Des séjours touristiques adaptés aux handicaps (87)

« Dans le cadre du développement de notre territoire, notre préoccupation est de faciliter l’accès des personnes en situation de handicap aux activités de sports et de loisirs, y compris dans la nature, à la culture, plus largement à l’ensemble de l’offre touristique », résume René Arnaud, maire d'Aixe-sur-Vienne et premier vice-président de la communauté de communes du Val de Vienne, référent pour le tourisme et les loisirs accessibles.

Engagée depuis plusieurs années dans ces questions, la Châtaigneraie Limousine a tout naturellement coanimé la coopération entre ces trois territoires ruraux de petite et moyenne montagne : Loire Forez, Châtaigneraie Limousine, Gévaudan Lozère (soit 234 300 habitants). Financée par le programme européen Leader, Châtaigneraie Limousine a réuni les territoires de 2018 à 2021 autour de la volonté de rendre accessible l’offre touristique et culturelle aux personnes en situation de handicap. Un engagement commun, qui préserve la valorisation des particularités de chacun : géographiques, patrimoniales, culturelles…

Après plusieurs scénarios envisagés, les collectivités ont retenu ce qui rassemble le mieux les acteurs en présence : la construction de séjours courts (deux jours/deux nuits) proposant des activités accessibles aux personnes en situation de handicap. Règle d’or : considérer les quatre familles de handicap : moteur, visuel, auditif, psychique (déficience cognitive, autisme…). Emmanuelle Bonnet, chargée de développement territorial au sein de la Châtaigneraie Limousine explique : « la coopération a permis de définir une méthodologie commune, de renforcer la complémentarité entre les trois territoires sur l’organisation du projet ».

L’inclusion des bénéficiaires

Chaque territoire a donc imaginé un séjour court, selon les règles élaborées conjointement. Le cahier des charges prévoyait précisément la prise en compte des quatre types de handicap ainsi que la mixité des publics : « il ne s’agit pas, confirme René Arnaud, de fabriquer des séjours ne regroupant que des personnes souffrant d’un handicap quel qu’il soit, mais bien de les inclure dans les pratiques touristiques ». Les séjours doivent ainsi s’adresser également à des familles ou des petits groupes (dans l’esprit « tribu »), proposer une offre mêlant des activités de pleine nature, des propositions culturelles et patrimoniales. Enfin, le cahier des charges formulait également l’obligation d’impliquer des personnes en situation de handicap dans la conception même des séjours.

Des séjours tests

En parallèle, la Châtaigneraie Limousine a conduit auprès d’une vingtaine de structures spécialisées (établissements médico-sociaux, associations liées aux handicaps, handisport…), une enquête sur les besoins exprimés par ces publics. À retenir en priorité : « les personnes que nous avons interrogées ne souhaitent pas faire du tourisme entre elles, mais bien accéder et partager les activités avec tout un chacun ».

L’élaboration de ces séjours accessibles a été très détaillée, avec identification des prestataires d’hébergement et d’activités. Au final, le prix du séjour varie entre 250 et 350 euros pour deux nuits (hébergement, activités et repas compris). La différence s’explique par l’ajout, ou non, d’une enveloppe allouée à un interprète de la langue des signes pour les personnes vivant un déficit auditif.

Une évaluation mutuelle

Comme imaginé dans le cahier des charges, chacun des trois séjours (un par territoire) a ensuite été testé, en fonctionnement réel, courant septembre et octobre 2020. Au total, douze personnes en situation de handicap ont bénéficié de ces séjours (deux jours, deux nuits) sur les trois territoires. Point fort de cette étape de l’expérience : l’évaluation mutuelle. René Arnaud : « nous avons beaucoup appris en nous déplaçant sur les deux autres territoires pour analyser l’offre proposée et évaluer ensemble le séjour test. Il a été très intéressant aussi d’entendre le point de vue des deux autres délégations sur notre territoire et de voir mieux son potentiel ».

Une prise de conscience

En forme de bilan, l’élu et l’experte font le même constat : « même si des progrès restent à faire, il y a eu une vraie prise de conscience de ce qu’est le handicap sous ces différentes formes, de la nécessité de concevoir l’accessibilité des lieux et l’offre de tourisme en les prenant en compte. » Les formations proposées par la Châtaigneraie Limousine y ont aussi contribué car « accueillir ces personnes, se comporter de manière adaptée, concevoir des outils de compensation du handicap, imaginer des activités de pleine nature accessibles, cela s’apprend ». Au total une cinquantaine de personnes dans une trentaine de structures ont été formées.

Quant aux années à venir, alors que la structuration des offices de tourisme est en cours au niveau départemental, René Arnaud observe : « cette expérience nous a appris à travailler ensemble et elle démontre aux futures structures d’une part, que la coopération entre les territoires est très efficiente, d’autre part que l’inclusion des personnes vivant un handicap est possible »