Enseignement supérieur : 58% des bacheliers quittent leur territoire pour étudier

Une étude de l’Insee révèle que plus de la moitié des nouveaux bacheliers en 2022 ont choisi une formation en dehors de leur zone d'emploi d'origine. Une tendance fortement influencée par l'offre locale de formation, le profil social des étudiants et les résultats scolaires.

Où partent les bacheliers une fois le précieux sésame en poche ? Une étude publiée début janvier 2025 par l'Insee confirme ce dont on se doutait un peu : l'accès aux formations d'enseignement supérieur est très inégalement réparti sur le territoire. Cette étude pose question notamment au moment où la phase d'inscription et de formulation des voeux de formations dans l'enseignement supérieur vient de s'ouvrir sur Parcoursup pour les lycéens et étudiants qui veulent se réorienter (lire encadré ci-dessous). 

L'offre de formation concentrée dans les grandes agglomérations

En 2022, 729.000 places étaient disponibles pour les néo-bacheliers, mais leur répartition varie selon les dynamiques économiques locales. 48 % des places sur Parcoursup sont concentrées dans les grandes agglomérations disposant de fonctions métropolitaines majeures, contre seulement 9 % dans les zones à vocation résidentielle, agricole, industrielle ou touristique. Les écoles de commerce et d'ingénieurs sont particulièrement centralisées : plus de la moitié des places se trouvent dans les zones d'emploi de Paris, Lyon et Lille. En revanche, les formations STS (sections de technicien supérieur) et les BUT (bachelors universitaires de technologie) sont bien mieux distribuées sur l'ensemble du territoire.

Mobilité accrue pour les excellents résultats

Dans plus de deux tiers des zones d'emploi, le nombre de places en formation est inférieur de 20 % à celui des néo-bacheliers locaux. C'est notamment le cas dans les territoires à dominante industrielle, agricole ou touristique, où l'offre se limite souvent à des STS. En revanche, certaines zones limitrophes des grands pôles universitaires bénéficient d'une offre plus équilibrée avec des parcours universitaires spécifiques.

Les jeunes ayant obtenu une mention au baccalauréat montrent une plus forte propension à quitter leur territoire pour poursuivre leurs études. En 2022, 74% des titulaires d'une mention "Très bien avec félicitations" ont déménagé, contre 60% des bacheliers sans mention. Cette tendance est encore plus marquée chez ceux rejoignant des écoles d'ingénieurs ou de commerce.

L'origine sociale, facteur de la mobilité

L'étude met en évidence l'impact de l'origine sociale : 65% des bacheliers issus de milieux "très favorisés" demandent à quitter leur région d'origine, contre 56% des bacheliers d'origine sociale "défavorisée". En termes de mobilité effective, 21% des "très favorisés" s'inscrivent dans une autre région, contre 14% pour les profils défavorisés. Le type de lycée joue également un rôle : les jeunes issus de lycées privés sont plus enclins à rejoindre des établissements lointains.

Mobilités longues pour les formations sélectives

Les écoles d'ingénieurs et de commerce attirent les bacheliers à 250 km en moyenne de leur domicile. Les distances sont moindres pour les formations telles que les STS ou les parcours Pass (accès santé), répartis de manière plus homogène. 
Et, en toute logique, dans les zones disposant de peu de formations, quatre bacheliers sur cinq quittent leur territoire d'origine pour poursuivre leurs études. En revanche, les grandes agglomérations comme Paris enregistrent des taux de mobilité faibles : seulement 18% des bacheliers parisiens quittent leur zone d'emploi. Ces disparités géographiques posent la question de l'équité territoriale dans l'accès à l'enseignement supérieur. Alors que certaines régions peinent à retenir leurs jeunes, d'autres concentrent une grande partie des talents, creusant ainsi les inégalités entre les territoires. Face à ces phénomènes, le défi pour les collectivités consiste bel et bien à mettre en place des initiatives pour attirer de jeunes actifs.

› Parcoursup : ouverture de la phase d'inscription et de formulation des voeux 

La phase d'inscription et de formulation des voeux de formations dans l'enseignement supérieur s'est ouvert mercredi 15 janvier 2025 sur Parcoursup pour les lycéens et étudiants qui veulent se réorienter. Le ministre de l'Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, a assuré mercredi que cette plateforme n'était pas remise en question après des propos du Premier ministre, François Bayrou, la veille qui semblaient en interroger le modèle. L'édition 2025 de Parcoursup a été lancée le mois dernier avec une phase d'information. Les élèves de terminale ont à présent jusqu'au 13 mars pour formuler dix voeux maximum et finaliser leur dossier jusqu'au 2 avril inclus. La phase principale d'admission débutera le 2 juin et le classement des voeux en attente interviendra entre le 6 et le 10 juin. Une phase complémentaire de formulation de voeux supplémentaires au regard des places encore disponibles ouvrira ensuite le 11 juin, avant le début des inscriptions le 4 juillet, après les résultats du baccalauréat. Dans un communiqué le 15 juin 2025, le ministère de l'Enseignement supérieur rappelle que l'édition 2025 se dote de nouvelles fonctionnalités destinées à une meilleure information des élèves et des familles. Interpellé sur la plateforme lors de sa déclaration de politique générale, François Bayrou a pourtant affirmé que "Parcoursup est une question"....