Prévention des risques - Environnement industriel : l'Ile-de-France face à de nouvelles priorités
En 2011, les inspecteurs de la direction régionale et interdépartementale de l'environnement et de l'énergie (Driee) d'Ile-de-France ont réalisé plus de 1.500 visites d'installations classées pour l'environnement (ICPE). "La plupart de ces contrôles sont préventifs. Ils peuvent être aussi déclenchés à la suite de plaintes ou d'accidents", explique Bernard Doroszczuk, directeur de la Driee. En outre, l'effort d'instruction des plans de prévention des risques technologiques (PPRT) a été maintenu. Sur les 28 PPRT à réaliser, 12 ont été approuvés. "Près de 75% le seront d'ici la fin de l'année, c'est un bon score par rapport à d'autres régions", motive Antoine Pellion, chef du service des risques de la Driee IDF. La plupart des sites à risques (Seveso-seuil haut) ont bouclé leurs études de danger, si bien que l'accent est mis sur les sites Seveso-seuil bas et les infrastructures de transport de marchandises dangereuses (TMD), c'est-à-dire les gares de triage, les ports franciliens ou les parkings pour camions-citernes.
Travaux et réseaux : un chantier en profondeur
La vigilance est aussi de mise sur les réseaux de transport enterrés. Près de 900 communes sont traversées par au moins une canalisation de matière dangereuse sous pression. Et un million de Franciliens vivent à moins de 100 mètres d'une canalisation de transport. "La problématique est forte. Il faut veiller aux fuites et aux endommagements sur ces réseaux. Les incidents sont souvent liés à des travaux de voirie", confirme Bernard Doroszczuk. Une réforme est justement en cours, qui vise à renforcer la sécurité lorsque des travaux sont organisés à proximité de réseaux. Sa première pierre fut l'ouverture récente d'un "guichet unique", le site www.reseaux-et-canalisations.fr, qui recense et localise au niveau national l'ensemble des réseaux. Seconde pierre : la publication prochaine d'un guide technique sur les méthodes de travaux à proximité des canalisations (élaboré par un groupe de travail validé par le ministère de l'Ecologie), puis un renforcement de la formation des personnels de chantiers.
Un autre enjeu, déjà mis en avant dans le cadre d'un plan lancé il y a deux ans par l'ex-ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, consiste à mieux maîtriser les risques liés au vieillissement des installations industrielles. Le parc industriel francilien n'est en effet plus tout jeune. Ainsi, d'importants projets de renouvellement, par exemple celui des chaufferies géantes gérées en plein Paris par la Compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU), sont en gestation.
Air, déchets, sols pollués : les nouvelles priorités
Concernant la prévention de la pollution de l'air, la Driee souligne qu'un secteur, l'industrie, a fortement réduit ces dernières années ses émissions. Son poids dans la courbe des émissions polluantes est aujourd'hui moins marqué que celui de secteurs tels que les transports et le chauffage. "En matière de chauffage, le bois énergie est à surveiller car il est très émetteur de particules PM10", avertit Bernard Doroszczuk. L'outil de référence pour fixer des objectifs de réduction de ces émissions, le plan de protection de l'atmosphère (PPA), est en cours de révision depuis l'an dernier. Il entre en phase finale d'approbation et sera prêt en fin d'année.
Une autre action s'est accélérée l'an dernier, celle de la mise en conformité des pressings. La région en compte un millier, dont la moitié à Paris. Des centaines d'entre eux ont été contrôlés et six ont fait l'objet d'un arrêté d'urgence. "L'enjeu est de maîtriser l'impact sanitaire de ces structures en milieu urbain dense et, à terme, d'y interdire le recours au perchloréthylène", ajoute Bernard Doroszczuk.
Concernant les déchets, la priorité va à la gestion des flux issus du BTP. D'autant qu'avec les multiples chantiers prévus dans le cadre du Grand Paris, leurs volumes vont aller croissant. Les contrôles se renforcent aussi à l'encontre de deux types d'installations, celles dites "de transit et traitement de déchets" (hors déchets ménagers), qui forment un ensemble très fragmenté, et celles où sont traitées les véhicules hors d'usage (VHU). Ayant hérité d'un stock historique, la région a en outre le triste privilège d'avoir le plus gros gisement de transformateurs électriques contenant du PCB (polychlorobiphényle). On y recense encore 359 appareils, qui sont très dispersés notamment dans des hôpitaux et magasins. "L'objectif reste leur élimination complète d'ici la fin d'année, ce qui serait une bonne chose étant donné le contentieux européen sur ces transformateurs", motive Antoine Pellion.
Enfin, les futurs chantiers du Grand Paris font remonter à la surface un autre enjeu, celui de la reconversion de friches industrielles et donc de dépollution des sols. La Driee se propose de faciliter ces opérations de reconversion en orientant les aménageurs vers des objectifs précis de dépollution. "Vu le prix du foncier, le coût de ces dépollutions ne constitue pas un obstacle aux projets d'aménagement", rassure-t-elle. Dès les mois à venir, elle promet de fiabiliser l'alimentation des bases de données existantes sur les sites pollués (Basol) et de réactualiser les "porter-à-connaissance" mis à disposition des acteurs locaux.