Avec la Handibox, Brest organise l'accès à la culture pour tous (29)
En partant des besoins croisés des organisateurs d'événements culturels et des personnes en situation de handicap, la ville a confectionné une Handibox, une sorte de malle magique qui permet de penser à tout ce qui peut faciliter l'accès à la culture pour tous.
La Handibox ressemble à une grande valise de voyage. Sauf qu'à l'intérieur, on y trouve des boucles auditives pour la scène ou l'accueil. Deux fauteuils roulant pour pouvoir déambuler au gré d'un spectacle de rue. Des sièges cannes pour se reposer le long d'une expo hors les murs. Une borne d'accueil à hauteur d'une personne en fauteuil roulant pour le guichet d'accueil. Un chargeur pour fauteuil roulant électrique. Des micros-cravates adaptés pour les boucles auditives en extérieur. Un dictaphone numérique à brancher sur un ordinateur pour enregistrer une programmation et la mettre en ligne. Des gamelles pour chien d'assistance… Etc.
Tout n'est pas forcément nécessaire ni utilisé pour chaque spectacle. Mais ce qui est certain, c'est que « cela rend l'accès aux spectacles et manifestations culturelles plus évident pour les personnes en situation de handicap », assure celle qui a été à l'origine de ce projet, Véronique Abaléa.
Un travail en réseau
Tous les acteurs culturels de la ville de Brest font partie du réseau « La culture, partageons-la ! », animé par la cheffe de projet depuis des années. C'est dans ce cadre que l'idée de la Handibox a germé. Une enquête sur l'accès à la culture des personnes en situation de handicap avait révélé un certain nombre de difficultés. Celles-ci étaient aussi bien d'ordre matériel, budgétaire que de connaissance. C'est le déclic. « Personne n'était satisfait de la situation, et tout le monde avait envie de la faire évoluer », explique la cheffe de projet. Les professionnels du réseau ont voulu élaborer des solutions, pratiques et pragmatiques. Ils ont pour cela créé en 2016 un groupe de travail sur l'accès à la culture des personnes en situation de handicap. En prenant soin d’y associer dès le départ, et à parité, insiste Véronique Abaléa, les acteurs du handicap avec ceux du monde culturel.
Le travail s'est étalé sur quatre séances, concentrées sur un semestre. « Nous sommes partis dès le départ avec l'idée bien claire de ne pas sortir une liste à la Prévert de y a qu'à faut qu'on ». Chacun a aussi été positionné comme « spécialiste de sa question ». « Personne ne parle pour l'autre. Mais il faut pouvoir entendre l'autre dire quand une idée est faisable ou non. C'est comme cela que nous avons avancé » décrit la cheffe de projet.
Des questions matérielles
Le manque de matériel est apparu très vite comme un problème à régler. Avec l'autre limite, évidente, qu'il était impossible que chacun achète le matériel adapté nécessaire. D'où l'idée de mutualiser le prêt de matériel. La mairie décide d'en assumer le financement (lire l’encadré). Dès l'origine, la démarche est soutenue conjointement par les adjoints au maire délégués à la culture et à l’inclusion des personnes en situation de handicap.
Les acteurs ont aussi voulu mettre par écrit, de façon simple et rapide, les points de repère pour mieux organiser une action culturelle. Ce document synthétique (18 pages) ne se veut ni guide pratique ni charte, mais propose une aide à la réflexion sur l'organisation d'une manifestation. Comme un mémo pour prendre en compte ce que les personnes handicapées ont besoin de savoir pour y participer : quelles informations sont importantes, comment venir et partir, quel accueil est prévu, comment se déplacer sur le site ou quels services adaptés sont proposés, et enfin, les conditions pour participer. « À chaque étape, ce document donne des indications, avec des pictogrammes pour illustrer le matériel disponible dans la Handibox. » précise Véronique Abaléa. Le document rappelle quelques conseils sur l’accessibilité, comme par exemple d'écrire plutôt un texte en blanc sur fond noir pour être lisible des personnes malvoyantes.
Ce livret est étayé de fiches plus généralistes et par type de handicap. Dernier étage de la Handibox, la fiche contacts/ressources des associations, avec leurs coordonnées et disponibilités pour accompagner les acteurs culturels. Par exemple pour tester le réglage d'une boucle auditive sur une scène extérieure... La Handibox, ce sont en fait trois boîtes et des fauteuils roulants. La mairie les prête gratuitement aux associations, en contrepartie de la signature d'une convention. Elle est davantage adaptée pour des manifestations à l'extérieur.
Premiers impacts
Dire que les acteurs culturels se bousculent pour emprunter la handibox serait exagéré. Les périodes de disette culturelle en raison de la crise sanitaire n'ont pas aidé à ce qu'elle soit beaucoup demandée. « Mais on sent que cela fait bouger les prises de conscience. Par exemple sur les jeudis du port, où jusqu'à 40 000 personnes se retrouvent sur le port de commerce l'été, autour d'artistes de rue, de musique, on a vu que le parking réservé aux personnes à mobilité réduite était devenu trop petit, et le nombre de plateformes PMR également. Cela veut dire que davantage de personnes en situation de handicap s'y rendent ». C'est pour elle le signe que les organisateurs ont mieux anticipé et prévu l'accueil des personnes en situation de handicap, ce qui se ressent sur leur participation.
« Tout le monde sort enrichi de ce projet » assure la cheffe de projet. C'est l'autre impact, imprévu, mais tout aussi durable, de ce travail. Elle le constate au travers de la démultiplication des projets, petits ou gros, nés par la rencontre des professionnels des deux mondes, de la culture et du handicap.
68 000 euros d'investissements
Le coût total de l'opération est de 68 000 euros. Cela inclut le coût salarial du temps passé par la cheffe de projet et d'autres services de la ville. Mais la plus grosse part porte sur l'achat du matériel. La ville en a assumé la moitié du coût. Le reste a pu être financé par des subventions du conseil départemental (15 000 euros), de la Fondation de France (12 000 euros) et de la Direction régionale des affaires culturelles (5 000 euros).
Commune de Brest
Nombre d'habitants :
Réza Salami
Mathilde Maillard
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