La formule gagnante de Saint-André-des-Eaux (22)
Pour se développer, la mairie de Saint-André-des-Eaux dans les Côtes-d’Armor a acquis un terrain de 5 000 m2 en centre bourg. Plutôt que d'y créer un lotissement classique, elle l'a loué à un groupe de personnes souhaitant y créer de l'habitat réversible. Ce groupe a également repris l'unique bar de la commune et créé une épicerie associative. Un impact bénéfique à tout point de vue pour la vitalité de la petite commune, malgré un temps de maturation et d'acceptation sociale indispensable.
À 10 kilomètres de Dinan, la petite commune de Saint-André-des-Eaux ne compte aujourd'hui que 380 habitants mais c'est 110 de plus qu'il y a 10 ans ! « Avec l'adoption du nouveau PLUi limitant les possibilités d'extension urbaine, nous avons décidé en 2019 de préempter un terrain de 5 000 m2 avec une bâtisse, situés en plein bourg, pour y réaliser un lotissement et poursuivre notre développement », indique le maire Jean-Louis Nogues. En 2020, la nouvelle équipe municipale élue propose de réfléchir à la création d'un éco hameau plutôt qu'un lotissement classique et se donne une année supplémentaire pour travailler ce dossier. C'est en participant à une réunion de l'association Bruded que les élus croisent un collectif qui porte un projet d'habitat léger ou réversible. Fin 2020, le conseil municipal donne son accord pour travailler avec ce groupe, d'autant plus que ses membres souhaitent aussi reprendre l'unique café de la commune, en vente depuis 3 ans.
Craintes, pétition…
« Notre conseil était quand même divisé, avec une courte majorité favorable, souligne le maire. Certains avaient peur d'avoir un champ de caravanes en centre bourg, d'autres que l'on accueille des « bobos écolos antitout ». » Une pétition réunissant 110 signatures est également déposée en mairie. Même si elle ne réunit en fait que 30 foyers signataires, dont plusieurs extérieurs à la commune, le maire choisit de prendre un temps d'explication supplémentaire. « Nous avons organisé des réunions publiques pour déminer le terrain et combattre les fausses idées qui circulaient, comme celle qu'on allait donner le terrain au groupe ! » Finalement cette concertation plus longue que prévu a été salvatrice selon le maire : « Elle a notamment permis de faire évoluer le projet sur la forme - des maisons bois plutôt que les tiny houses et la yourte initialement prévues – après discussion avec l'architecte des bâtiments de France, car nous sommes dans le périmètre d'un patrimoine protégé. Le rendu final a vraiment du cachet. »
Garder la main
Le permis d'aménager a été accordé en avril 2022. En juillet 2022, le conseil municipal a acté la location du terrain sous forme de bail emphytéotique de 80 ans. « Cette solution permet à la municipalité de garder la main sur le terrain, souligne le maire. Cela a aussi permis de convaincre de nouveaux conseillers municipaux du bien-fondé du projet. » Certes, l'attente a été plus longue pour les porteurs de projet, déjà bien avancés dans leur réflexion et inquiets de ne pas voir le projet aboutir. « C'est important de prendre le temps, mais aussi d'assurer l'aboutissement aux porteurs du projet : ils ne peuvent pas travailler trop longtemps sur un site si ce projet n'est pas certain de se concrétiser. Nous avons toujours été clairs en assurant que nous irions au bout de cette initiative avec eux. » Les permis de construire pour 5 logements et un local commun ont été accordés en août 2022 et les travaux sont en cours. À terme, le projet pourrait accueillir 8 logements, tous raccordés à un assainissement individuel en phytoépuration. En attendant la réalisation de l'ensemble des constructions, la mairie a accordé une autorisation temporaire d'occupation du terrain au groupe.
L'unique café local reste en vie
Si le groupe s’inquiétait de l’aboutissement du volet habitat, c'est que ses membres étaient aussi en parallèle en discussion pour reprendre le fonds de commerce du café local, un élément qui avait aussi motivé les élus locaux pour les accueillir. Après une période transitoire avec l'ancienne gérante, le groupe a officiellement acquis le fonds de commerce en avril 2022, en formalisant son existence grâce à la création d’une société coopérative d'intérêt collectif (Scic). En plus de l'activité bar, il a créé par la même occasion une épicerie zéro marge, qui compte déjà 130 adhérents. La mairie, propriétaire des murs, réalise des travaux de rénovation et d'agrandissement sur l'année 2022-2023, pour créer notamment une salle de restauration.
Implication dans la vie locale
« Au fond, je pense qu'on a eu de la chance de tomber sur des gens responsables et ouverts en face de nous, prêts à faire évoluer leur projet, souligne le maire. Et nous avons réussi à travailler main dans la main, en toute confiance. » Aujourd'hui, les agriculteurs du coin fournissent la paille pour l'isolation des maisons réversibles, l'épicerie propose du bio mais aussi des produits locaux conventionnels, le groupe est force de proposition de divers ateliers (yoga, musique…), au café comme dans la salle des fêtes du village. « En gérant le bar, ils accueillent tous les habitants, c'est un sésame pour leur intégration dans le village. »
Chiffres clés
- 4 500 m2 de terrain
- 8 logements à terme, ainsi qu'un local commun
- 5 000 € de loyer annuel sous forme de bail emphytéotique de 80 ans
- 250 000 € de travaux prévus par la mairie pour rénover et étendre le café
Commune de Saint-André-des-Eaux
Nombre d'habitants :
Jean-Louis Nogues
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