À Blois, l’art et la culture empruntent le monumental escalier Denis Papin (41)

L’escalier Denis Papin de Blois a été inauguré en 1865, révélant une perspective dans l’axe du pont Jacques Gabriel. Autant dire que ses 120 marches qui surplombent les hauteurs de la ville se voient de loin, à plusieurs kilomètres au-delà des rives de la Loire. Depuis 2013, la ville de Blois célèbre plusieurs fois par an cette impressionnante échappée panoramique, en habillant l’escalier d’œuvres d’artistes découpées en lamelles collées sur les contremarches. Un décor spectaculaire s’offre alors aux regards, et se poursuit parfois sur les trottoirs et en centre-ville, comme en 2024 sur le thème des Jeux olympiques. 

« C’était un événement planétaire ! sourit Fabienne Quinet, 6^e adjointe à la Ville culturelle et aux Relations internationales. Cet habillage nous permet de mettre en avant la création artistique et de soutenir les artistes, cet escalier est une véritable vitrine pour la ville. »

Un habillage monumental

Cette ville est connue pour sa politique culturelle : elle fut jadis administrée par Jack Lang et, bien avant, transformée par François 1^er ! « La culture est une marque de fabrique pour Blois, poursuit le directeur de la communication, Benoît Colin. À ce poste depuis 2008, c’est lui qui a eu l’idée de l’habillage de l’escalier en 2013, en voyant des publicités sur les contremarches d’un escalator du métro à Paris ! « Notre principe c’est que l’art vienne au public : c’est d’offrir des œuvres artistiques aux habitants, trois ou quatre fois par an. Chaque nouvelle création est très attendue. Les habitants et les touristes viennent observer la nouveauté et la commentent, souvent avec fierté, sur les réseaux sociaux. En 2019, année de la célébration des 500 ans de la Renaissance, les marches avaient été couvertes sur leur tranche d’une reproduction de La Joconde… Un choix partagé par plus de 2 millions d’internautes dans le monde entier ! »

Événements culturels de Blois

La plupart du temps, l’habillage annonce des événements culturels de Blois : le tout premier décor, en 2013, annonçait le « h » des Rendez-vous de l’Histoire, un festival annuel où se rencontrent des historiens du monde entier. Il y eut ensuite Le Ciel, la reproduction d’un tableau de l’artiste américain Geoffrey Hendricks à l’occasion de son exposition à la Fondation du doute (2017) ; La spirale magique pour les 20 ans de la Maison de la magie (2018), ou La Bibliothèque idéale des Blésois.es, un habillage organisé en mode participatif : une bibliothèque géante composée des livres fétiches choisis par les habitants de Blois interrogés par sondage (910 participants). Un parcours de décors autour de la littérature et de la bande dessinée était alors proposé en centre-ville : l’encrier de Victor Hugo, une installation en trompe-l’œil de Corto Maltese ou encore de grandes planches de BD de Riad Sattouf ou de Marjane Satrapi.

Prolonger les escaliers dans les rues

À l’été 2024, en complément des escaliers dédiés aux Jeux, et parce que les Flammes olympiques traversaient la ville le 8 juillet, et le 26 août pour les Paralympiques, la ville a mis en place un parcours de design actif dans le centre-ville, invitant petits et grands à faire la course (via des mini-pistes d’athlétisme marquées au sol), ou à visualiser les repères de records de saut en longueur marqués au sol sur les trottoirs de la rue Denis-Papin. « C’est aussi un moyen de mettre en avant la politique publique de la ville sur le sport », ajoute le directeur de la communication. Pour fêter l’opération, d’autres lieux sportifs de la ville ont été rénovés et habillés aux couleurs des JO, et à celles de la ville, le bleu roi et l’or.

« L’habillage de l’escalier permet aussi de resserrer les liens avec les autres partenaires culturels de la ville, indique l’élue à la ville culturelle. Notamment les trois lieux phares dont la ville est propriétaire : le Château royal de Blois, fondé par Louis XII et transformé entre autres par François 1^er ; la Maison de la magie ; la Fondation du doute… Chaque année, la ville délivre 1 587 000 euros aux associations culturelles locales. Elle organise ou bien est partenaire de moult manifestations, depuis Des Lyres d’hiver et Des Lyres d’été, les Rendez-vous de l’histoire, le festival BD Boum, la semaine Elles, ou encore le Carnaval à la mi-mars. »

Un budget de 9 000 euros, une réalisation en interne

De son côté l’habillage de l’escalier représente un budget de 9 000 euros pour la création, la fabrication et la pose. Le service Communication (8 personnes) mène l’opération de A à Z : c’est lui qui propose les thèmes et les artistes, qui noue les partenariats avec ces derniers et coordonne les actions avec les structures culturelles de la ville. « L’année prochaine, nous sortirons un livre sur l’escalier Denis Papin et sur l’art dans l’espace public », sourit le directeur de la communication.