature, lancée par un ancien adjoint, qui l’avait découverte sur internet (1). « Il existait un Outil en main dans une ville voisine, nous sommes allés les voir et le projet nous a totalement séduits », raconte Patrick Piquet qui était alors adjoint aux travaux et aux affaires économiques. Tout cela était avant le Covid, et le changement de majorité. Mais le projet a été repris par la nouvelle équipe, et ce, malgré ce changement politique. « Sans la détermination de notre président Jean-François Sérazin et l’aide de la mairie nous n'aurions pas pu mener le projet à terme », estime Patrick Piquet. Celle-ci a trouvé un local adapté, de 150 m2, l’a mis aux normes accessibilité Établissement recevant du public et l'a mis à disposition de la jeune association, créée en 2023. Un lieu prédestiné, rue des Artisans… Son seul inconvénient, il n'est pas chauffé l'hiver et tout le monde doit donc enfiler les doudounes ! 14 box y ont été construits et aménagés par les artisans eux-mêmes. Pour devenir de « vrais ateliers ». Le matériel a été récupéré via des dons glanés ou les propres outils des artisans retraités (cf. encadré).

Ouverture intercommunale

Quatre communes voisines ont été associées au projet. « Cela décuplait la possibilité de trouver des bénévoles. Car beaucoup d’artisans, sitôt retraités, n’ont pas envie de tout de suite s’imposer de nouvelles contraintes. Même si, rapidement, l'envie de transmettre l’emporte », assure Patrick Piquet. Il faut surtout un grand volant de bénévoles pour assurer la rotation, relativement exigeante, des ateliers tout au long de l'année. Il s’agit aussi de gérer l’administratif, et l’encadrement des participants. « C'est un travail de réseau, qui prend du temps », reconnaît Patrick Piquet. De fait, il aura fallu quatre ans pour que le projet aboutisse. Dont deux années d’hibernation due au Covid. « Comme toujours dans les aventures humaines, ce genre de projet n’aboutit que par la volonté de quelques personnes, ici, des retraités artisans qui avaient envie de transmettre ce qu’ils avaient appris à des plus jeunes et des bénévoles investis qui sont prêts à donner de leur temps tous les mercredis », apprécie Joël Bignon, adjoint à l’économie, qui a repris le dossier « en cours de route ». Et qui n’imaginait pas que la municipalité ne l’accompagne pas jusqu’au bout…

Des rencontres naturellement intergénérationnelles

Trouver des enfants intéressés – et des parents acceptant de les inscrire pour l'année - restait la dernière condition pour que le projet aboutisse. Ce n’est pas ce qui inquiétait le plus les porteurs du projet. « Il faut juste se faire connaître, ce qui peut prendre aussi du temps car il faut se lancer au bon moment, avant la rentrée scolaire », explique Patrick Piquet. Ce que « L’outil en main » a un peu raté la première année, mais a mieux anticipé pour la dernière rentrée. L'association s'est assurée d'être présente dans les forums des associations des différentes communes, a également distribué des flyers dans les écoles et communiqué sur les réseaux sociaux.

La première rentrée, pour 2023-2024, seuls sept enfants se sont inscrits. « Ce n’était pas plus mal de démarrer avec un petit effectif, car cela nous a permis de nous roder et aux bénévoles de s’installer et de faire l’inventaire de leurs besoins », assure Patrick Piquet.

À la rentrée 2024, les inscriptions ont bondi à 19 enfants. « Dans beaucoup de cas, ce sont les enfants qui demandent à venir, ce qui surprend leurs parents », s’amuse Patrick Piquet.

Parmi les artisans en herbe, « L'outil en main » compte autant de filles que de garçons. Et les garçons fréquentent avec autant de plaisir l’atelier tricot que les filles. « Nous redoutions beaucoup de réticences de leur part à aller dans certains ateliers, mais non, comme quoi, ce sont peut-être les adultes qui ont trop d’idées préconçues », conclut Patrick Piquet.


(1) Il existe une association nationale qui fédère les clubs « L’outil en main », partis d’un concept créé en 1994 à Lille et Troyes.

30 000 euros pour mettre le pied à l’étrier

Les travaux d’aménagement du local, la création de toilettes et d’un sas d’entrée ont coûté 30 000 euros à la municipalité de Baden. La mairie assume également les factures de fluides (eau et électricité). L’association n’a pas encore fait de demande de subvention. « Nous attendons de voir l’évolution de notre activité », explique son vice-président. L’association a pu aussi compter sur un certain nombre de dons : une cuisine professionnelle d’une école fermant son centre d’apprentissage, du bois, du matériel pour l’électricité, par des entreprises, etc. En 2024, l’association a reçu aussi une dotation pour acheter 15 blouses pour les enfants (Kiwanis, pour l’équivalent de 700 euros), les recettes d’une compétition de golf organisée par le Lion’s club (2 100 euros) ou encore un don de matériel du Rotary (900 euros).

Commune de Baden

Nombre d'habitants :

4864
3 place Weilheim
56 870 Baden
mairie@baden.fr

Joël Bignon

Adjoint au maire, en charge de la vie économique

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