Handicap - Enfants handicapés : l'offre de places en Sessad a été multipliée par quatre en vingt ans
Après avoir traité des structures pour adultes (voir notre article ci-contre du 14 mars 2013), la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie une étude sur l'accueil des enfants handicapés dans les établissements et services médicosociaux. Les données exploitées portent sur l'année 2010 et permettent de suivre la progression de l'offre sur les cinq dernières années. A la fin de 2010, la France comptait ainsi 2.118 établissements d'éducation spécialisée pour enfants et adolescents et 1.451 services d'éducation et de soins à domicile (Sessad). Ces structures offrent respectivement 90.213 et 43.556 places.
L'étude met en évidence l'évolution divergente de ces deux catégories de structures. Le nombre de places en établissements spécialisés est resté inchangé entre 2006 et 2010 et a même reculé de plus de 20.000 places depuis les années 1980. A l'inverse, le nombre de places en Sessad s'est accru de 30% entre 2006 et 2010 et a quadruplé depuis les années 1980. Autre enseignement : si l'offre de places en établissements d'éducation spécialisée demeure stable, elle se diversifie. Ces établissements regroupent en effet plusieurs catégories : principalement les instituts médico-éducatifs (IME, 69.592 places), les instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques (ITEP, 14.984 places) et les établissements pour enfants polyhandicapés (5.637 places). De même, les modalités de l'accueil se sont diversifiées. La part d'établissements ayant déclaré plus d'une unité d'activité (internat, accueil de jour...) passe, entre 2006 et 2010, de 56% à 65% pour les IME et de 47% à 56% pour les établissements d'accueil pour enfants polyhandicapés. Cette diversification se traduit globalement par une baisse de l'internat au profit d'une augmentation de l'accueil de jour. En outre, il apparaît que les enfants accueillis dans un établissement d'éducation spécialisée sont essentiellement scolarisés dans le secteur médicosocial. Ainsi, seuls 6% des enfants accueillis dans un IME et 1% de ceux accueillis dans un établissement pour enfants et adolescents polyhandicapés sont scolarisés en milieu ordinaire.
Du côté des Sessad en revanche, l'étude montre que 96% des enfants suivis sont scolarisés en milieu ordinaire. Parmi eux, 61% sont scolarisés dans l'enseignement du premier degré (préélémentaire et élémentaire), 25% au collège et 13% au lycée ou dans un enseignement professionnel. Les enfants suivis présentent un trouble du psychisme (24%), une déficience motrice (18%), une déficience auditive (17%), une déficience visuelle (15%) ou une déficience intellectuelle (14%, dont 10% un retard mental léger). Ces enfants sont suivis par le même Sessad depuis trois années en moyenne.
Enfin, l'étude de la Drees apporte également des informations intéressantes sur les jeunes relevant de l'amendement Creton (article L.242-4 du Code de l'action sociale et des familles). Il apparaît ainsi que le nombre de jeunes accueillis au titre de l'amendement Creton dans un IME, un institut d'éducation motrice (IEM) ou un établissement pour jeunes déficients visuels - autrement dit maintenus dans ces établissements au-delà de l'âge de vingt ans, dans l'attente d'une solution adaptée - est passé de 5.100 en 2006 à 6.300 en 2010.