Les deux tiers des SDF parisiens ne connaissent pas le 115 ou renoncent à l'appeler
Quelques jours après l'annonce, par le collectif Les Morts de la rue, de la nouvelle augmentation du nombre de personnes décédées à la rue en France en 2018 (voir notre article ci-dessous du 15 mars 2019), la mairie de Paris publie les résultats de la seconde "Nuit de la solidarité". L'opération consiste notamment à dénombrer, avec l'aide des associations et de 2.000 bénévoles, les personnes SDF présentes dans les rues de la capitale une nuit donnée (en l'occurrence celle du 7 février 2019).
L'édition 2019 a recensé 2.232 personnes sans-abri dans les rues de Paris, 751 personnes sans-abri dans les lieux gérés par les partenaires institutionnels (gares SNCF, parkings, métro…) et 639 dans les bois, parcs et jardins et les talus du périphérique. La mairie relève que "ce décompte est intervenu alors que plus de 24.000 places d’hébergement étaient ouvertes à Paris". Il apparaît également que les femmes représentent 12% des personnes sans abri. Si le décompte ne fait pas apparaître de mineurs, les 25-54 ans représentent 70% du total. Il s'agit essentiellement de personnes seules (65%), pour 30% de personnes en groupes, 2% de couples sans enfant et 3% de familles. De façon inexpliquée, le nombre de jeunes en errance de 18 à 25 ans a fortement chuté, pour tomber à 8% du total. Plus d'une personne recensée sur deux (54%) dort dans la rue, les autres dormant dans des lieux de fortune (tentes, stations de métro ou de RER...).
En termes géographiques, Dominique Versini, l'adjointe au maire de Paris, indique que "le nombre de sans-abri est quasi stable dans tous les arrondissements, sauf dans le 18e, où il augmente de 70%, et le 19e avec 50%". Ces deux arrondissement concentrent, à eux seuls, 854 personnes à la rue. Enfin, l'enquête montre que les deux tiers de ces personnes à la rue ignorent l'existence du 115 ou préfèrent ne pas l'appeler en raison de mauvaises expériences dans les centres d'hébergement (conditions d'accueil, insécurité...).