Export - Les CCI accusent l'agence rhônalpine Erai de marcher sur leurs plates-bandes
Les chambres de commerce et d'industrie ont peu apprécié la convention de partenariat signée en mai 2013 entre Ubifrance et Entreprises Rhône-Alpes international (Erai), le bras armé de la région Rhône-Alpes pour son développement économique international. La nouvelle convention approfondit le partenariat entre les deux structures, en proposant une offre intégrée. Conçue comme un parcours à l'international, cette offre globale est ouverte à toutes les entreprises, y compris celles qui ne sont pas implantées en région Rhône-Alpes. Elles peuvent alors bénéficier de ce réseau combiné Erai/Ubifrance, et être hébergées à l'étranger dans les bureaux d'Erai, à partir du moment où elles sont accompagnées par Ubifrance. Pour les responsables d'Erai, la démarche n'est pas destinée à faire concurrence aux CCI mais simplement à "mettre un outil régional au service des enjeux nationaux", comme on l'explique au sein de la structure. L'offre porte sur 16 pays où Erai dispose d'un incubateur et non à l'ensemble des pays du monde. "Tout le monde a sa place, il y a plus de 130 pays !, insiste-t-on chez Erai. On ne va pas se retirer des pays où Erai est implanté. En revanche, dans les autres pays, les entreprises françaises sont bien entendu orientées vers les CCI."
Pourtant ces nouvelles dispositions ne sont pas du tout du goût de Pierre-Antoine Gailly, président de la CCI Paris Ile-de-France, et ancien président de l'Union des chambres de commerce et d'industrie françaises à l'étranger (Uccife). "Il nous paraît difficile qu'un Rhônalpin veuille financer une entreprise alsacienne et il y a un vrai risque en cas de changement de tête à la région", a-t-il ainsi fait remarquer, fin juin, à l'occasion de la présentation fin juin du baromètre Opinon Way sur les entreprises exportatrices. Autre problème soulevé par le président de la CCIP : la concurrence déloyale que crée ce réseau, financé à 80% par de l'argent public (Erai, étant financé principalement par le conseil régional), par rapport au réseau des CCI, qui ne consomme pas d'argent public puisqu'il est financé par les entreprises. "Aujourd'hui, on ne peut plus se permettre cela. Il faut rappeler qu'il y a aujourd'hui une offre consulaire et qu'aucun autre réseau n'a d'aussi bons résultats", a-t-il ajouté.
Besoin d'un arbitre
D'après le rapport d'activité 2012-2013 des CCI françaises à l'étranger, le chiffre d'affaires a ainsi crû de 8,8% entre 2011 et 2012. 8.632 entreprises ont été accompagnées à l'international en 2012 par ces 107 CCI françaises à l'étranger. "Il n'y a pas de champion et nous n'avons pas envie que nous ou d'autres disparaissent, mais il faut constater que la DSP (contrat de délégation de service public) fonctionne bien", a insisté Pierre-Antoine Gailly. D'autres régions, comme la Lorraine, la Bourgogne et les Pays de la Loire ont décidé d'installer leurs représentations à l'international dans ces CCI de l'étranger. De son côté, Erai met en avant l'atout principal de son offre : la durée. "Nous proposons un accompagnement dans la durée et non un 'one shot', explique-t-on ainsi chez Erai, nous définissons une stratégie de développement sur 24 à 36 mois, au bout de cette période, les entreprises sortent de l'incubateur pour monter leur propre structure."
Depuis quinze ans, Erai a accompagné 1.500 entreprises de la région dans leur implantation à l'étranger et 800 entreprises de manière individuelle. Les échanges sur le sujet montrent à quel point il est difficile pour le gouvernement d'organiser la fameuse "équipe de France" de l'export. Pour les CCI, la situation a même empiré. "En 2008, il y eu la naissance de l'équipe de France de l'export, puis en juillet 2011, la signature de la charte nationale de l'export et la volonté d'aller vers un guichet unique, mais depuis un an et demi, il y a un recul dans cette coopération. Chacun a tendance à marcher sur les pieds de l'autre. On a besoin d'un arbitre qui dise à chacun où est sa place", a souligné Vianney de Chalus, président de CCI International lors de la conférence sur le baromètre Opinion Way. Ce sera peut-être le rôle de la grande agence "France internationale" qu'Alain Bentejac et Jacques Desponts, auteurs du rapport sur l'évaluation des dispositifs de soutien à l'internationalisation, appellent de leurs vœux. D'après les auteurs du rapport, cette agence pourrait servir de bannière fédératrice où l'équipe de France se retrouverait…