Coloc’ solidaire et innovation sociale à Villejuif (94)

Pour favoriser l’innovation sociale, Villejuif soutient une forme particulière de colocation solidaire : le programme KAPS porté par l’Afev dans différents territoires en France. Sa spécificité locale : il est implanté à proximité immédiate d’un quartier prioritaire de la politique de la ville. 

Baptisé « KAPS » pour « kolocation à projets solidaires », le programme porté nationalement par l’Afev est né à Villejuif en 2019. Si, entre-temps, la majorité a changé, le projet, lui, est resté. « Nous avons souhaité en faire un projet qui dynamise le territoire. Il ne s’agit pas seulement de répondre à des problèmes de logement : ce programme s’adresse à des jeunes qui souhaitent s’engager », souligne Antonin Cois, adjoint au maire, délégué au social et à la ville pour toutes et tous. 

Situé sur une parcelle de 750 m2 appartenant au bailleur social RATP Habitat, l’immeuble du KAPS se trouve à proximité immédiate d’un quartier Politique de la ville et en zone d'éducation prioritaire. Il abrite 17 colocataires – alias « Kapseurs » – répartis dans quatre logements meublés et fibrés. Les colocataires bénéficient d’un loyer modéré, en échange de cinq heures de bénévolat par semaine au profit de projets solidaires. « Nous avons appliqué un loyer avec charges forfaitisées très attractif de 300 euros par mois par étudiant », précise Marjorie Colchen, responsable de territoire à RATP Habitat, qui travaille d’ailleurs sur un nouveau projet de ce type sur la commune d’Orly, dans le cadre d’une résidence intergénérationnelle (séniors, étudiants et petite enfance). Destiné à des jeunes de 18 et 30 ans, étudiants, apprentis, alternants ou en service civique, le programme s’est ouvert à de jeunes travailleurs. « La crise du logement est telle que les demandes affluent. Mais ce dispositif n’a pas vocation à résoudre, à lui seul, des problématiques de précarité », prévient Antonin Cois. Toute sa richesse repose, justement, dans l’implication des jeunes colocataires dans les projets solidaires auxquels ils participent. 

Des projets au profit d’enjeux locaux

« L’engagement des Kapseurs représente, en moyenne, cinq heures par semaine, précise Anthony Lopes, chargé du développement local pour l’Afev à Villejuif. Il prend deux formes. Il peut se matérialiser sous forme de mentorat auprès de jeunes du quartier : aide dans le parcours scolaire, soutien pour la confiance en soi, accompagnement sur des sorties de découvertes, ou bien sur des projets collectifs. » En l’occurrence, cette année, les colocataires participent aux projets suivants : des actions de lutte contre la précarité étudiante (distribution alimentaire ou de kits d‘hygiène, recensent de la population à la rue), des projets au sein de tiers lieux locaux (ateliers d’éloquence et de prise de parole en public notamment), l’animation d’une microbibliothèque via des ateliers autour de la littérature et, enfin, un projet de ciné débat (diffusion de films et débats avec des habitants du quartier).

« Pour moi, c’est une chance, commente Claire Seillier, étudiante dans le secteur social à la Sorbonne et kapseuse à Villejuif. En plus des deux heures de mentorat, je peux porter un projet personnel qui me tient à cœur, à savoir un atelier d’éloquence. Pour avoir moi-même participé à des concours d’éloquence durant mes études, je trouvais qu’il y avait un manque dans le système scolaire dans ce domaine. »

Pour Antonin Cois, ces actions s’intègrent totalement au paysage local. « C’est ce qui nous paraît essentiel, insiste l’élu. Cela a permis de mettre en place des ateliers de sensibilisation au cyberharcèlement en cohérence avec le contrat local d’accompagnement à la scolarité. On a aussi vu des jeunes Kapseurs participer aux actions menées par des associations locales comme Ma petite échoppe, un magasin « sans argent », ou la Conciergerie solidaire. » Mieux encore : le KAPS a fait émerger des nouveaux projets, notamment le projet d’un tiers lieu en partenariat avec un bailleur social dans un quartier bientôt concerné par une opération de renouvellement urbain. De même, poursuit l’élu, « lors de l’analyse des besoins sociaux et la conception du plan d’action, le travail en Coconstruction avec les habitants et l’Afev, a permis se rendre compte qu’il y avait un sujet sur la précarité étudiante. »

Rôle de la mairie

Pour la commune, ce dispositif implique un soutien financier (17 000 euros par an) qui permet de participer au financement d’un poste équivalent temps plein pour l’animation de la résidence et la coordination des actions de l’Afev sur la ville. En outre, la ville assure un rôle de facilitateur pour permettre le développement des projets envisagés par les Kapseurs. Cela passe notamment par la mise en place d’espaces de dialogue entre porteurs de projets et associations locales. Ce n’est visiblement qu’un début. « La ville est en pleine expansion, se félicite Antonin Cois. Avec le projet Campus Grand Parc, des milliers d’habitants vont arriver. » Si bien que la commune se penche déjà sur l’idée d’un nouveau projet de KAPS. Peut-être dans des zones d’habitat diffus. « Mais la grosse difficulté, précise l’adjoint au maire, c’est de trouver des logements suffisamment grands pour accueillir des colocations. » À suivre donc. 

Chiffres clés

  • 4 logements allant du T4 au T6, entre 76 et 104 m2
  • 17 colocataires (nommés « Kapseurs »)
  • 50 % environ : le taux annuel de rotation des kaspeurs au cours des deux dernières années
  • 1 bailleur social (RATP Habitat)
  • 4 partenaires co-financeurs : cela représente chaque année 17 000 euros (Ville de Villejuif), 11 900 euros (bailleur), 12 000 euros (CAF) et 4 000 euros (département)

Commune de Villejuif

Nombre d'habitants :

57753
Hôtel de ville de Villejuif-Esplanade Pierre-Yves-Cosnier
94 807 Villejuif Cedex

Antonin Cois

Adjoint au maire, délégué au social et à la ville pour toutes et tous

Afev

221 rue La Fayette
75 010 Paris

Anthony Lopes

Chargé de projet

Voir aussi

Pour aller plus loin

Découvrez nos newsletters

  • Localtis :
    Propose un décryptage des actualités des collectivités territoriales selon deux formules : édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques.

  • Territoires Conseils :
    Recevez tous les quinze jours la liste de nos dernières publications et l'agenda de nos prochains rendez-vous.

S'abonner aux newsletters