Sur la côte, un front commun pour héberger les jeunes actifs et saisonniers (56)

Auray Quiberon Terre Atlantique (Aqta) est un territoire touristique qui peine à répondre aux besoins de logement des actifs, en particulier des plus jeunes et des ménages modestes. Le territoire compte en effet de nombreuses activités ayant un rythme saisonnier : le tourisme, avec un pic entre juin et septembre, l’ostréiculture autour des fêtes de fin d’année, ou encore les conserveries, dépendantes des arrivages de poisson. Toutes ces activités nécessitent une main-d’œuvre nombreuse, en quête d’un logement à un tarif abordable. La collectivité évalue entre 8 000 et 13 000 le nombre d’actifs saisonniers. « Le logement des jeunes actifs et des saisonniers est un enjeu majeur de notre projet de territoire. Nous avons fléché d’importants moyens techniques et financiers pour aider à la production de logements à proximité des zones d’emploi, dans notre Programme local de l’habitat 2023-2028 », expose dans la presse locale Stéphanie Doyen, vice-présidente en charge du logement et de l’habitat.

« L’une des premières actions en faveur du logement des saisonniers et des jeunes actifs a été la mise en place d’un service spécifique, dès 2016 », explique Sébastien Croguennec, chargé de mission Jeunes et saisonniers à la Maison du Logement d’Aqta, créée en 2012. Le service consiste en un accueil téléphonique et physique, pour analyser les requêtes et orienter les demandeurs vers des solutions d’hébergement. « Nous recevons entre 350 et 400 demandes par an, venant soit des jeunes, soit des professionnels », poursuit le chargé de mission.

Sous-location saisonnière dans le parc social

Courant 2019, la collectivité a monté un dispositif de sous-location temporaire de logements sociaux avec les bailleurs et les communes. Par exemple, entre juin et août 2019, un bailleur a mis à disposition une maison individuelle neuve pour une colocation saisonnière avant qu’elle passe dans le parc locatif. Chaque année, les bailleurs mettent ainsi à disposition 5 à 7 logements pendant 2 à 3 mois, ce qui permet de loger environ 20 jeunes actifs. « Il y a pourtant de fortes tensions sur le parc social à l’année, c’est vraiment un effort de la part des bailleurs », souligne Nicolas Jacquel, directeur aménagement, habitat et urbanisme.

La collectivité œuvre aussi au développement de structures d’hébergement. À partir du premier foyer de jeunes travailleurs du territoire ouvert à Auray en 2012, une antenne a été créée en 2019 à Quiberon. « Le bailleur social Morbihan habitat a acheté un ancien hôtel avec l’aide d’Aqta pour créer 20 logements réservés aux jeunes actifs en cœur de ville. C’est une solution d’hébergement adaptée, pour ce qui concerne la qualité du logement aussi bien que pour le coût du loyer », poursuit Sébastien Croguennec. La structure accueille toute l’année de jeunes actifs saisonniers, stagiaires ou en formation par exemple, dans les domaines liés aux activités de la mer ou du tourisme. Autre exemple, la Maison des Salines, une ancienne colonie de vacances à La Trinité-sur-Mer, a été acquise par Aqta fin 2021. Mise en service dès le printemps 2022, elle est ouverte durant six mois les trois premières années afin de terminer les travaux de rénovation. Elle fonctionnera à l’année à partir de 2025. Elle comprendra à terme 31 logements, dont 20 pour le foyer de jeunes travailleurs. Onze logements sans agrément permettront de mixer les profils de locataires.

Un rôle d’interface pleinement assumé

La collectivité assume ainsi un rôle de veille, à la fois sur les besoins en hébergement et sur les opportunités immobilières, et s’assure de créer un partenariat entre tous les acteurs du logement : communes, bailleurs sociaux, Action logement… Au-delà du financement du bâti, la collectivité garde un œil sur le fonctionnement des hébergements, en participant au choix des locataires. La gestion des foyers de jeunes travailleurs a été confiée à Agora services, une association du réseau Habitat Jeunes. « C’est le même gestionnaire qui s’occupe de la relation avec les locataires dans notre dispositif de sous-location depuis 2018, souligne Nicolas Jacquel. Agora Services est un partenaire important. Notre posture est de mettre autour de la table tous les acteurs pour multiplier les types de réponse : colocation intergénérationnelle, réflexion avec la région pour la mise à disposition des internats de lycée durant les vacances scolaires, échanges avec la filière de l’hôtellerie de plein air… »

Enfin, la collectivité cherche aussi des leviers pour remettre sur le marché locatif des logements peu ou plus utilisés (hôtels, centres de vacances…).

Le marché locatif à l’année est en baisse par un cumul d’effets : la préférence des propriétaires pour des locations touristiques de courte durée, les restrictions liées à la loi sur la rénovation énergétique…

En 2022, les élus se sont unanimement prononcés en faveur du doublement de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires. Au-delà de permettre le financement des actions du Programme local de l’habitat (réalisation de logements, rénovation thermique, adaptation des logements au grand âge et au handicap…), cette décision a vocation à jouer un rôle d’incitation et de sensibilisation autour de la nécessité de remettre sur le marché du logement à l’année.