Un café citoyen transfigure Auger-Saint-Vincent (60)

Dans l’ancien presbytère, en plein cœur du village, la municipalité a créé en 2021 un tiers lieu très actif : un café citoyen, ainsi qu’un gîte communal. Originalité du projet : le gîte finance le café… qui apporte beaucoup d’animations.

Dans cette petite commune picarde de 551 habitants nichée au milieu des champs de céréales, le dernier café avait fermé il y a 28 ans. En 2021 la municipalité a créé dans l’ancien presbytère, en plein cœur du village, un tiers lieu très actif : un café citoyen, ainsi qu’un gîte communal.

Ce tiers lieu promeut la ruralité culturelle, et sensibilise aux arts, au numérique et à lenvironnement. Concerts de rock, de jazz, de blues, spectacles, expositions, animations de toutes sortes sont régulièrement programmées, de même que des séances d’apprentissage autour du numérique. Et deux fois par mois, en collaboration avec le département, le café citoyen accueille des « aidants », histoire de leur changer un peu les idées… Mieux encore : faute de restaurant dans le village, la mairie fait venir deux fois par semaine des food trucks sur la place du café, offrant ainsi un vrai service de restauration itinérant. Avec une préférence pour les produits locaux…

Inventer un projet culturel pour un village rural

« Quel est l’intérêt de vivre dans un village où il n’y a plus de services ? », interroge le maire d’Auger-Saint-Vincent, Fabrice Dalongeville, élu depuis 2001. « Ici, les habitants ne se rencontraient plus que lors des manifestations du comité des fêtes, ou lors des quelques mariages, et enterrements… » Bien avant que ne se répande le concept de tiers lieu, le maire avait déjà cette idée en tête : créer de lanimation, susciter les rencontres entre habitants et surtout inventer un projet culturel en s’appuyant sur les lieux et associations culturelles locales…  et l’incarner dans un café citoyen où les habitants pourraient s’engager, ou simplement participer à la vie locale. Mais comment financer un tel café citoyen ? « Nous nous sommes demandé ce qui pourrait rapporter de l’argent à la commune », explique-t-il.

Le maire dAuger-Saint-Vincent ambitionnait depuis longtemps de transformer lancien presbytère. C’est alors qu’est née l’idée d’y créer un gîte pour 6 personnes, et d’investir les bénéfices tirés de la location dans le lancement du café. Aujourd’hui, cet hébergement inscrit sur la célèbre plate-forme de location américaine affiche un taux de remplissage très élevé, et « ce modèle financier désormais bien installé garantit la pérennité du projet, assure l’élu. Aujourd’hui, nos annuités d’emprunts sont largement couvertes par l’activité d’hébergement ».

Le rôle essentiel de lEtablissement public foncier de lOise

« Pour ce projet, le nœud gordien à résoudre était le montage financier : l’Etablissement public foncier de l’Oise nous a apporté l’ingénierie financière essentielle, témoigne le maire. Le montage de ce portage financier a pris du temps, ce qui nous a permis de bien mûrir notre projet en attendant la prise en main du café citoyen par l’association. Deux jeunes en service civique sont également employés dans le café, ce qui coûte 104 € par mois et par personne à la commune, sachant que le reste de leur salaire de 600 € mensuels est pris en charge par l’État. »

Une partie des travaux d’aménagement du gîte communal a été réalisée dans le cadre des journées citoyennes organisées par la commune : une architecte dintérieur vivant dans le village a réalisé le décor, un menuisier retraité a fabriqué le bar du café. Désormais, le théâtre de Compiègne et des associations culturelles du territoire, telles que lArt en chemin et Latelier des arts, sont très impliqués dans la vie de la commune ; des résidences d’artistes sont également organisées : un photographe a ainsi exposé en mai 2022 des images réalisées dans un studio photo installé… dans le café citoyen.

Néoruraux et anciens du village

Auger-Saint-Vincent se situe dans l’aire d’influence de Paris : à 60 kilomètres à vol d’oiseau de Notre-Dame, mais loin des « aménités urbaines ». Pour le maire, « Il faut inventer de nouvelles pratiques, réinventer la ruralité, mener des batailles culturelles pour que les néoruraux s’intègrent aux anciens. Et que les anciens se disent qu’ils peuvent de nouveau se retrouver dans un espace sympa. Un café, ce n’est pas seulement un lieu pour boire un coup. » Une petite épicerie vend désormais des produits locaux, fruit d’un partenariat avec les associations Bouge ton Coq et Mon Epi. « Tout cela est bien sûr très chronophage, mais aujourd’hui la dimension financière est satisfaisante et on a pu prouver que l’on pouvait ainsi répondre aux besoins des habitants ».

Petite déception toutefois : « nous avions imaginé un portage de ce projet au niveau intercommunal, mais cela ne s’est pas fait pour des raisons politiques. C’est vraiment l’EPF qui nous a sorti le caillou de la chaussure », reconnaît le maire. Autre légère inquiétude : « la crise du bénévolat, qui peut impliquer une certaine fragilité à terme. » Mais heureusement, le dynamisme dégagé par le lieu fédère idées, projets et bonnes volontés…

Le projet en quelques chiffres

Montant de l’investissement : 392 020 € HT

Financement

Département de l'Oise : 117 133 € HT

Dotation de soutien à l’investissement local (DSIL) Ruralité 2020 : 115 570 € HT

Commune d’Auger-Saint-Vincent : 75 867 € HT

Région Hauts-de-France : 48 000 € HT

Communauté de communes du pays de Valois (CCPV) : 30 000 HT

Participation citoyenne via Ulule : 5 450 HT

Commune d’Auger-Saint-Vincent

Nombre d'habitants :

531
2 rue du Raguet
60 800 Auger-Saint-Vincent

Fabrice Dalongeville

Maire

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