Encore 612 morts de la rue en 2018, en hausse de 15%
Comme chaque année à l'approche de la Toussaint, le collectif "Les morts de la rue" publie le décompte des personnes SDF décédées au cours de l'année écoulée. Contrairement à ce que peut laisser penser le nom du collectif, les personnes SDF recensées dans ce macabre décompte peuvent être "en situation de rue" (lieu non prévu pour l'habitation, centre d'hébergement d'urgence avec remise à la rue le matin ou tout type d'hébergement alloué pour pallier une urgence), "hébergées" (centre d'hébergement, logement squatté, logement d'un tiers ou hôtel hors situation pérenne) ou "probablement sans chez soi" (lieu inconnu mais correspondant vraisemblablement aux situations précédentes).
Pour 2018, le collectif recense 612 décès de personnes SDF et 71 décès de personnes anciennement à la rue (n’ayant pas dormi principalement dans les lieux précités dans les trois derniers mois, mais ayant déjà répondu à la définition d’une personne SDF). Ce chiffre de 612 décès traduit une hausse de 15% par rapport à l'année précédente, sans qu'il soit possible de distinguer entre la progression effective du nombre de décès et les effets d'un meilleur recensement.
L'étude livre également plusieurs enseignements. Ainsi, les signalements de décès enregistrés par le Collectif proviennent des associations (31%), des partenaires institutionnels (27%), des médias (25%), des hôpitaux (10%) et de particuliers (7%). Les hommes prédominent largement, avec 87% des décès, tandis que l'âge moyen est de 48,7 ans et l'âge médian de 51 ans. Dans 26% des cas, la nationalité de la personne décédée n'est pas connue, tandis que 41% sont de nationalité française, 19% d'une nationalité hors UE et 14% ressortissants d'un pays de l'UE. En termes géographiques, 42% de l’ensemble des décès de personnes SDF en 2018 ont été signalés en Ile-de-France, dont 27% à Paris. Les causes du décès sont inconnues pour 37% des personnes en situation de rue et 24% des personnes hébergées. La maladie représente respectivement 36% et 54% des cas et les causes externes 27% et 22%. Enfin, 28% des personnes SDF décédées en 2018 souffraient d'au moins une addiction, dont la plus fréquente est celle à l'alcool, suivie par celles aux substances illicites puis aux médicaments. Par ailleurs, au moins 12% des personnes SDF souffraient d’un trouble mental.