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Emploi des jeunes - Entre primes et contrats aidés, le gouvernement avance à tâtons

Le plan pour l'apprentissage sera dévoilé fin mars. Il ne devrait pas rompre avec la politique de primes qui semble pourtant avoir atteint ses limites avec le dernier plan d'urgence en faveur des jeunes. Le gouvernement dit aussi vouloir remobiliser les contrats aidés pour le chômage de longue durée et fait appel aux départements.

Avec une augmentation de 3 % du nombre de chômeurs en 2010, l'emploi reste la priorité du gouvernement qui l'a rappelé, mercredi 9 février, lors d'un point en Conseil des ministres. Ainsi, "chaque sous-préfet, dans son bassin d'emploi, aura pour mission de coordonner l'action des services publics de l'emploi, en lien avec les chefs d'entreprises et les organismes de formation". Il présentera un bilan mensuel de la situation.
Alors que le chômage des jeunes et le chômage de longue durée restent ses principales préoccupations, le gouvernement semble tâtonner sans vraiment trouver de solution. Il est vrai que la crise ne l'y a pas aidé. Illustration avec la prime de 3.000 euros à l'embauche de stagiaires, l'une des mesures-phares du plan d'urgence en faveur des jeunes lancé en avril 2009. Fin juin 2010, date à laquelle s'est achevé le dispositif, 7.279 jeunes en avaient bénéficié sur les 50.000 visés, selon les statistiques publiées par la Dares (ministère du Travail).
De la même manière, les efforts réalisés en faveur de l'apprentissage dans ce plan (exonérations de charges aux entreprises de plus de 11 salariés embauchant un apprenti, primes de 1.800 euros aux entreprises de moins de 50 salariés embauchant un apprenti supplémentaire) n'ont pas permis d'atteindre l'objectif fixé : 288.000 contrats signés en 2009, contre 320.000 contrats envisagés sur un an. Le nombre d'entrées a même enregistré une baisse de 4% après une hausse de 7% en 2008. Et en décembre, la baisse semble se confirmer avec 1.660 entrées de moins. Il faut noter toutefois une forte progression des contrats d'apprentissage dans le secteur public (+17% en 2009), principalement du fait des communes, même si leur part reste marginale.

Contrats aidés

La question du chômage des jeunes est au cœur de la consultation que le ministre du Travail, Xavier Bertrand, et la ministre de l'Apprentissage et la Formation professionnelle, Nadine Morano, mènent avec les partenaires sociaux. Le nouveau plan pour l'apprentissage sera dévoilé fin mars, alors que les précédentes dispositions sont arrivées à échéance fin 2010. "Les mesures nécessaires devront en effet être prises afin que l'engagement du président de la République de porter le nombre de jeunes en alternance à 800.000, dont 600.000 apprentis, d'ici 2015, soit rempli", précise le gouvernement. Quelques pistes ont déjà été annoncées depuis le début de l'année : relèvement de 3 à 4% du quota de jeunes en alternance, "bonus" (prime ou exonération) pour les entreprises qui font mieux… Xavier Bertrand a également lancé un appel aux régions pour contribuer au financement dans le cadre des futurs contrats d'objectifs et de moyens.
S'agissant du chômage de longue durée, le gouvernement annonce vouloir "mobiliser" les contrats aidés. Il proposera aux départements "de financer avec l'Etat davantage de contrats aidés pour les chômeurs de longue durée titulaires du revenu de solidarité active". Ce n'est pourtant pas l'orientation prise dans la loi de finances 2011 (voir ci-contre notre article du 10 février 2011 : "Chômage en hausse, contrats aidés à la baisse, les acteurs de l'économie sociale montent au créneau").
Enfin, concernant les licenciements économiques, le gouvernement a annoncé un nouveau dispositif d'accompagnement unifié, "plus simple et plus efficace", en concertation avec les partenaires sociaux. L'intention est louable mais aura peu d'impact sur les chiffres du chômage : les licenciements économiques ne comptent que pour moins de 3% du total, et leur nombre diminue au profit des ruptures conventionnelles.