Le projet alimentaire territorial du Roannais : des actions à 360 ° (42)

Un espace test agricole pour former de futurs maraîchers, notamment sur une parcelle consacrée à la production pour la restauration collective, des jardins partagés comme lieux de sensibilisation et de formation, des marchés solidaires, un pressoir à pommes itinérant… Le projet alimentaire territorial (PAT) du Roannais, créé en 2018, coordonne, soutient et impulse de nombreuses actions. Son territoire regroupe une centaine de communes et 150 000 habitants répartis en cinq intercommunalités : Roannais agglomération, Charlieu Belmont communauté et les communautés de communes du Pays entre Loire et Rhône, des Vals d'Aix et Isable et du Pays d'Urfé.

« Nous avions déjà des actions sur l’agriculture dans le cadre d’un programme Leader et en 2018, avec les différentes collectivités, nous avons monté un dossier pour créer un PAT. Nous sommes labélisés niveau 2. Le nouveau cahier des charges implique d’agir sur l’agriculture, c’est-à-dire la production, mais aussi sur les questions d’environnement, d’éducation, de santé, de consommation… », explique René Valorge, président de Charlieu Belmont Communauté et par ailleurs ancien agriculteur. Entre 2021 et 2024, le fonctionnement du PAT repose sur une subvention de 51 000 euros de l’État (Plan de relance), 10 000 euros de l’Europe (Leader), pour un budget de 120 000 euros pour la communication et l’animation, portés notamment par un poste de fonctionnaire.

Cinq axes de développement et une vingtaine de partenaires locaux

L’action du PAT est structurée autour de cinq axes : produire mieux, approvisionner localement, consommer local, consommer mieux, réduire le gaspillage. À sa tête, l’instance de décision regroupe des élus, ainsi qu’une vingtaine d’acteurs du territoire : chambres consulaires, centres sociaux, associations de producteurs en agriculture biologique, supermarchés…

« Sur les premiers axes, on a d’abord fait un diagnostic avec deux études. La première, pour mieux cerner ce que l’on produit sur le territoire. Le lait et la viande sont très présents mais il y a très peu de légumes et presque pas de fruits. La seconde, sur la restauration collective, a montré par exemple que la viande et le lait n’étaient pas achetés forcément sur le territoire, car les agriculteurs approvisionnent surtout la grande distribution », note René Valorge. Pour assurer un approvisionnement local en légumes, la surface cultivée devrait ainsi passer de 35 à 85 hectares. « Il y a un travail partenarial en cours sur la question des transmissions, avec beaucoup d’agriculteurs de plus de 50 ans. L’objectif est de stopper l’agrandissement et que les fermes répondent mieux aux besoins du territoire », ajoute René Valorge. En parallèle, différentes actions sont menées, notamment afin de favoriser l’accès à une alimentation de qualité pour tous. 

Permaculture, vergers et pressoir itinérant

« On avait comme idée de travailler sur la mise en avant des jardins ouvriers, d’entreprises, partagés… On en a beaucoup sur le territoire. Toutes les actions prévues n’ont pas été réalisées mais on a accompagné des porteurs de projets », ajoute Françoise Valette, chargée de mission PAT de Charlieu Belmont Communauté. C’est le cas de formations à la permaculture dans les jardins partagés à Saint-Victor-sur-Rhins, Saint-Symphorien-de-Lay et à Lay, d’interventions autour de la cuisine, du gaspillage, de la diététique… Le PAT a aussi accompagné Vivre bio en Roannais pour trouver le financement d’un pressoir itinérant afin de valoriser la production des vergers locaux, alors que 3 000 arbres ont été plantés ces dernières années par l’association.

Le PAT soutient également, depuis un an, une expérimentation de marchés solidaires itinérants, grâce à une aide de l’État de 102 000 euros de l’appel à projet Mieux Manger pour tous. « On a créé un groupe de travail avec les producteurs, des centres sociaux, des étudiants… On organise des marchés où l’on peut acheter des produits locaux bio ou respectueux de l’environnement soit en donnant 65 % de la valeur du produit, soit 115 %, le tarif solidaire. Treize marchés sont prévus en 2024. Les recettes vont dans une caisse commune, pour payer les producteurs au prix juste et on espère qu’elle sera équilibrée. Il y a chaque fois de nombreuses animations », complète Françoise Valette. Enfin, un projet a été lancé pour former des personnes au maraîchage bio intensif, sur de petites surfaces, et alimenter les cantines locales, à l’espace test agricole animé par l’association Etamine, à Ouche, sur des terres détenues par Roannais agglomération. « On travaille avec le lycée de Chervé et une dizaine d’établissements mais on ne pourra pas couvrir plus de 20 % de leurs besoins en légumes. C’est un projet sur le long terme, où la question du foncier agricole est centrale », conclut René Valorge.