Export - Erai : quatre filiales reprises et un sursis pour les autres jusqu'au 22 juin
C'est un coup de tonnerre dans le monde de l'export. L'association Erai (Entreprise Rhône-Alpes International), fer de lance de la région Rhône-Alpes à l'international, est en train d'être vendue à la découpe. Placée en redressement judiciaire au mois d'avril, un sursis lui a été accordé mardi. Le tribunal de grande instance de Lyon a en effet décidé de prolonger jusqu'au 30 juin son placement en redressement judiciaire. Les candidats à la reprise de ses nombreux bureaux à l'étranger ont jusqu'au 22 juin pour se manifester. Lors de son audience du 9 juin, le tribunal a d'ores et déjà donné son feu vert pour la reprise de quatre de ses 27 antennes : l'Allemagne, la Russie, le Vietnam et la Turquie.
Erai a été créée en 1987, à l'initiative du conseil régional, dans le but de faire connaître le savoir-faire des entreprises rhônalpines à l'étranger. Dotée d'un budget de 11 millions d'euros par an, la région reste son principal financeur, même si elle a progressivement réduit sa participation, aujourd'hui de 60%. Mais depuis le 6 mars, elle est privée des subventions régionales, une majorité d'élus ayant refusé de voter une subvention de 4,7 millions d'euros. Un ultime plan de sauvetage avait été proposé par l'exécutif régional, qui consistait à faire reprendre les activités et personnels de l'association par l'agence régionale de développement et de l'innovation (Ardi). Mais ce plan a été refusé par les élus régionaux le 18 mai dernier. Parmi les raisons invoquées pour expliquer ce vote : une mauvaise gestion de l'association, une augmentation trop rapide du nombre de ses implantations, des filiales déficitaires… L'association compte 27 implantations, dont 11 sont prises en charge par des partenaires privés et 16 qui lui sont propres. Mais en 2014, elle a accusé un déficit de 4,6 millions d'euros, dû principalement aux créances de ses filiales. Son endettement s'élève à 5,55 millions d'euros.
L'association a aussi essuyé les critiques de la part des CCI françaises de l'étranger, notamment après qu'elle a signé, en mai 2013, une convention de partenariat avec Ubifrance, en vue d'élargir son offre à toutes les entreprises, et pas seulement à celles de la région Rhône-Alpes…
200 emplois concernés
Au total, près de 200 personnes sont concernées et risquent de perdre leur emploi : 115 environ directement rattachées aux activités d'Erai, et près d'une centaine travaillant sous contrat Erai pour des clients. Pour le moment, seule une trentaine de salariés, ceux issus des quatre filiales qui seront reprises, en savent plus sur leur sort. Et leur équipe dirigeante ne changera pas beaucoup : sur les quatre reprises validées, deux (Vietnam et Turquie) sont proposées par les directeurs d'implantation d'Erai. Les deux autres filiales (Allemagne et Russie) sont reprises par des sociétés privées.
Alors que le tribunal tiendra une nouvelle audience le 30 juin pour étudier les candidatures, une commission permanente des élus régionaux se réunira la veille, le 29 juin. Il est notamment question de constituer un fonds de secours pour les salariés d'Erai. "Il s'agit de limiter les risques juridiques, et de pouvoir régler aux employés leurs salaires et indemnités de départ, et de ne pas laisser de salariés dans une situation extrême, en difficulté pénale, financière ou d'immigration", signale à Localtis Maelle Avril, responsable des ressources humaines d'Erai. La reprise des autres filiales, pour lesquelles des acteurs se sont déjà fait connaître, notamment pour le Maroc et la Chine, est conditionnée à cette participation financière de la région…
Erai veut continuer à défendre son bilan : 8.000 entreprises ont bénéficié de ses services depuis sa création, plus de 2.000 entreprises rencontrées en rendez-vous en 2014, 389 entreprises clientes et une croissance annuelle de 25% de l'activité depuis 2010. La structure a également favorisé les investissements en France. D'après le bilan de l'association, 56% des 127 projets d'investissements internationaux confirmés en 2014 en Rhône-Alpes, ont été détectées par Erai et Business France, dans le cadre de leur partenariat. "Il y a eu certainement des erreurs faites, mais notre action a avant tout été guidée par l'intérêt des entreprises et de la région", assure Maelle Avril. Preuve en est, selon elle, la confiance que les clients d'Erai accordent encore à la structure, à travers les projets de reprise des filiales. En Russie, le repreneur n'est autre qu'une entreprise cliente de l'association…