Une offre de tourisme centrée sur l’observation des oiseaux (11)
Le Parc naturel régional de la Narbonnaise déploie un tourisme de niche pour les passionnés d’oiseaux. Il sensibilise et forme les acteurs du territoire au tourisme dans les espaces naturels sensibles. Et à l’accueil des Anglo-Saxons, férus d’ornithologie…
« Le Parc naturel régional de la Narbonnaise accueille chaque année des milliers d’oiseaux, hivernants, nicheurs ou migrateurs, et présente des conditions d’observation parmi les meilleures du sud de la France, explique Bertrand Du Lac, chargé de mission tourisme au Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée. 40 % des oiseaux présents dans l’Europe de l’Ouest peuvent être observés en Narbonnaise, à différents moments de l’année. Cette diversité exceptionnelle est due à la situation géographique du parc. Sa position, entre massif des Corbières et littoral, concentre les passages des oiseaux sur un petit couloir où il est facile de les observer. Le parc propose une typologie variée d’habitats : étangs et massifs montagneux de la Clape et des Corbières. Enfin, il est situé sur l’un des principaux couloirs de migration entre l’Afrique et le continent européen. »
Fort de cet acquis, et pour attirer notamment les touristes anglo-saxons férus d’observation ornithologique, le Parc naturel de la Narbonnaise a développé un programme d’action intitulé « Birdwatching Narbonnaise ». Objectif : « créer la destination, former les acteurs du tourisme, et communiquer », poursuit le chargé de mission : « ces actions se déroulent principalement sur les ailes de saison, c’est-à-dire au printemps et en automne, lorsque les oiseaux migrateurs arrivent en Europe pour nicher, puis repartent de l’autre côté de la Méditerranée pour passer l’hiver au chaud. »
Soutenu par des fonds européens
Ce programme a été soutenu financièrement sur 3 ans (2017, 2018, 2019) par le Groupement d’Actions Locales de l’Est-Audois et la région Occitanie, qui a bénéficié de fonds européens (Leader et Feader). Des financements qui ont permis de créer des outils et de développer des actions auprès du public anglophone notamment. Un travail préparatoire (élaboration du cahier des charges…) a été mené avec la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) et le relais des gîtes de France de l’Aude pour créer un réseau d’hébergeurs Birdwatching et tourisme de nature.
Un programme de formation a été élaboré pour connaître et s’adapter aux spécificités de la clientèle Birdwatching à destination des offices de tourisme, guides, hébergeurs… Puis une stratégie d’implantation de sites d’observation a été définie. Dès lors, un film a été réalisé (en anglais), ainsi qu’une appli et une carte (en français et en anglais), afin de séduire et de guider les amateurs d’oiseaux, et de mettre en avant les plus beaux points d’observation, dont le Roc de Conilhac (près de Gruissan) et le plateau de Leucate. Ces outils ont aussi permis de présenter une sélection d’espèces. Enfin, le PNR s’est affiché au salon BirdFair organisé au mois d’août en Angleterre, et en a profité pour présenter un questionnaire : « Comment verriez-vous une application Birdwatching pour un territoire ? » Les retours ont permis d’affiner le projet d’appli.
« Il est difficile aujourd’hui de chiffrer la fréquentation spécifique du birdwatching, reconnaît le chargé de mission, dans la mesure où les amateurs d’ornithologie ne sont souvent pas des groupes constitués : ils viennent en toute autonomie avec leur propre matériel, et ne s’inscrivent pas dans des circuits dédiés. Néanmoins, ce tourisme permet d’assurer une occupation des hébergements touristiques en dehors des grands flux touristiques de l’été, et de diversifier la clientèle. »
Une formation pour les hébergeurs « tourisme nature »
Le chargé de mission tourisme occupe ici un rôle de médiateur entre les ornithologues, les acteurs du tourisme, et les hébergeurs, qui ont été sensibilisés et formés à ce public particulier. Car, pour aller observer les oiseaux, les amateurs se lèvent tôt, prennent un petit-déjeuner avant l’aube et aiment qu’il soit composé d’œufs, de lait et céréales… Ils apprécient aussi que leurs hébergeurs aient des notions d’anglais…
Le projet Birdwatching a été monté par le Parc en collaboration avec un bureau d’études spécialisé, Nature du Sud (créé par une Anglaise, Philippa Benson, spécialisée dans le tourisme ornithologique et de nature, installée dans la région). Le parc s’est également appuyé sur des partenaires scientifiques, tels que la Ligue de protection des Oiseaux (LPO Aude), Aude nature, et Georges Olioso, ornithologue. D’autres partenaires se sont également associés à ce projet : la communauté d’agglomération du Grand Narbonne, la Côte du Midi, les offices de tourisme de Leucate, Gruissan, Narbonne, la CCI de l’Aude, le relais des gîtes de France de l’Aude, les hébergements touristiques partenaires, les salins de Gruissan et de La Palme.
Projets pédagogiques pour les scolaires
Des animations pédagogiques sont ouvertes aux écoles locales. Séverine Marcorelle, vice-présidente du PNR chargée de la médiation, souligne : « Le birdwatching touche les scolaires du territoire, grâce à des animations menées par le réseau des animateurs du parc. Il s’adresse aussi à toutes les personnes qui souhaitent en apprendre davantage : elles peuvent participer à des sorties ou bien se familiariser à cette activité au travers d’ouvrages édités ou coédités par le Parc, comme le Panorama des oiseaux migrateurs, qui recense une partie du patrimoine ornithologique. »
Zoom sur le budget Birdwatching
90 000 euros sur trois ans : rémunération du bureau d’études, des intervenants et des consultants naturalistes, production d’une appli, d’un film, rémunération d’un graphiste pour les documents papiers, gadgets et cartes postales, achat de publicités dans des revues spécialisées, déplacements au salon BirdFair.
Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée
Voir aussi
Pour aller plus loin
- Présentation de l’appli Birdwatching narbonnaise
- Le sentier ornithologique des Salins de La Palme
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